Côte d’Ivoire: «Ahoussou Jeannot, Amédé Kouakou, Goudou-Coffie, Jean-Claude Kouassi, Kouassi Abonouan, êtes-vous d’accord avec ce qui est infligé de façon injuste à Mangoua?» (Les regrets d’un cadre Rhdp)
Côte d’Ivoire: «Ahoussou Jeannot, Amédé Kouakou, Goudou-Coffie, Jean-Claude Kouassi, Kouassi Abonouan, êtes-vous d’accord avec ce qui est infligé de façon injuste à Mangoua?» (Un cadre Rhdp)
Jacques Mangoua, président de la région du Gbêkê a été condamné ce jeudi 3 octobre. Peine lourde, estime des professionnels du droit. Cinq ans de prison ferme. Cinq millions d’amende. Cinq ans de privation. Que retenir dans cette affaire qui a conduit le vice-président du PDCI au cachot ?
Pour nous les profanes du droit, voilà ce que nous retenons: «Mangoua est à Abidjan. Dans sa maison du village, quelqu’un y dépose munitions et armes. Son gardien découvre au réveil. Il informe son patron, Jacques Mangoua. Ce dernier informe à son tour la gendarmerie et porte plainte contre X dans l’espoir que nos nombreuses cellules d’enquêtes puissent faire la lumière sur cette affaire. Le procureur Braman dit que c’est Mangoua qui a déposé les armes et munitions devant sa maison ».
Voilà ainsi résumé l’affaire Jacques Mangoua. Mais en réalité, en Côte d’Ivoire, tout le monde sait pourquoi on veut casser du Mangoua. Leader respecté et respectable : Mangoua confirme ! Déjà sous le régime de Laurent Gbagbo, l’ancien président, Jacques Mangoua s’est fait élire président du conseil général du département de Beoumi, d’où il est originaire. De cette position, il impulse le développement dans ce vaste département de la région du Gbêkê. Et affirme son leadership.
En 2018, à la faveur des élections locales, Jacques Mangoua se porte candidat pour le compte de son parti, le PDCI pour diriger la grande région du Gbêkê. Nous sommes dans un contexte marquée par le divorce entre les ex-alliés, le PDCI et le RDR. Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ne regardent plus dans la même direction. La mise en place du parti unifié RHDP a fait voler en éclat, la camaraderie de façade dans laquelle les deux hommes se sont inscrites quelques années plutôt. Le parti d’Alassane Ouattara positionne un ministre de la République comme candidat dans le Gbêkê. Un ancien du PDCI. Il s’appelle Jean-Claude Kouassi. Avec lui, deux autres ministres issus de la région font campagne. Sidi Touré et Amadou Koné. Jacques Mangoua s’investit également sur le terrain.
L’on raconte qu’il n’a même pas produit de gadget pour cette campagne. Au terme de cette élection qui s’est passée en octobre 2018, Jacques Mangoua, tel un attaquant virevoltant, réussit à surclasser les trois défenseurs du RHDP dans le Gbêkê. Dans un environnement électoral peu favorable au PDCI d’Henri Konan Bédié. Ça fait mal. Il faut casser du Mangoua. De deux choses l’une. Soit, il faut casser du Mangoua qui a osé humilier, en battant trois ministres de la République, le RHDP dans la région du Gbêkê, soit, il faut l’affaiblir pour faire monter en puissance, certains cadres natifs de la région, qui ont rejoint le RHDP et qui ne percent plus dans cette région du pays, considérée comme un bastion du parti septuagénaire, le PDCI.
Ainsi, les Jeannot Ahoussou-Kouadio, Jean Claude Kouassi, ou encore Raymonde Goudou-Coffie, Amédé Kouakou, Maurice Bandaman auraient la voie libre. Pour cela aussi, il faut casser du Mangoua. Apparemment, dans cette volonté de casser du Mangoua, l’on s’y est mal pris. On en a rajouté à sa popularité. Et pour cause : pour la première fois en Côte d’Ivoire (sauf si j’ignore des cas passés), des têtes couronnées se sont mobilisées pour assister à un procès. Comme pour dire, entre Mangoua et nous, c’est ton pied mon pied.
Cette mobilisation spontanée de jeunes, femmes et hommes, a sans doute troublé la sérénité apparente que le pouvoir RHDP voulait montrer, car il a sorti des avions de guerre. L’on enregistre aussi un mort par balles selon plusieurs témoins de ces manifestations. Pour un ancien militant du PDCI, désormais cadre du RHDP de Bouaké, qui analyse cette affaire Jacques Mangoua, » cela n’honore pas le jeu politique. Nous sommes en train de rendre Mangoua plus fort que jamais ».
Puis de s’interroger, « comment les Ahoussou, Jean-Claude Kouassi et Louis Abonouan se sentent avec un tel montage grossier contre un frère ? ». Trop tard, Jeannot Ahoussou-Kouadio et les autres sont déjà partis du PDCI. Désormais, ils épousent une nouvelle idéologie. Avec tout ce que cela implique. Une chose est certaine, dans ce dossier Mangoua où a triomphé la présomption de culpabilité, les yeux des natifs du Grand Centre sont fixés sur les cadres natifs de cette même région et qui militent ou flirtent avec le RHDP. La question de conscience qui leur serait posée dans leurs localités respectives sera sans doute constante : « êtes-vous d’accord avec ce qui est infligé de façon injuste à Mangoua ? »
Jules Claver Aka (afriksoir.net)
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