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VAR/Interdiction des manifestations de rue-Cissé Bacongo: «C’est une entrave grave aux règles démocratiques, qui ne doit pas être tolérée »… Adjoumani, Konaté Sidiki et Djédjé Mady parlent

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VAR/Interdiction des manifestations de rue-Cissé Bacongo: «C’est une entrave grave aux règles démocratiques, qui ne doit pas être tolérée »… Adjoumani, Konaté Sidiki et Djédjé Mady parlent

Le mardi 18 Août 2020, nous avons assisté à un coup d’État au Mali, et subitement, le gouvernement d’Alassane Dramane Ouattara suspend toutes les manifestations de rue jusqu’au 15 septembre, en Côte d’Ivoire.

L’Internet, et surtout Google a une mémoire d’éléphant. Voici qu’en 2003, dans un climat de guerre, le gouvernement de Laurent Gbagbo avait suspendu toutes les marches de revendications. Cette décision avait suscité les réactions de tous les groupements et partis politiques d’alors.

Nous vous proposons de lire ou relire cet article publié le 20 octobre 2003 par le site IPS France.

VAR Côte d’Ivoire : «Le gouvernement de réconciliation nationale a décidé d’interdire, pour une période de trois mois, toutes les manifestations de rue en Côte d’Ivoire».

PDCI Adjoumani Kobenan 0001

Selon Kouassi Adjoumani Kobenan, ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, porte-parole par intérim du gouvernement, cette mesure fait suite à la présentation, par le ministre de la Sécurité, d’un « tableau sombre et inquiétant des manifestations de rue ces derniers temps ». « Depuis une semaine, des manifestations spontanées, d’une violence inouïe et d’une barbarie sans nom, sont organisées dans différentes communes d’Abidjan », a-t-il indiqué. Pour Kobenan, « cette violence et cette barbarie se caractérisent par des casses, des pillages, des vols et des agressions, tous des actes commis à l’encontre de certaines entreprises ciblées et de certains particuliers ».

Etant donné que « d’autres manifestations de cette nature sont annoncées et devant une telle situation qui heurte la légalité, porte gravement atteinte à l’ordre public, nuit aux intérêts économiques et viole les droits de l’Homme, le ministre de la Sécurité intérieure a fait cette proposition idoine », a expliqué Kobenan.

Le Conseil des ministres a décidé également, le 16 octobre, de poursuivre « des personnes auteurs des casses et d’actes de pillage, prises en flagrant délit, à l’occasion des manifestations des jeudi 9 et vendredi 10 octobre 2003 », et d’approfondir « l’enquête à l’effet de faire la lumière sur toutes les personnes impliquées dans cette opération ».

Le même conseil hebdomadaire des ministres a décidé de dissoudre le Groupement des patriotes pour la paix (GPP), une milice proche du président Laurent Gbagbo pour « usurpation de titre, faux et usage de faux ». Kobenan a déclaré que les membres de ce groupe « détiennent fâcheusement et irrégulièrement des cartes professionnelles du genre de celles délivrées aux Forces de défense et de sécurité ».

DJEDJE MADY1

La classe politique ivoirienne, dans sa majorité, a mal accueilli la mesure de suspension des manifestations de rue. Alphonse Djédjé Mady, secrétaire général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA, de Henri Konan Bédié), estime que « cette mesure doit être accompagnée ». « Comme tout le monde le sait, le PDCI-RDA, qui est co-signataire des accords de Marcoussis, a convenu, avec d’autres partis politiques, de l’organisation d’une marche pacifique pour réclamer l’application de ces accords afin que la paix advienne », explique Djédjé Mady. Mais, tout en appréciant la décision du gouvernement de suspendre les marches, le PDCI-RDA souhaiterait que « cette interdiction temporaire des marches soit réellement accompagnée de mesures susceptibles de nous conduire vers la paix, une paix durable », a-t-il dit.

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Le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR, d’Alassane Ouattara), Cissé Bacongo, estime que « c’est une entrave grave aux règles démocratiques, qui ne doit pas être tolérée », ajoutant que « les signataires de Marcoussis (France) ne vont pas se laisser faire par cette mesure »..

