RHDP/Alassane Ouattara à Bictogo: «Adama, maintenant tu as du pain sur la planche»… le marigot politique déjà en ébullition
RHDP/Alassane Ouattara à Bictogo: «Adama, maintenant tu as du pain sur la planche»… le marigot politique déjà en ébullition
Au-delà des commentaires de satisfaction ou d’admiration surfaites entendus çà et là de la part des militants et sympathisants, le discours de Ouattara et surtout son renoncement à un troisième mandat est une véritable douche écossaise pour tous ses adorateurs qui espéraient et appelaient de tous leurs vœux que le Chef de l’Etat annonçât qu’il est candidat pour 2020.
L’annonce contraire a plus qu’assommé ces hommes et femmes si accrochés à leurs privilèges que seul Ouattara, président, garantissait. Pis, le président sortant lui-même cache mal ses appréhensions quant aux chances de son parti RHDP de s’en sortir victorieux après lui. Des phrases qu’il a dites laissent croire que l’homme n’est pas aussi sûr des aptitudes de ses successeurs à maintenir à flot ce parti qu’il a bâti aux forceps.
Jeudi, après son discours que d’aucuns traitent d’historique, le chef de l’Etat saluait les députés et sénateurs en leur serrant la main. Lorsqu’il est arrivé au niveau de Adama Bictogo, député d’Agboville et Directeur Exécutif du RHDP, il lui a dit cette phrase (à quelques nuances près): «Adama, maintenant tu as du pain sur la planche». Qu’est-ce à dire ? Hier vendredi, aux ministre RHDP, il a dit : «Mais ce qui importera le plus autour cette table, puisque vous êtes un gouvernement Rhdp, c’est l’union entre vous. C’est que vous soyez ensemble pour choisir le chef d’équipe qui va nous succéder. Parce que c’est dans l’union que vous réussirez. Si vous n’êtes pas unis, la Côte d’Ivoire aura des problèmes et ce sera votre responsabilité ».
Ces deux phrases traduisent que le président de la République, en annonçant son retrait, à conscience de ce qu’il laisse une fourmilière dans laquelle sa décision de ne pas briguer un troisième mandat a donné un coup de pied. De fait, les militants du RHDP, surtout ceux venus des autres partis qui, jusque-là, faisaient chorus derrière la personne de M. Ouattara, se retrouvent telles des fourmis rouges que la chute de l’arbre porteur va éparpiller.
A peine 24 heures après le discours d’au revoir du mentor que déjà les ambitions et velleités qui sommeillaient se réveillent-elles. Si pour Mabri Toikeusse et Amon Tanoh, il y a des mois que cela circule déjà, pour Ahoussou Kouadio, ce n’est qu’hier vendredi que des indiscrétions ont fait état de ce que le président du Senat se verrait lui-aussi présidentiable. Pour le compte de qui ? Les sources indiquent que Ahoussou pourrait chercher à fructifier l’équilibrisme politique dont lui seul a le secret. Sa raison qui était au RHDP était justement liée à Ouattara et son cœur au PDCI-RDA lié à un positionnement.
Dès lors que Ouattara n’est plus parti pour la présidentielle de 2020, Ahoussou, selon nos sources, se sentait libéré de pouvoir s’essayer en misant sur le centre (sans distinction de partis) et sur tous les frustrés et déçus du système Gon, surtout que le président sortant entraine dans sa retraite l’actuel vice-président, Daniel Kablan Duncan. De fait, tous ceux qui étaient allés au RHDP par solidarité à Duncan n’auraient pour recours que Ahoussou, pense-t-on dans le camp du président du Senat. Outre Mabri Toikeusse qui, jusque-là, est en observation attentive et tactique, et Marcel Amon Tanoh qui prend le pouls de la situation et maintenant Ahoussou à qui des sources introduites prêtent des intentions, il y aurait d’autres personnalités au RHDP qui estimeraient que l’heure est venue de montrer qu’elles sont aussi valables pour le fauteuil présidentiel qui n’est pas un héritage que le président sortant peut léguer aussi facilement.
La masse des militants du RHDP (convaincus, vaincus comme contraints) qui se demandent ce qu’ils deviennent, grandit à vue d’œil depuis le jeudi. « Nous avons quitté nos formations politiques qui nous ont fait élire, qui nous ont fait nommer, qui nous ont donné une base politique pour venir au RHDP à cause du président Ouattara. S’il se retire, il faudrait au moins qu’il nous laisse quelqu’un qui a du charisme et du respect pour nous. Si tel n’est pas le cas, alors, nous allons nous faire entendre », a dit un député, jeudi soir. Et cet avis semble le plus partagé. Autant dire que les jours et mois à venir avant la présidentielle seront riches en surprises.
Nicaelle LYRANE
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