AFRICANEWSQUICK

Plus qu'une Agence de communication, un journal en ligne

Echec de la lutte contre les grossesses en milieu scolaire: Pulchérie Gbalet donne des pistes de solution à Kandia Camara

kandia camara conferenc

Echec de la lutte contre les grossesses en milieu scolaire: Pulchérie Gbalet donne des pistes de solution à Kandia Camara

Depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, et même avant lui, lutter contre les grossesses précoces en milieu scolaire est un casse-tête chinois pour tous les ministres de l’Education nationale. Kandia Camara lutte actuellement contre ce phénomène sans succès. Pulchérie Edith Gbalet, la présidente de l’ONG Alternance citoyenne ivoirienne (ACI), organise régulièrement des vidéos sur sa page facebook intitulées ‘’Les 10 minutes de Gbalet Pulchérie’’ pour dénoncer et faire des propositions aux différentes situations que vivent les populations ivoiriennes. Ce samedi 20 juin, elle s’est penchée sur les cas de grossesses précoces en milieu scolaire.

LES 10 MINUTES DE GBALET PULCHERIE DU SAMEDI 20 JUIN 2020

Aujourd’hui nous allons exposer sur les grossesses en milieu scolaire.

Nous allons exposer les causes, les conséquences, la situation en Côte d’Ivoire et faire nos recommandations.

LES CAUSES DES GROSSESSES EN MILIEU SCOLAIRE

Près de 16 millions de filles âgées de 15 à 19 ans mettent au monde des enfants chaque année, 1 fille sur 5 donne naissance à son premier enfant avant 18 ans. 70 000 adolescentes, par an, meurent des suites de complications de la grossesse et de l’accouchement, près de 3 millions de filles âgées de 15 à 19 ans subissent des avortements à risque.

Ce phénomène de grossesse précoce s’explique par :

  1. Le manque d’information et d’éducation sexuelle : Faute de moyens et à cause de tabous liés au sexe, les enfants et les jeunes filles ne reçoivent pas d’éducation sexuelle et reproductive. Elles ne connaissent pas ou mal les moyens de contraception et ne connaissent pas les risques liés à une grossesse précoce. L’absence de planning familial, gratuit dans certains pays en développement, renforce cette situation de méconnaissance et de manque d’accès aux soins.
  2. Les tabous liés à la culture : Dans certains pays en développement, parler de sexe est tabou. Les filles qui tombent enceinte suite à un rapport sexuel ou à un abus sexuel ont honte d’en parler et ne font donc rien pour les stopper.
  3. Les mariages forcés et précoces : 9 grossesses précoces sur 10 ont lieu dans le cadre d’un mariage ou d’un concubinage. Une fois mariées, les filles sont forcées d’avoir des relations sexuelles avec leur mari et tombent enceinte.
  4. Les violences et abus sexuels : Sur le chemin de l’école, dans les écoles (élèves et enseignants), chez les tuteurs, au sein même de la famille, les filles sont vulnérables et victimes de violences et abus sexuels non protégés.
  5. La loi : Dans certains pays, l’avortement et parfois même la contraception sont considérés comme un crime et sont répressibles.
  6. L’accès à la contraception : L’accès à la contraception peut être freiné par la loi, la pauvreté, les tabous et/ou les distances trop grandes pour accéder à une pharmacie ou un centre de santé les distribuant.

LES CONSEQUENCES DES GROSSESSES EN MILIEU SCOLAIRE

Une grossesse précoce a des conséquences catastrophiques non seulement pour la mère, mais aussi pour l’enfant et le développement de leur communauté et du pays tout entier :

  1. Risques pour la santé : Ces grossesses précoces sont très dangereuses aussi bien pour la mère que pour l’enfant. Chaque jour, 194 filles meurent des suites d’une grossesse précoce. Pourtant, 90 % des causes liées à ces décès pourraient être évitées. Les complications de la grossesse et de l’accouchement constituent la deuxième cause de décès pour les filles de 15 à 19 ans dans le monde. Ces décès sont généralement causés par le manque de centres de santé pour suivre ces grossesses à risque, ou d’argent pour y accéder, mais aussi par la fragilité physique de ces filles dont l’organisme n’est pas prêt à supporter une grossesse, encore moins l’accouchement.
  2. Déscolarisation : D’après une étude menée par Plan International, 58 % des filles ne retournent jamais ou rarement à l’école après avoir eu un enfant. Ce chiffre augmente lorsque les filles sont aussi mariées.
  3. Marginalisation : Dans beaucoup de sociétés, l’honneur de la famille repose sur la virginité des filles. Celles qui sont enceintes hors mariage sont donc victimes de discriminations et de marginalisation. Elles peuvent être rejetées par leur famille et deviennent ainsi vulnérables aux violences et abus, à l’esclavage domestique et à l’exploitation sexuelle.
  4. Perpétuation du statut inférieur des femmes et de la pauvreté : Les mariages et les grossesses précoces maintiennent les filles dans leur statut inférieur à l’homme et ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté. Le fait de ne pas terminer leurs études les fragilisent et les laissent à la merci de leurs maris ou de la société. Il s’agit d’une situation injuste et d’un énorme potentiel perdu pour le développement des communautés et des pays.

LA SITUATION EN COTE D’IVOIRE

Quelle est la situation en Côte d’Ivoire ?

C’est un phénomène qui existe malheureusement à la fois dans le primaire comme dans le secondaire et les statistiques sont alarmantes. Partageons ensemble quelques chiffres :

  • Pour l’année scolaire 2013-14, il a été répertorié 6 800 cas de grossesses en milieu scolaire dont plus de 1 000 dans le primaire,
  • Pour l’année scolaire 2014-2015, 5 992 cas de grossesses avaient été répertoriés. Le rapport a révélé 404 grossesses dans l’enseignement primaire en 2015-2016 contre 512 en 2014-2015. Par ailleurs, 51 cas de grossesse ont été dénombrés chez les moins de 12 ans.
  • L’année scolaire 2016-2017 révèle 4 471 cas de grossesse, dont 1 153 filles âgées de 9 à 14 ans, 2 393 de 15 à 18 ans.

Depuis 2013, Monsieur Koné Bruno, alors porte-parole du Gouvernement avait annoncé la création de cellules de lutte contre les grossesses précoces dans les établissements scolaires, mais comme d’habitude cela est resté au stade de promesse.

Dès la reprise de l’école après la pause imposée par la COVID, des Chefs d’établissement et des enseignants nous ont interpellé sur plusieurs cas de grossesses constatés. C’est donc l’occasion de faire des recommandations pour un meilleur encadrement des jeunes filles.

NOS RECOMMANDATIONS

Il faudrait donc :

  • Mener des actions de sensibilisation auprès des parents, des autorités locales et des enseignants, afin de les informer des conséquences du mariage forcée et précoce et des risques d’une grossesse précoce ;
  • Mener des actions de sensibilisation auprès des enfants et des jeunes pour les éduquer à la santé sexuelle et reproductive, aux moyens de contraception et à travers des films éducatifs sur les méfaits des grossesses précoces ;
  • Créer des structures de prise en charge des filles en difficulté et renforcer les services de santé maternelle et infantile ;
  • Mener des actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des gouvernements et des autorités locales pour lutter contre les causes des grossesses précoces, et notamment contre les mariages précoces et les violences sexuelles ;
  • Distribuer des moyens contraceptifs de prévention aux jeunes.

Nous espérons des mesures vigoureuses du Gouvernement dans ce sens car la situation est vraiment alarmante.

Excellente soirée et Excellent week-end à vous. A demain 12h30 pour un autre sujet.


En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading