Gnamien Konan aux Ivoiriens: « Pensons déjà à la quatrième République avec un régime moins présidentialiste »
Ivoiriennes, Ivoiriens, citoyens du monde, militantes, militants, chers amis de L@ Nouvelle Côte d’Ivoire.
Comme prévu depuis douze mois, sans surprise 2018 est fini et 2019 commence.
Le problème est que malgré les belles promesses et autres engagements des dirigeants actuels, le monde continue sans rien changer de fondamental.
Le plus important demeure pour tous l’accumulation des biens, des biens matériels. Ces choses non indispensables dont nous laissons l’essentiel pour partir un jour.
Alors le thermomètre climatique nous prévient sans succès que nous produisons et nous consommons trop. Plus que nos besoins réels.
Et que sans un esprit de partage, les ressources naturelles vont s’épuiser. Mais nous nous croyons plus malins que la nature. Notre soucis c’est comment baisser la température pour certains ou casser le thermomètre climatique pour d’autres. Au pire, changer de consommation, mais non, surtout pas, la réduire. Or il nous faut inventer dès maintenant la civilisation du partage, de la sobriété, du recyclage et de la réutilisation.
Les gilets jaunes français viennent de montrer au monde que mêmes les dirigeants les plus jeunes doivent mettre à jour leur logiciel politique.
Le monde a changé, des institutions sont dépassées, depuis l’avènement de l’Internet et des réseaux sociaux qui permettent au peuple de s’exprimer lui même et se faire entendre d’un bout à l’autre de la planète sans journaliste, sans intermédiaire ni représentant.
Plus rien ne peut se cacher et l’information circule à la vitesse de la lumière. Il ne sera plus possible de vivre paisiblement, quand vingt pour cent de la population accumulent quatre-vingt pour cent des richesses. Ceux qui ne l’entendent pas de cette oreille auront du mal à gouverner désormais.
En Afrique, hélas la plupart de nos dirigeants ont un seul projet. Se maintenir au pouvoir coûte que coûte.
Par la force ou par l’argent de la nation ou par l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire et de l’administration. Voire de la religion. C’est à se demander si l’Afrique n’est pas maudite. Leur seul modèle de développement c’est les dons et l’endettement. Au sud du Sahara nos pays sont tous des anciens ou des futurs PPTE.
Après soixante ans d’indépendance, si ce ne sont pas les Chinois, ce sont les Français. Si ce ne sont pas les Français, ce sont les Japonais.
Quelle fierté ressentons nous à exhiber ces autoroutes, ces échangeurs, ces ponts et ces stades?
J’ai perdu depuis longtemps mon afro-optimisme, tout comme cette jeunesse qui fuyant la misère préfère aller se noyer dans la Méditerranée. On y compte hélas beaucoup d’Ivoiriens et d’Ivoiriennes d’origine ou non, malgré les performances économiques et sociales spectaculaires réalisées par notre gouvernement et saluées par les officines de notation.
Je ne vais pas les contredire en énumérant les nombreux problèmes sociaux connus de tous. Puisqu’en Côte d’Ivoire quand un homme politique donne un avis opposé à celui du gouvernement, on dit qu’il insulte le Président de la République.
C’est pourquoi je me réjouis qu’à l’occasion de ses vœux à la Nation, le Président de la République ait lui même appelé au débat démocratique sans violence.
Alors je me permets de nommer sans détour et sans violence, les principaux maux dont souffre la Côte d’Ivoire.
Ce sont: la corruption, le déficit de démocratie, des institutions inadaptées ou inutiles, un mauvais système d’éducation et de formation:
La corruption.
Avec une pression fiscale de 17%, elle prive le budget de l’Etat, en recette mais aussi en dépense d’au moins 3000 milliards de francs CFA dont 1000 pour la seule TVA. Ce sont justement ces ressources qui nous manquent pour réparer l’école et créer des emplois.
Nous avons les compétences dans notre pays pour y remédier. Mais malheureusement, ici il faut être RHDP unifié pour servir son pays.
C’est facile à comprendre pour ceux qui confondent servir son pays et se servir.
Depuis plusieurs années nous avons dit que pour vaincre la corruption, il faut deux outils.
Un, l’exemplarité. Ce qui a été confirmé récemment par le Président Paul Kagamé, en visite dans notre pays. Par exemple, avant de chercher à lever l’immunité parlementaire, il aurait été plus juste d’installer la Haute de Justice. Oui, tant que les chefs ne donneront pas l’exemple, la lutte contre la corruption sera vaine. Et vaine sera notre rêve de développement.
Le deuxième outil, c’est la prévention. Mieux vaut prévenir que guérir. Par exemple, si vous mettez en place un système de numérotation automatique et séquentielle des véhicules automobiles couplée avec la déclaration en douane, vous ne pouvez pas perdre les recettes sur des milliers de véhicules.
Prévenir c’est dissuader, c’est tracer, c’est rendre transparent. Nous en avons l’expertise.
En 2020, il faut trouver l’homme qui peut régler le problème de la corruption, notre problème.
L’absence de démocratie.
Nous ne pouvons même plus organiser des élections locales sans mort. Une commission électorale indépendante qui annonce 42.000 électeurs le lundi et 35.000 le mardi.
Si nous voulons éviter en 2020 la catastrophe, c’est-à-dire 197 fois ce qui vient de se passer à Bassam, il nous faut une commission électorale vraiment indépendante et compétente.
Je ne vois pas d’autre solution que l’appel à candidature organisé par une institution neutre comme la Francophonie.
En 2020, il nous faut aussi, un fichier électoral qui correspond à notre population.
Voilà pourquoi, nous insistons pour que la Carte Nationale d’Identité devienne la carte nationale gratuite d’identité et d’électeur. Ainsi au lieu de 6 millions d’électeurs nous aurons au moins 10 millions d’électeurs.
Et l’Etat économiserait, en même temps des milliards pour acheter des tables bancs pour nos élèves:
Nous n’avons pas fini de régler les problèmes de discrimination liés au tribalisme qu’une autre division s’installe pernicieusement, dans notre pays: RHDP ou NON-RHDP.
C’est l’alternance et la démocratie et non l’Houphouetisme ( Houphouët-Boigny lui même n’a jamais dit une telle chose) qui instaureront la paix durable, condition du développement et de la prospérité.
En 2020 il nous faut choisir un Président non seulement capable de régler les problèmes que je viens d’évoquer mais dont on est sûr qu’il ne fera rien pour empêcher l’alternance.
Des Institutions inadaptées ou inutiles.
A quoi sert le conseil économique, social, culturel et environnemental?
A quoi sert le Sénat suspendu et payé?
A quoi servent la Mediature et la chambre des rois et chefs traditionnels? A quoi servent 40? ministres?
À quoi sert un Vice Président?
Tout cela ne sert qu’à récompenser ceux qui sont prêts à dire oui.
Pensons déjà à la quatrième République avec un régime moins présidentialiste.
De l’inefficacité de notre système éducatif.
Si l’on veut réellement apprécier la gouvernance dans un pays ce n’est ni son PIB ni la croissance de celui-ci qu’il faut considérer. C’est son système d’éducation-formation.
C’est à dire comment appréhende t’il son présent et surtout son avenir? Le régime RDR a débranché une école déjà en agonie. Oui ce système présente des déficits à tous les niveaux quantitatifs et qualitatifs. 80 à 130 élèves par classe. Manque d’enseignants. Des étudiants qui dorment dans les amphithéâtres. Et tout logiquement nos écoles sont des usines de fabrication de chômeurs.
Le système est en panne, faute de réforme. Tous les parents en Côte d’Ivoire n’ont qu’un seul rêve: envoyer leurs progénitures à l’étranger pour faire des études.
Le Président souhaite un débat!Comme vous l’avez noté, L@ Nouvelle Côte d’Ivoire a des choses à dire.
C’est pourquoi chers amis, je vous exhorte à ne pas ménager votre peine pour faire connaître au cours de cette année notre vision et notre projet de société en attendant 2020 où nous ferons connaître notre programme de gouvernement.
Pour ce jour comme le veut la tradition, je vous souhaite ainsi qu’à votre famille une bonne et souriante année 2019 pleine de gratitude.
Notre premier challenge au plan individuel c’est d’être heureux. Mais ce bonheur dépend de notre état d’esprit et de nos rapports avec les êtres et les choses qui nous entourent.
Oui, ne croyez pas à cause de ce que j’ai dit plus haut, que nos malheurs ou notre bonheur dépendent des autres et du gouvernement.
Nous n’avons que ce que nous méritons, à commencer par ce merveilleux gouvernement.
Que Dieu vous accompagne tout le long de l’ année 2019, dans cette quête spirituelle.
Je n’oublie donc pas de souhaiter une bonne année lumineuse 2019 à tous les Ivoiriens et à toutes les Ivoiriennes, à nos dirigeants, à commencer par notre Président de la République. Que Dieu lui donne la santé, la paix et la sagesse nécessaire pour réformer profondément la Commission Électorale Indépendante, la CEI.
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