Situation sécuritaire en Côte d’Ivoire: Excédés, les députés de l’opposition s’indignent et engagent la responsabilité du Gouvernement
Situation sécuritaire en Côte d’Ivoire: Excédés, les députés de l’opposition s’indignent et engagent la responsabilité du Gouvernement
Les députés des Groupes parlementaires Pdci-Rda, Rassemblement et Vox populi, étaient mobilisés, très nombreux, mardi 21 mai au siège du Pdci-Rda à Cocody, pour une conférence de presse. Ces échanges avec les hommes de médias ont été animés par les porte-paroles des différents Groupe parlementaires. Le député Akoto Olivier pour le compte du Pdci-Rda, Gnangadjomon Koné, pour Rassemblement, Tra Bi Guillaume pour le compte de Vox-populi, quand Yasmina Ouégnin de Vox populi en assurait la modération. D’entrée, la députée de Cocody a indiqué, en plantant le décor, que cette conférence de presse était organisée pour parler de la question sécuritaire du pays.
Enquête parlementaire à Béoumi
Interrogés sur la possibilité d’une enquête parlementaire sur la crise qui a eu lieu à Béoumi, le député Gnangadjomon Koné, a jugé «important qu’il y ait une enquête parlementaire». Mais, a-t-il souligné, «on aurait pu déjà y aller si le bureau de l’Assemblée nationale était valablement constitué». Tra Bi Guillaume a déploré que lors des soulèvements des soldats, un courrier avait été adressé à l’autorité pour une enquête parlementaire, «mais jusqu’ à présent, ce courrier n’a pas eu de suite ». Il en a déduit que «l’Assemblée nationale travaille pour les populations, mais ce n’est pas tous les jours que tout dépend de nous». Akoto Olivier, lui, a condamné une fois encore avec la dernière énergie les violences meurtrières à Béoumi en disant qu’«au grand dam des autorités compétentes qui pour nous ont réagi tardivement». Pour lui, le cas de Béoumi « montre que le malaise est profond et nous sommes vraiment très inquiets quant à la brusque manifestation d’une rancœur mal contenue qui se transforme en grande et violente altercation communautaire. Et quand on parle d’indice de sécurité exemplaire, voilà des signaux qui nous montrent que c’est une sécurité apparente. Le malaise est profond». Et le député Akorto Olivier, d’égrener les cas de Duékoué, de Bin-Houyé en avril 2019, Marabadiassa en février 2019, Béoumi récemment, Abengourou, et pas plus tard que lundi 20 mai, Attécoubé avec les « microbes » qui attaquent les populations et Kocoumbo. Excédé par tous ces cas, Akoto Olivier retient qu’«on cache le soleil avec la main. Personne n’est à l’abri de ces agressions. Et nous, en tant que députés, il faut qu’on dépeigne véritablement le décor pour que chacun soit situé sur la gravité de l’insécurité en Côte d’Ivoire. Voilà pourquoi, une commission d’enquête parlementaire s’impose. Nous espérons que dans les brefs délais, nous allons reprendre nos travaux au niveau de l’Assemblée nationale et monter au créneau pour commanditer une enquête parlementaire sur ces situations qui sont très sensibles». Yasmina Ouégnin, terminera sur la question, en indiquant que « nous ne voudrions pas du tout que les populations ivoiriennes, les habitants de ce pays, pensent que les Groupes parlementaires de l’opposition, sont dans une posture d’indifférence… ». Elle a révélé que «le Groupe parlementaire Vox populi, en septembre 2017, a voulu entendre le ministre de l’Intérieur et de la sécurité sur le phénomène des enfants en conflit avec la loi, appelés « microbes ». Cette question orale a été régulièrement reportée pour ne se tenir qu’au mois de juin 2018… L’Assemblée nationale a des règles, c’est lorsqu’une question orale a lieu, que nous ne sommes pas satisfaits par les résultats et des réponses que nous avons la possibilité de demander une commission d’enquête parlementaire. Mais, il faut que les questions aient lieu», a déclaré Yasmina, avant de dénoncer la suppression de toutes les questions orales dans le calendrier y compris celles concernant l’éducation nationale. Ce qui peut faire croire aux populations que les députés sont indifférents. Le député N’golo, assis dans la salle, ajoutera que « pour pouvoir déposer une question orale, il faut être représenté dans le bureau de l’Assemblé nationale, ce qui établit le sens de la lutte que les trois Groupes parlementaires sont en train de mener pour lutter non pas pour leurs propres intérêts mais pour l’intérêt des populations ».
