Aka Véronique, Pdci-Rda: «Dans une famille, ce sont les jeunes qui se battent à la place de leur père… Mais quand ça devient sérieux, le père lui-même peut être au premier rang, si»
Aka Véronique, Pdci-Rda: «Dans une famille, ce sont les jeunes qui se battent à la place de leur père… Mais quand ça devient sérieux, le père lui-même peut être au premier rang, si»
Depuis un certain temps, on ne vous voit plus au-devant de la scène politique. Qu’est-ce qui explique cela ?
Depuis un certain temps, on ne m’entend plus ? Cela m’étonne. Nous étions à Yamoussoukro pour le grand meeting de l’opposition, le 15 mars 2020, puis, est survenue la pandémie du coronavirus que tout le monde connaît. Vous savez que je dois mes titres politiques à ma population. Alors, lorsqu’une situation se présente, je suis auprès de la population. Je suis avec la base. Très tôt, le 18 mars 2020, je me suis dépêchée pour être auprès de la base pour faire de la sensibilisation parce que vous savez, les populations ne comprennent pas toujours certains phénomènes. Ici, il fallait leur expliquer le danger que représente le coronavirus avant même que l’État ne le fasse. Donc, je n’ai pas attendu. Je me suis évertuée à sensibiliser les populations en expliquant, dans la langue du terroir, qu’il y a une maladie qui touche le monde entier et qu’il fallait être vigilant. J’avais, entre-temps, arrêté mes réceptions. J’ai expliqué aux uns et aux autres les comportements à adopter et le fait qu’il fallait éviter les rassemblements. Pour moi qui venais d’arriver de France, je savais de quoi il s’agissait réellement.
Vous êtes présidente de l’Ufpdci rurale. Quelles activités avez-vous menées ces derniers temps ?
Nous avons eu l’honneur, au niveau de l’Uf-Pdci rurale, d’avoir des déléguées, des secrétaires de section. Donc, il fallait, en tant que leur mère, les motiver en leur donnant des moyens de mobilité notamment, les engins à deux roues pour sensibiliser sur le terrain.
Concernant l’enrôlement et la lutte contre la pandémie de Covid-19, vous avez mené récemment des activités en tant que coordinatrice générale dans le Moronou. Peut-on savoir ce qui a été fait concrètement ?
Vous savez, je le dis tout le temps. J’ai été élevée par ma grand-mère et j’ai eu la chance d’être dans la grande cour du président Houphouët-Boigny. Je suis la fille du Président Houphouet et je connais les deux facettes de la vie. C’est-à-dire la pauvreté et la vie « à cent à l’heure ». Je connais les deux vies. Cela pour vous dire que je n’aime pas faire du tapage. Quand j’étais au REFAMP-CI, j’ai travaillé avec vous, la presse. Mais c’était un autre niveau d’activités. Aujourd’hui, ce que je pose comme actes, j’aimerai que cela se fasse dans le silence. J’ai fait beaucoup pour ma région parce que je suis leur mère, leur fille. Tout le monde compte sur moi. Les élections dernières, vous les avez suivies. Mon adversaire, bien qu’étant ancien Premier ministre et président de parti, vous avez vu le score que j’ai réalisé. C’est pour dire que ma région compte sur moi. Donc, tout ce que je pose comme actes se fait en silence. Je souhaiterais qu’un jour, vous vous rendiez sur le terrain. Vous ferez le constat par vous-mêmes de ce que j’ai fait pour la région : pour les écoles, en termes de masques, de seaux… bref, tout ce qui peut servir à lutter contre la pandémie. J’ai fait tout ce qu’une mère doit faire. Je suis un peu gênée de dire : j’ai fait ceci ou cela chez moi. Non ! Je n’appelle pas cela faire de la politique. Je suis dans le social depuis l’âge de 20 ans.
Le dernier Bureau politique du Pdci a arrêté les critères pour être candidat du parti à l’élection présidentielle. Est-ce que vous avez un candidat ou êtes-vous vous-même candidate ?
Non, ça c’est de la prétention poussée. J’ai commencé vraiment à militer en 1990 quand le multipartisme s’est installé en Côte d’Ivoire. Je ne militais pas comme militante mais j’observais, je regardais les choses. Donc, je sais un peu comment le Pdci, cette grande machine, marche dans notre pays. Je me dis que le candidat que le Pdci aura choisi, par discipline, on va se ranger derrière lui. Sinon, aujourd’hui, notre souhait, c’est que le président Henri Konan Bédié soit notre candidat parce que c’est lui qui est le plus âgé et c’est lui qui est notre père. Mais je tiens à vous dire aussi, à la veille, si le président dit : « non, mes enfants merci pour la confiance que vous avez placée en moi mais on va trouver quelqu’un d’autre ». On fera comment ? C’est pour cela, qu’il faut être honnête dans la vie. Comment fait-on ? Vous savez que quand il y a des soucis dans une famille, ce sont les jeunes qui se battent à la place de leur père. Mais quand c’est sérieux et qu’il n’y a plus rien à faire, c’est le père lui-même qui est au premier rang. Sinon qu’est-ce que le Président Henri Konan Bédié n’a pas eu dans sa vie ? Aujourd’hui, s’il se dit qu’il doit se présenter, c’est pour nous. C’est pour le parti, il faut qu’on soit clair.
En clair, vous êtes pour la candidature de Bédié ?
Oui, pourquoi ne pas l’être ? Mais je me dis que le Président est, aujourd’hui, notre candidat naturel. Je n’aime pas l’hypocrisie. Quand je vois les gens dire : on va faire ceci, je rappelle qu’il y a eu un coup d’État en 1999. Moi, je suis restée au pays. Donc, j’ai vu. Comme on le dit, on se connaît, donc, changeons. Ça peut faire mal à des personnes mais moi, je suis lucide. Je sais ce que je fais et puis je vois beaucoup de choses. C’est de la fanfaronnade. Parce qu’on dit que le Pdci va gagner, mais on ne peut pas rester dans notre salon. Vous savez que le Pdci passera, sortira vainqueur des élections. Ce qu’il faut, c’est de bien travailler sur le terrain.
Quelles sont, selon vous, les chances du Pdci-Rda de l’emporter face au Rhdp qui est le parti au pouvoir ?
Vous êtes Ivoirien. Vous avez vu que le pouvoir a perdu les élections en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas la première fois. Nous pouvons gagner face au Rhdp au pouvoir. Il faut travailler sur le terrain. L’alliance entre le Pdci et le Fpi, moi, je crois que cela va être serré pour le Rhdp. On ne peut pas dire que le Pdci peut perdre mais c’est une question de chance. La seule chance, c’est qu’il faut d’abord bien mener l’enrôlement. Quand vous menez bien l’enrôlement, vous savez que vous avez bien travaillé, que chacun, dans sa région, travaille pour apporter 60, 70 % des voix, là, tout de suite, je peux vous dire que nous allons gagner.
Vous exhortez les militants au travail sur le terrain. Est-ce que votre position de Vice-présidente n’empiète pas sur celle de Présidente nationale de l’Uf-Pdci rurale ?
Tout ce que vous dites, ce sont des titres. L’Uf-Pdci, par exemple, j’ai été aux élections. J’ai toujours lutté toute seule. Je n’attends pas d’être nommée ou pas. C’est pour vous dire que l’Uf-Pdci, comme je suis habituée aux élections, c’est un titre obtenu par des élections. Le seul titre en tant que tel, c’est celui de Vice-présidente du Pdci. Même pour être Vice-présidente de l’Assemblée nationale, c’est parce que j’ai été élue chez moi. Pour dire que je dois beaucoup à mes parents. C’est le plus important.
Des bruits ont couru, récemment, que des personnes qui n’y ont pas le droit, seraient recensées pour obtenir la carte nationale d’identité. En avez-vous entendu parler ?
