Thilo Shone représentant résident de la Friedrich Ebert Stiftung Côte d’Ivoire

Amnistie de Ouattara : Friedrich Ebert Stiftung Côte d’Ivoire dévoile les 3 Etapes clefs pour la réconciliation

Amnistie de Ouattara : Friedrich Ebert Stiftung Côte d’Ivoire dévoile les 3 Etapes clefs pour la réconciliation

Cet article fait partie d’une série d’analyses politiques publiées par le bureau de la Friedrich-Ebert-Stiftung Côte d’Ivoire. Amnistie Ouattara Friedrich Ebert Stiftung Côte d’Ivoire. La titraille est de la rédaction (NDLR).
Dans un contexte post-conflit, il existe un lien naturel entre les demandes de rendre justice, d’établir la paix et d’arriver à une réconciliation ; et en même temps ces demandes se contredisent. L’acte de la libération de prisonniers par l’amnistie du Président de la République de Côte d’Ivoire contribuera certainement à la paix sociale et il est à féliciter.
Nos concepts modernes nous mènent souvent à penser à la justice comme un procès juridique où le coupable est poursuivi. Pourtant, de nombreuses cultures cultivent des approches alternatives de la justice, comme ce que les théories post-conflits nomment la « justice réparatrice » ou la « justice reconstituée ». Une caractéristique réunit de telles approches : au lieu de poursuivre un coupable, l’importance est placée sur les membres d’une société ayant survécu à un conflit et le processus de justice vise à atteindre la réconciliation entre ces différentes parties. Car dans un conflit, tous les survivants sont des victimes.
Selon ces approches alternatives, trois étapes sont clefs pour la réconciliation : vérité, pardon et réparation.
1. La vérité doit être établie. Le meilleur moyen d’établir les faits d’un crime est d’adopter une approche inclusive, où la victime et les coupables échangent leurs versions des évènements sur la base d’une médiation. Car la cour juridique n’a comme tâche que d’identifier la faute d’un prétendu coupable et de le punir. La justice moderne ne prévoit pas forcement la réconciliation, la réparation ou la participation de la victime au-delà de son rôle comme témoin.

UN DIALOGUE INCLUSIF ENTRE LA VICTIME ET LE COUPABLE POURRAIT ÊTRE PLUS EFFICACE QU’UN PROCÈS JURIDIQUE
2. Le pardon doit être articulé et accepté. Après avoir pris connaissance des faits, la réconciliation nécessite que le coupable admette avoir commis une faute. Il est crucial que le coupable comprenne la gravité de son action en tant qu’homme envers un autre homme et qu’il soit découragé de répéter son geste. Pour cela, un dialogue inclusif entre la victime et le coupable pourrait être plus efficace qu’un procès juridique.

LE BUT DE LA RÉCONCILIATION DOIT ÊTRE D’ABOUTIR À L’ACCEPTATION DE L’AUTRE AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ.
3. Réparation doit être faite. C’est ici que la différence entre le système judiciaire et les approches alternatives est la plus visible. Alors que le système judiciaire aboutit à la réparation par la punition du coupable (par exemple par la peine d’emprisonnement), les concepts alternatifs de la justice mettent la victime au centre du processus et cherchent à réparer la blessure de celles-ci. Les approches alternatives n’excluent pas les punitions, mais proposent des alternatives qui dépendent des étapes réalisées ensemble par la victime et le coupable sur l’établissement de la vérité et l’articulation du pardon.
Le but de la réconciliation doit être d’aboutir à l’acceptation de l’autre au sein de la société. Cette acceptation ne peut être obtenue que par la participation de tous et par la reconnaissance des blessures et besoins des autres. Sans cela, la justice ne devient pas seulement un produit d’une crise mais peut être le symptôme ou la raison d’un nouveau conflit. Il est donc important que la justice soit la justice des survivants.
Chers sociaux-démocrates, célébrez à juste titre les avancées vers une réconciliation de la Côte d’Ivoire avec la libération récente des prisonniers mais n’oubliez pas les victimes de chaque côté du conflit.
Friedrich-Ebert-Stiftung Côte d’Ivoire