« La décision », a-t-il déclaré, « appelle de notre part une désapprobation la plus claire et la plus ferme… parce que nous sommes dans un pays démocratique et c’est au nom de cette raison que les soi-disant patriotes (proches de Gbagbo) ont pu manifester depuis le début des évènements jusqu’au 2 octobre dernier ». « Nous avons tous vu la mobilisation que cela entraîné et donc, nous pensons en réalité que le président de la République et son parti ont eu peur de la réplique que les signataires de Marcoussis allaient apporter, et surtout de la réaction de la communauté internationale après cette marche », affirme Bacongo. Au nom de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), le secrétaire général, Alassane Salif N’Diaye, croit que la marche programmée des Marcoussistes « effraie le pouvoir ». « Voilà des gens qui se disent démocrates et qui ont peur du peuple », ironise N’Diaye. N’Diagne trouve « dommage que pareille décision soit prise puisque le peuple de Côte d’Ivoire, les patriotes vrais, voulaient dire, devant le peuple et la communauté internationale, que cela suffit. Et que la Côte d’Ivoire veut être le pays de Félix Houphouët-Boigny, c’est-à-dire le pays de la paix et de la réconciliation des peuples ».

Konaté Sidiki

Du côté de Bouaké, dans le nord du pays, les Forces nouvelles, qui ont suspendu leur participation au gouvernement depuis un mois environ, estiment que « la décision est inadmissible ». Selon leur porte-parole, Konaté Sidiki, « les principales forces politiques ivoiriennes ont annoncé, lundi dernier, leur intention d’organiser une marche de soutien à l’accord de Linas Marcoussis, à l’opposé des militants du FPI (du président Gbagbo) qui, depuis une semaine, se livrent, en toute impunité, à d’importantes casses et à des destructions de biens privés à Abidjan, pour, dit-on, marquer leur opposition à l’application de cet accord de paix ».

« Les Forces nouvelles jugent inadmissible une telle décision du gouvernement de réconciliation nationale, premier garant du respect des libertés fondamentales en Côte d’Ivoire, et estiment qu’elle constitue un recul démocratique qui viole les libertés constitutionnelles », écrit ce groupe dans un communiqué. Le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel), seul contre les autres formations signataires des accords inter-ivoiriens de Linas Marcoussis en janvier 2003, ne s’est pas encore prononcé sur les décisions du dernier Conseil des ministres.

Ce conseil s’est réuni sans les sept ministres des Forces nouvelles qui se sont retranchés depuis un mois dans leur fief de Bouaké.

Le 11 octobre, des manifestations anti-françaises, organisées par le GPP, ont engendré des casses importantes dans les compagnies de téléphonie, d’eau et d’électricité. D’autres manifestations étaient programmées, par ces mêmes jeunes, samedi dernier au siège de la société distributrice d’eau à Tiébissou, une ville située dans la « zone de confiance », entre les Forces nouvelles et les forces gouvernementales. Elles sont également frappées par la mesure d’interdiction. La Côte d’Ivoire est divisée en deux depuis la crise politico-militaire du 19 septembre 2002. Les parties nord et ouest sont occupées par trois groupes rebelles dont le plus ancien est le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI). Et le sud est contrôlé par les forces gouvernementales.»

Dès lors et après avoir parcourus cet article, un internaute se prononce quant à l’interdiction des manifestations de rues du 19 août au 15 septembre 2020 : «Fort heureusement M CISSÉ BACONGO ET KONATÉ SIDIKI sont encore sur la scène politique. Donc dans ce pays l’opposition peut ne pas se soumettre à la volonté du gouvernement qui interdit des marches ? L’histoire est têtue ! En 2003, vous avez appelé à la désobéissance de cette mesure et vous avez demandé à la communauté internationale de réagir.

En 2020, vous avez violé la constitution pour nous imposer la candidature anticonstitutionnelle de M Ouattara. Aujourd’hui, vous voulez nous empêcher de manifester notre mécontentement. Ce qui est sûr M Guikahué a déjà lancé l’appel à la marche du vendredi 21 Aout 2020 depuis la RTI cet après-midi (mercredi 19 août 2020) au cours du débat qui l’opposait à Bictogo et Adjoumani. Un gouvernement qui n’obéit pas à ses propres règles et qui viole la constitution ne doit pas être surpris de la désobéissance du peuple qu’il piétine chaque jour».

Gilles Richard OMAEL, avec IPS France


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