Côte d’Ivoire-Réaction aux propos du porte-parole adjoint du RDR: «Dites à Touré Mamadou que le pays est plutôt en faillite morale…» (Sylvain Takoué)
Côte d’Ivoire-Réaction aux propos du porte-parole adjoint du RDR: «Dites à Touré Mamadou que le pays est plutôt en faillite morale…» (Sylvain Takoué)
L’interview accordée, hier, à Radio France Internationale (RFI), par M. Touré Mamadou, porte-parole adjoint du RDR-RHDP, sur la libération de Laurent Gbagbo, nous a interpelés. Notamment, lorsqu’on lui a posé la question suivante : « Quand le FPI demande, avant le rendez-vous électoral de 2020, une remise à plat des institutions comme le conseil constitutionnel, comme la commission électorale. Qu’en pensez-vous ? » M. Touré Mamadou a donné la réponse que voici : « Nous ne sommes pas un pays en crise. Nous sommes un pays qui a des institutions qui fonctionnent normalement, qui font, au niveau économique, la fierté de la sous-région. Il n’y a pas de raison que toutes les institutions soient remises en cause… »
On comprend mieux, en l’écoutant ainsi, pourquoi Tiburce Koffi a dit de lui que « c’est un jeune enthousiaste ». Avant Tiburce Koffi, même Konaté Navigué du FPI, qui avait un débat direct avec lui, au siège du Journal L’Intelligent d’Abidjan, disait aussi de Touré Mamadou que c’était comme s’il vivait, lui, sur une autre planète, à le voir peindre tout en rose en Côte d’Ivoire, un pays maquillé et « cosmétique » sous le RDR (l’expression est de Konaté Navigué), alors que des plaies existentielles le rongent.
A la vérité, dites à Touré Mamadou que ce pays, où nous vivons tous, est, non seulement en crise de confiance, mais est plutôt aussi en faillite institutionnelle et morale. Il ne suffit pas d’être, « au niveau économique, une fierté de la sous-région » pour croire que les Ivoiriens mangent cette fierté et s’en enrichissent. Encore faut-il que la croissance économique, dont il fait allusion, avec cette autosatisfaction qu’il affiche, soit plébiscitée, car perceptible dans les budgets des familles, dans les poches et dans les assiettes des Ivoiriens.
Or, sont-ils satisfaits, eux, les Ivoiriens, de cette économie nationale du pays, qui fait tant la fierté de la sous-région ? Sait-il, lui ce porte-parole du RDR-RHDP, combien coûte, pour ne citer que cela, le kilo ou le sac de riz et le litre d’huile à l’Ivoirien modeste qui vit, au jour le jour, de la débrouillardise dans son ghetto ? S’il n’y avait pas insatisfaction sociale de masse, le Chef d’Etat aurait-il annoncé récemment, alors qu’il est presqu’à la fin de son double-mandat présidentiel, une politique sociale « hardie », astronomiquement chiffrée ?
Quand la démocratie fout le camp dans un pays, parce que la séparation des pouvoirs (l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire) n’est tristement pas une réalité, n’y a-t-il pas faillite institutionnelle ?
Quand un pays a subi près de 10 ans de crise militaro-politique, puis traversé une crise postélectorale, sans que la réconciliation nationale, pendant près de 10 autres années, ne soit effective au sein du peuple, n’y a-t-il pas crise morale ?
Quand la commission électorale, le conseil constitutionnel, n’inspirent plus confiance au peuple, à cause du manque d’indépendance, et que ces institutions à problèmes, si elles ne sont reformées, auront encore à gérer les élections générales de 2020, n’y a-t-il pas crise institutionnelle ?
Le FPI, qui n’est pas le seul à s’en inquiéter, ne fait donc pas bien de demander une remise à plat de ces institutions de la République, avant les élections générales de 2020, pour éviter que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?
Nous posons utilement ces questions, pour qu’on y réfléchisse tous, ensemble, et pour qu’on y trouve solution. N’est-il pas vraiment temps de s’asseoir pour discuter de la vie et de l’avenir de notre pays ? Est-il bon d’aller, et d’aller seulement, vers 2020, année électorale, sans que ces problèmes importants, de la Nation, ne soient préalablement évacués, et bien évacués ?
C’est l’appel pressant que nous lançons au régime RDR-RHDP, dont l’agenda politique, comme l’a dit Touré Mamadou, est consacré à la création d’un parti, dit unifié, pendant que les préoccupations réelles des Ivoiriens sont ailleurs, puisqu’elles sont existentielles.
M. Touré Mamadou est, rappelons-le, membre du gouvernement. Il y a, juste quelques jours, son collègue Aka Ahouélé se croyait obligé de dire publiquement que « quand tu bouffes, il faut être reconnaissant à celui qui t’a permis de bouffer », en lui étant fidèle. C’est pourquoi, ceux qui bouffent la bonne part de leur gâteau du pouvoir, chantent partout que tout va bien dans le pays.
Dans leur conception de la démocratie et de la paix, puisqu’ils disent partout qu’on est en démocratie et en paix en Côte d’Ivoire, être ministre, c’est bouffer. Donc, quand on est ministre, on n’a plus faim. On se rassasie tellement, qu’on ne sait pas que des millions de pauvres crèvent de faim dans le pays. Mais comme on est ministre et qu’on ne sait plus ce que veut dire avoir faim, on chante la belle chanson du tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles et imaginables. On reste ainsi reconnaissant au pouvoir, oubliant que la roue de la vie tourne. Soit.
Mais quand M. Touré Mamadou prend sa voix la plus lisse et la plus fluette pour ne dire, avec des paroles si mielleuses, que tout fonctionne bien en Côte d’Ivoire, alors que, tant politiquement, institutionnellement que moralement, le pays va de mal en mal, parle-t-il vraiment de cette même Côte d’Ivoire à laquelle les masses critiques ivoiriennes ont mal, si mal qu’elles veulent, avant 2020, le changement et la réforme, en profondeur, des institutions remises en cause ?
Récemment, il a fait organiser, par son département ministériel, les « états généraux de la jeunesse », pour promettre (encore et encore) la création de 100 000 emplois, pour les deux ans du double-mandat présidentiel restants. Dites-lui, sur son sursaut tardif, qu’il s’agit plutôt d’organiser les états généraux de la 3ème République, pour repenser les Institutions-clés remises en cause par le peuple de Côte d’Ivoire, et offrir au pays un destin salutaire, qui lui échappe aujourd’hui..
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)
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