Livre de la semaine N°5: Sur le chemin de la gloire, quoi dire en faveur de l’émergence africaine ?
Livre de la semaine N°5: Sur le chemin de la gloire, quoi dire en faveur de l’émergence africaine ?
Auteur :Isaïe Biton Koulibaly
Titre : Sur le chemin de la gloire
Quoi dire en faveur de l’émergence africaine ?
Va-t-il s’agir d’une dénonciation de l’émergence africaine ?
Notons que depuis un certain temps qui s’évalue en une décennie presque, les pays ou/et Etats parlent plus d’émergence que de développement.
De plus en plus, la liste des écrits ivoiriens s’allonge aussi. Il est clair que le développement d’un pays ne peut se faire sans le livre ; parce que sans la culture. L’acquisition du savoir et de la connaissance qui fait émerger des abysses de l’ignorance ne peut se faire sans le livre et la lecture, moyens de stockage de l’information, source de réflexion, etc.
Il est par conséquent judicieux de conduire l’ivoirien, moins amoureux de la lecture, vers cette culture du livre et de la lecture, par une abondante production qualitative et incitative d’ouvrages littéraires. Le livre reste et restera toujours, malgré le Net, un moyen incontournable. « En possédant les livres, vous possédez toutes choses : le passé et le présent, la connaissance du monde intérieur, les richesses de l’imagination, les émotions qui bouleversent les cœurs. Vous vivez mille vies ! » Confère P.19. « Sur le chemin de la gloire » est ce roman en trois parties sur 217 pages, d’Isaïe Biton Koulibaly qui a été publié par les « Nouvelles Editions Balafons »-Abidjan, témoigne une fois de plus, de la prolixité de l’auteur, mais surtout de l’homme qui n’a pas perdu le sens de l’engagement littéraire.
« L’écrivain surtout africain, qu’il le veuille ou non, est un continuum de son espace et de son temps. Son silence est une démission et une compromission face à la dégradation de l’univers social qui est le sien. Son écriture est un acte de solidarité au ‘’ peuple qui pleure ou se révolte quand le pays vire au rouge ‘’. C’est du moins l’horizon d’appréhension dans lequel Biton Koulibaly inscrit sa vision de ce que doit être une littérature africaine de l’heure… » (P. 11).
Biton tente de faire passer un message humain, à travers les faits relatés dans son ouvrage, à travers ses personnages, depuis ce pays imaginaire qui émerge des lignes au fil des pages, et qui ressemble étrangement au sien. « Avec sa plume-caméra qui, à tout instant modifie les plans de cadrage de la réalité filmée, aucun détail n’échappe à Biton Koulibaly. Que ce soit avec ce capitaine de l’armée qui, occasionnellement, se mue en chauffeur de taxi avec le véhicule de l’Etat pour arrondir ses fins de mois, que ce soit avec la prostitution devenue une échappatoire qui se rit de la morale, que ce soit dans tous les services administratifs où on ‘’ compense l’irrégularité des salaires par la régularité dans la corruption ‘’ ou dans les hôpitaux où le malade est laissé à lui-même sans soins, Biton est formel : l’écrivain africain se doit de dénoncer cette conspiration du silence entretenu par les dirigeants pour qui le pouvoir est juste un raccourci pour le bonheur individuel. L’acte d’écrire est, dans cette perspectivepurement « bitonienne », au-delà de son côté esthétique, un dispositif langagier qui vise le concret et l’immédiat… » (P.13 à 14).
Le style rapide qu’on lui connait est apparent dans le roman. Ses thèmes favoris : femme, pouvoir et Dieu se disputent sa plume dénonciatrice. Biton dénonce sans ambage, sans ambigüité les gouvernants africains qui n’ont pas encore trouvé de solution au problème d’emploi qui mine encore la jeunesse diplômée et qui, par voie de conséquence entretient de plus belle le flambeau ou la chaine de la misère et ses corollaires (drogue, ivresse, prostitution, brigandage, etc.), la mort à petits feux disons. Par la rapidité du style, c’est plusieurs situations qui s’enchaînent rendant le récit polysémique. Au vrai, « l’œuvre brasse toutes les émotions du cœur mettant constamment à rudes épreuves la sensibilité du lecteur. Le rire cède aux larmes, le plaisir à la révolte tant les situations décrites sont fugaces et imprévisibles… » (P.13). « Le chemin de la gloire est long et incertain mais, avant tout, il est prise de conscience et recréation de l’homme : écrivains comme lecteurs, gouvernés comme gouvernants car, quand l’honneur et la dignité appellent, il est criminel de refuser de faire un retour sur soi. Il n’y a pas de gloire individuelle qui rende heureux. Il n’y a pas non plus de guerre insensée qui libère. Par ce roman, Biton Koulibaly invite à embrasser la voie de la raison et du cœur en vue de nous rendre utiles pour les autres, le monde, la nature… Sans doute, les premières notes d’une nouvelle chanson Bitonienne… » (P.16). Le matérialisme, cet amour du gain facile chez certains africains ainsi que l’ethnicisme avec ses autres déclinaisons que sont le tribalisme et le régionalisme, si l’on n’y prend garde, pourraient entraver définitivement la marche de l’Afrique vers l’émergence. Surtout que le lecteur n’oublie pas que le bien mal acquis ne profite jamais !
Antoine EDO, edoantoine@yahoo.fr
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