Si certains se sentent bien dans les fraudes, ça c’est leur problème. Moi, vraiment je pense qu’en politique, s’occuper des autres est une perte de temps. C’est sur le terrain qu’on verra les résultats. Vous savez, je n’ai jamais été sur une liste où nous sommes 5 personnes. J’ai toujours fait la campagne toute seule. Je me suis faite toute seule. Je le dis haut et fort. Si tu me donnes une place, tant mieux. Tu ne m’en donnes pas, je cherche moi-même à me faire une place au soleil. Donc vraiment, qu’on ait fraudé ou pas, que j’ai entendu ou pas, vu ou pas, c’est vraiment le dernier de mes soucis. Ma préoccupation, c’est comment amener les jeunes, les nouveaux majeurs à se faire enrôler. Certains n’ont pas d’extrait de naissance. Il faut leur faire comprendre que ce n’est pas seulement une affaire d’élections. Chaque citoyen a besoin d’avoir une pièce d’identité. Je pense qu’il faut leur expliquer cela. Cela dit, pour gagner, moi, je n’irai pas faire enrôler Pierre ou Paul. Les gens que je connais m’aideront.
En votre qualité de présidente nationale des femmes, quel mot d’ordre avez-vous donné aux femmes par rapport à l’enrôlement ?
On parle d’enrôlement aujourd’hui, mais, depuis l’année dernière, nous avons fait un travail de fond, avec les différentes présidentes. Nous avons eu une ou deux réunions par mois. J’ai fait une grande tournée pour sensibiliser nos parents sur la question des pièces d’identité. Je ne comprends pas comment jusque-là, des enfants qui sont à l’école jusqu’en classe de Cm2, n’aient pas d’extrait de naissance. Ce n’est pas normal. C’est une préoccupation pour moi. Quand j’ai fait la tournée, je leur ai dit : avant d’aller soutenir notre candidat, je vous demande d’abord de faire vos papiers. Sans papier, tu as beau soutenir quelqu’un, tu resteras chez toi le matin, prendre ton café, manger toute la journée, pendant que les autres iront voter.
Est-ce que le message est passé ?
Je pense « oui ». On avait une feuille de route. J’ai mis l’accent sur ce point. Parce que tout le monde sait que tous les cinq (5) ans, il y a des élections. Donc le plus important, c’est d’avoir les documents administratifs pour pouvoir voter.
Le camp Affi a dénoncé, dans un communiqué daté du 6 juin 2020, l’implication du Fpi par des personnes non mandatées, ni habilitées, dans un accord avec le Pdci. Pour vous, faut-il inclure Pascal Affi N’Guessan dans cette alliance entre le Pdci et le camp Gbagbo ?
M. Affi N’Guessan, pendant les élections, était tout le temps chez le Président Bédié. J’ai vu Affi N’Guessan, deux ou trois fois, chez le Président Bédié avec Marcel Gossio (Paix à son âme). Je ne sais pas pourquoi aujourd’hui, il ne comprendrait pas que le Fpi soit notre allié. On dit : pardonne pour que les autres te pardonnent. Le président Bédié, doyen d’âge, a fait le déplacement pour aller à la rencontre du Président Gbagbo. Il faut savoir pardonner, se mettre ensemble. Affi N’guessan est un grand frère à moi, un ami. Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas.
Mais, j’ai compris aussi qu’en politique, ce qu’on dit souvent, ce n’est pas ce qu’on pense. Sinon le Fpi Gor ou le Fpi d’Affi N’Guessan, pourquoi se mettre en spectacle ? Il n’y a pas deux Fpi. Ils n’ont qu’à chercher à se mettre ensemble.
Le président Affi N’Guessan ne croit pas en la sincérité de la réconciliation entre MM. Bédié et Gbagbo…
Donc, lui-même quand il venait avec le Président Bédié, il ne croyait pas. Il venait avec l’idée que : puisque le Président Bédié a pris de l’âge, le Pdci dira : oui, on s’est réconcilié et notre candidat sera Affi. Comme nous sommes des faiseurs de rois.
Les conventions éclatées s’annoncent. Comment comptez-vous les organiser dans le Moronou ?
La convention, au niveau du Moronou, je ne pense pas que cela pose un problème. Il n’y aura pas du tout de problème. On va faire un travail d’équipe. C’est vrai qu’il y a un superviseur. Mais, il faut qu’on fasse le travail ensemble. Il ne faudrait pas qu’on aille en rangs dispersés. Cela ne fait pas bien.
Le poids du Pdci-Fpi dans le Moronou face au Rhdp…
Je vous l’ai dit. En 2018, on a fait des élections. Il y avait le Rhdp, le Fpi d’Affi N’Guessan, le Pdci qui était contre moi, les trois ensemble, mais vous avez vu les scores.
Quel est le dernier mot d’ordre que vous donnez aux femmes et aux jeunes ?
Je demande à mon parti, pas seulement aux femmes et aux jeunes, de ne pas aller en rangs dispersés. Ce sont les journaux qui en parlent, je ne sais pas si c’est vrai, mais je ne fais qu’interpeller les uns et les autres. Je demande que nous nous mettions ensemble autour du Président Henri Konan Bédié. Aujourd’hui, il faut le dire : le Professeur Guikahué a joué un grand rôle. On aurait eu des problèmes. Les jeunes gens allaient s’éparpiller. Le Président Bédié a tenu bon mais il a pu tenir parce que nous sommes là aussi. La base est avec lui. Donc, ce n’est pas le moment d’aller en rangs dispersés. Donner un mandat de 5 ans à quelqu’un, 5 ans, c’est 5 jours. Que tous reviennent à la raison, sachent qu’il n’y a qu’un seul fauteuil. Je m’adresse aux femmes et aux jeunes, qu’ils suivent l’enrôlement et qu’on aille aux élections en paix, surtout en interne. Si on est sincère, le candidat Henri Konan Bédié passera haut la main. Il est vrai qu’on a fait une alliance mais on doit compter d’abord sur le Pdci. L’élection de 2020, il ne faut pas la faire avec le cœur. Il faut la faire avec la tête. Si jamais, en sortant de cette convention, le Président Bédié lui-même dit : « je suis candidat ». 5 ans, ce n’est pas la mer à boire. Quelqu’un qui a 40, 50 ans, a plus de chance que quelqu’un qui a 90-100 ans. Je pense qu’il faut que la sagesse nous habite et qu’on arrête de parler dans les petits salons et qu’on se mette ensemble. Sinon, on ne le fait ni pour Bédié, ni pour Guikahué. On milite par conviction. Il ne faut pas aller aux élections pour avoir 2 %. Si on te parle, tu n’écoutes pas et que tu sors de là avec 2 %, c’est du gâchis. Quelqu’un qui part à des élections, qui en sort avec 2 %, 9 %, cela veut dire qu’il est parti pour faire perdre un candidat, pas pour gagner. C’est cela que nous devons éviter. Mais en évitant cela, il faut trouver des mots justes. Parce que militer n’est pas synonyme d’esclavage. Il faut trouver des mots justes, être aimable, savoir recevoir les gens, savoir parler aux gens parce que ce n’est pas tout le monde qui est comme Véronique Aka, avec qui on peut faire la discrimination.
Un militant doit savoir qu’il milite pour lui-même d’abord. C’est vrai que tu milites pour être fort dans ta région et donner cela à ton parti. Mais quand tu milites et que les gens comptent sur toi, c’est comme ça que le parti peut compter avec toi. Mais si tu milites pour, à chaque fois, créer des problèmes dans le parti, même pour te donner la parole, tout le monde a peur. Donc que tout le monde se calme, prenne son mal en patience. Le candidat qui sera là, il faut que chacun d’entre nous se prépare pour aller aux élections. C’est ce que je voudrais adresser à mon grand parti et puis dire à mes femmes que j’adore, ces vaillantes femmes qui travaillent dans leurs régions, que je suis à leur disposition. Je voulais terminer sur cela.
Entretien réalisé par PAUL KOFFI
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de africanewsquick.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.