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Alerte/Présidentielle: Une atmosphère délétère qui fait craindre une autre crise postélectorale… Quel état des lieux à deux mois du scrutin ?

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La Côte d’Ivoire est aujourd’hui à exactement deux mois de la présidentielle du 31 octobre 2020. A deux mois, soit 60 jours, de ce scrutin tant attendu, quel est l’état des lieux au plan institutionnel, logistique et infrastructurel ? Telle est la question qui mérite d’être posée afin de situer les uns et les autres. Quel état des lieux en termes d’urnes transparentes, d’encre indélébile, de tablettes, de moyens de locomotion des urnes, de présidents de bureaux de vote, etc ? En outre, quel état des lieux du point de vue des institutions en charge des élections ? Notamment la Commission électorale indépendante (Cei) et le Conseil constitutionnel ?

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Sur ces deux derniers points, les populations n’arrêtent pas d’afficher leurs profondes inquiétudes quand l’on sait que les crises postélectorales sont souvent le fait d’un mauvais arbitrage de ces institutions. Qu’on se souvienne de 2010 où le mauvais rôle joué par la Cei et le Conseil constitutionnel, lors de la présidentielle, a débouché sur un conflit armé qui a fait officiellement 3000 morts en Côte d’Ivoire. C’est pour éviter la répétition de pareil drame que l’opposition ivoirienne et la société civile n’ont de cesse d’inviter le pouvoir à la mise en place d’institutions crédibles. Dont les animateurs sont libres de tout engagement vis-à-vis des dirigeants. Et font preuve d’une neutralité et d’une probité au-dessus de tout soupçon.

Hélas ! C’est à une fin de non-recevoir que se heurte l’opposition de la part du régime qui fait savoir que la Cei qui est là est parfaitement à la hauteur de la tâche. Idem pour le code électoral qui est décrié par les opposants tandis que le pouvoir y voit l’un des meilleurs textes en matière électorale. C’est dans cette ambiance d’incompréhensions chroniques voire de bras-de-fer entre pouvoir et opposition que l’on s’achemine vers la présidentielle du 31 octobre prochain. A ces incompréhensions relatives à l’organisation du scrutin, est venue s’ajouter la question du troisième mandat du président Alassane Ouattara.

L’OPINION ATTEND DE VOIR QUELLE LECTURE LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL FERA DES ARTICLES 55 ET 183

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Là également, en dépit des préoccupations et réserves des partis de l’opposition et de la société civile, le chef de l’Etat a déposé sa candidature et attend tranquillement qu’elle soit validée par le Conseil constitutionnel. C’est à ce niveau que cette autre institution chargée des questions électorales est attendue au tournant par l’opinion publique nationale et internationale. En effet, que pourra-t-elle dire d’autre là où de proches collaborateurs et non des moindres du président Ouattara ont déjà affirmé que le chef de l’Etat ne peut briguer un troisième mandat ?

Il s’agit, entre autres, de Cissé Bacongo, son conseiller juridique depuis toujours ; Sansan Kambilé, garde des Sceaux, ministre de la Justice ; Boniface Ouraga Obou, co-rédacteur avec Cissé Bacongo de la Constitution du 8 novembre 2016 pour ne citer que ces trois éminents juristes. Il est cependant à déplorer que ces personnalités se dédisent aujourd’hui à l’image de leur mentor. Qui, devant le parlement, réuni en congrès le 5 mars dernier à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à Yamoussoukro, avait déclaré qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, décidé qu’il était à passer le témoin à une jeune génération.

Manifs Bonoua

Mais il a suffi que le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly décède pour que tout le monde s’aperçoive qu’en fait de jeune génération, c’est à son dauphin, qu’il appelle d’ailleurs son fils, que le président Ouattara voulait céder le trône, que dis-je, le fauteuil présidentiel. Une succession digne des grandes monarchies où le fils succède au père. L’opinion attend de voir quelle lecture le Conseil constitutionnel fera des articles 55 et 183 de la Constitution du 8 novembre 2016. L’article 55 limite le mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une fois. Quant à l’article 183, il consacre la continuité législative qui veut que toutes les dispositions contenues dans la Constitution de 2000 et qui ont été reprises dans celle de 2016 restent en vigueur.

Pour l’opposition, Alassane Ouattara ayant déjà fait deux mandats de cinq ans chacun, de 2010 à 2020, il ne peut en briguer un autre. Voici cette autre pomme de discorde qui a jeté de l’huile sur le feu depuis le 6 août 2020. Date à laquelle le président Ouattara a annoncé qu’il est candidat à un autre mandat pour dit-il « cas de force majeure » que constitue le décès subit de son candidat désigné qu’était Amadou Gon Coulibaly. Comme l’on peut le constater, l’état des lieux au plan institutionnel est loin de rassurer les populations qui, depuis le début du mois d’août, sortent par vagues pour manifester contre ce troisième mandat du président sortant.

UNE ATMOSPHERE DELETERE QUI FAIT CRAINDRE UNE AUTRE CRISE POSTELECTORALE

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Utilisation des microbes pour attaquer des manifestants pacifiques par le régime dictatorial de Ouattara

Une atmosphère délétère qui fait craindre une autre crise postélectorale dont d’aucuns disent qu’elle pourrait être plus meurtrière que celle de 2010. Cela nous renvoie à la question sécuritaire avec des milices armées appelées « microbes » qui s’attaquent aux populations lors des manifestations et des scrutins. Parfois au vu et au su de tous y compris des forces de l’ordre. Comme ce fut le cas en octobre 2018 dans plusieurs localités lors des élections municipales et régionales. Et récemment pendant les marches de l’opposition contre le troisième mandat de Ouattara.

Ces préoccupations relatives aux questions institutionnelles et sécuritaires font parfois perdre de vue d’autres réalités non moins préoccupantes. Il s’agit de l’état des routes qui ne favorise guère les déplacements pour la campagne électorale qui s’annonce. Si certains peuvent s’offrir des Jets privés pour survoler les pistes impraticables qui font le lot quotidien des populations dont ils sollicitent pourtant les suffrages, beaucoup d’autres auront à pratiquer ces pistes villageoises qui constituent un véritable parcours du combattant.

C’est la raison pour laquelle, à un mois et demi de la campagne électorale, le gouvernement et la Cei devraient se pencher sur la question des routes et autres pistes rurales qui seront prises d’assaut par les pêcheurs de voix. Ils iront par monts et par vaux à la recherche d’électeurs. A défaut de faire un reprofilage intégral qui serait coûteux et qui prendrait beaucoup de temps, il serait bon de traiter les points critiques des voies reliant les villes et villages y compris les gros campements.

 La Côte d’Ivoire émergente à l’horizon 2020 ayant été une simple vue de l’esprit face à l’immensité des actions de développement, il faut faire preuve d’ingéniosité. Afin d’offrir aux populations désillusionnées un minimum de commodités et de bien-être. Tout le monde n’a ni avion ni véhicules 4X4 pour faire campagne. Il faut donc faciliter la tâche aux moins nantis.

ABEL DOUALY


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