Désarmement et réconciliation
Les violences évoquées sur l’étendue du territoire nationale ont occasionné une question liée au désarmement. Les députés à la table de séance, ne s’y sont pas dérobés. Le député Gnangadjomon Koné, a estimé qu’« il faut d’abord justifier qu’il y a eu usage d’armes à feu dans le conflit à Béoumi. Les propos du Commandant supérieur de la Gendarmerie, M Apalo, qui disait : que tous les civils en armes, les déposent le plus rapidement possible…est un aveu de la Gendarmerie qui montre à l’Ivoirien ordinaire qu’il y a eu effectivement l’usage d’armes dans ce conflit-là. Mais au-delà du désarmement, ce conflit de Béoumi, pose la problématique de la réconciliation nationale. Dans notre Groupe parlementaire, Rassemblement, nous estimons… Guillaume Soro est aujourd’hui, le champion national sur la question de la réconciliation, parce qu’en homme d’Etat, il a compris que la question de la réconciliation se pose avec beaucoup d’acuité». Pour Akoto Olivier, « le constat est clair, il y a un malaise profond que nous vivons en Côte d’Ivoire, présentement. Le feu couve et il faut éviter de tout politiser. Nous avons trop politisé la réconciliation en Côte d’Ivoire. On a plus fait de la communication que de poser des actes concrets. Donc, aujourd’hui, le constat est clair, la fracture sociale est constatée… Le Groupe parlementaire Pdci exige au gouvernement, la mise en place d’une véritable politique de désarmement, parce qu’on a plus fait de la communication que d’actions concrets. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est une caserne à ciel ouvert et c’est le rôle de l’Etat d’assurer la sécurité des populations». Yasmina Ouégnin avait devancé les autres en disant que « tant qu’aujourd’hui, les Groupes parlementaires de l’opposition, ne seront pas considérés par le président de l’Assemblée nationale, ils ne pourront pas jouer leur rôle pleinement dans le parlement et dans tous les organes du parement…. Et si des initiatives personnelles sont menées sur le terrain peut être sur fonds propres, les résultats ne seront pas pris en compte». Elle fera un clin d’œil aux violences verbales en disant que « s’il y a de la violence verbale au niveau des hommes politiques, il ne faut pas s’attendre à voir autre chose au niveau du citoyen lambda». Aussi, parlant de transhumance de certains élus, elle dira que «ce ne sont pas toutes des transhumances de conviction, parfois ce sont des transhumances de pression. Et je vais vous le dire, même les députés de l’opposition parlementaire, ne sont pas rassurés sur leur sécurité. Même eux, ne sont pas rassurés sur leur intégrité physique». A titre d’exemple, elle a rappelé l’interpellation du député Alain Lobognon, « les péripéties judiciaires du député Jacques Ehouo ». Pour Yasmina donc, « si la classe politique ne montre pas l’exemple à la population, en respectant les textes, les lois, la Constitution, qu’attendons-nous du petit peuple ? Si les recommandations de la Cdvr, ne sont pas vulgarisées, si elles ne sont pas accessibles à tout le public… Il ne s’agit pas d’identifier quelques victimes et de les indemniser financièrement. Il s’agit de pouvoir saisir la vérité, de pouvoir tirer les conséquences, de pouvoir reconnaitre les culpabilités. L’Assemblée nationale contrôle le Gouvernement et non l’Assemblée nationale est sous la coupe de l’exécutif comme le dit le président actuel. L’Assemblée nationale ne doit pas être inféodée dans un Etat de droit. Le président Obama disait qu’il ne faut pas d’hommes forts mais des institutions fortes…. On parle régulièrement d’enquêtes, on ne voit pas ces enquêtes aboutir. On a l’impression qu’on est en train de banaliser ce qui se passe dans ce pays, alors que ça contamine une ville après l’autre…». Enfin, Yasmina dira que « nous n’allons pas assister comme ça de manière indifférente à un recul démocratique en Côte d’Ivoire ».
Tra Bi Guillaume, trouve que «si l’Assemblée nationale dans sa configuration actuelle, juge et estime que nous ne devons pas jouer notre rôle, nous allons nous organiser à notre niveau. Je parle sous le couvert des différents présidents des Groupes parlementaires pour aller au contact de nos populations, pour comprendre la crise et proposer des solutions à l’opinion…. Quitte à le faire à nos propres frais… ». Le député Loukimane, présent dans la salle a fait une contribution en affirmant que «… dès lors que le pouvoir ne respecte pas les règles que nous nous sommes établies librement, il y a dérive autoritaire et c’est l’amorce de la dictature. Pour s’opposer à la dictature, il faut une opposition parlementaire, mais aussi, il faut la société civile… faites le point, depuis que ce pouvoir est installé, le recul démocratique dans ce pays. Face à une volonté d’installer une autocratie dans ce pays, nous allons le contrecarrer par la loi en nous battant formellement au sein de l’hémicycle».
Gilles Richard OMAEL et D. Sory
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