Urgent/4 groupes parlementaires accusent: «Macron s’est fait complice du viol de notre Loi, des souffrances et des horreurs vécues par le peuple ivoirien»

Ce mercredi 9 décembre 2020, des représentants de 4 groupes parlementaires des deux chambres à l’Assemblée nationale se sont prononcés sur la situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire, à quelques jours de la prestation de serment de l’ex-président réélu avec moins de 10% de l’électorat du pays. Ils accusent le président français, Emmanuel Macron, de s’être rendu complices de toutes les souffrances du peuple ivoirien et de la violation de la Constitution.
DÉCLARATION DES GROUPES PARLEMENTAIRES DE L’OPPOSITION EN COTE D’IVOIRE

Les groupes parlementaires de l’opposition en Côte d’Ivoire, à savoir pour l’Assemblée nationale, les groupes parlementaires «PDCI-RDA», «Vox populi» et «Rassemblement», et pour le Sénat, le groupe parlementaire «PDCI-RDA», soucieux de la promotion de la démocratie et de la Paix, tiennent à travers la présente déclaration à attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur la situation inédite de la Côte d’Ivoire en matière de recul démocratique, de violation des libertés individuelles et des droits humains.
En effet, les groupes parlementaires de l’opposition et la grande majorité des ivoiriens ont lu avec stupeur les propos du Président de la République française qui apporte un soutien des plus surprenants au Président sortant Alassane Ouattara pour un 3e mandat illégal et totalement anticonstitutionnel.
Il faut rappeler que le vendredi 20 novembre 2020, dans les colonnes du magazine panafricain «Jeune Afrique», le Président de la République française s’est exprimé sur la situation politique en Côte d’Ivoire. Il a affirmé en l’occurrence : «je pense vraiment qu’il (Alassane Ouattara) s’est présenté par devoir. Dans l’absolu, j’aurais préféré une autre solution, mais il n’y en avait pas», tentant ainsi maladroitement de justifier le coup d’état constitutionnel de Monsieur Alassane Ouattara.
Les Groupes Parlementaires de l’opposition sont outrés de constater que par de tels propos, le Président de la République française se permet d’introduire dans la Constitution de la République de Côte d’Ivoire une disposition qu’elle ne contient pas, à savoir la «candidature par DEVOIR». Cette position officielle de la France pourrait exacerber un sentiment anti-français en Côte d’Ivoire. Il convient de rappeler que la Constitution de la République de Côte d’Ivoire limite strictement le nombre de mandats présidentiels à deux.
Le viol de la Constitution, par Mr Alassane Ouattara a eu des conséquences désastreuses en termes de pertes en vies humaines et de destructions de biens matériels.
En effet, les nombreuses manifestations populaires contre ce troisième (3ème) mandat ont été violemment réprimées par les milices et les «microbes» supportés par le régime de M. Ouattara, comme l’attestent les récents rapports de l’organisation Amnesty International.
On enregistre :
- des attaques de manifestants aux mains nues, à l’arme blanche (machettes, couteaux) parfois à balles réelles ou brulés vifs, occasionnant des morts atroces et des blessés graves, en grand nombre.
- des destructions importantes de biens matériels,
- des arrestations et emprisonnements arbitraires d’opposants politiques et de plusieurs membres d’organisations de la société civile,
- des arrestations et incarcérations de Parlementaires, Députés et Sénateurs, en violation de leur immunité parlementaire,
Au surplus, la crise politique actuelle sert de prétexte à l’instauration en Côte d’Ivoire d’un régime répressif, favorisant les règlements extra judiciaires et banalisant les assassinats et autres crimes politiques.
L’horreur a atteint son paroxysme avec la décapitation, sans suite judiciaire connue à ce jour, de Monsieur N’guessan Koffi Toussaint, un jeune opposant au troisième mandat, dont la tête a servi de ballon de football à ses bourreaux.
Le soutien apporté au régime de M. Alassane Ouattara, fait donc du Président de la République française le complice du viol de notre Loi Fondamentale d’une part et des souffrances et des horreurs vécues par le peuple ivoirien, d’autre part.
Ce parti pris du Président de la République française sur le cas de la Côte d’Ivoire est en contradiction avec la position de la France exprimée en faveur de la promotion de la démocratie dans le monde, notamment au Venezuela, en Biélorussie, au Niger, position fondée sur les valeurs républicaines qui caractérisent la France, pays par excellence, de la liberté et des droits de l’homme.
Au Venezuela, la France s’est rangée du côté de la démocratie, soutenant activement l’appel public de l’opposition lancé par Monsieur Juan Guaido, à l’insurrection populaire et militaire, en vue de donner la chance à une transition politique civile, appelée à rétablir l’ordre démocratique contre le Président déclaré élu, Monsieur Nicolas Maduro.
En Biélorussie, la France a appelé sans ambiguïté à une transition démocratique civile, se rangeant du côté de l’opposition et en faveur de la démocratie, en vue de « chasser » Alexandre Loukachenko, pourtant déclaré officiellement élu.
Au Niger, la France a félicité le Président de la République sortant, Monsieur Mahamadou Issoufou, pour sa sage décision de respecter la Constitution du Niger en renonçant à un troisième mandat.
En Côte d’Ivoire, avant la crise, précisément le 06 mars 2020, à l’occasion d’un point de presse officiel, la France a salué « l’annonce du Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, de ne pas être candidat à l’élection présidentielle de 2020
La France a aussi indiqué que « cette décision ne peut que faciliter l’organisation d’élections consensuelles et inclusives en Côte d’Ivoire », avant de conclure que « cette annonce vient renforcer la norme, déjà inscrite dans la Constitution de tous les pays de la CEDEAO, d’une limite à deux mandats présidentiels. »
Au regard de ce qui précède, les Groupes Parlementaires de l’opposition s’étonnent et s’indignent de la décision de la France de soutenir le viol de la Constitution en Côte d’Ivoire.
Ils attendent plutôt, au nom du respect des libertés et des droits de l’homme, le soutien de la France et de la Communauté internationale au peuple souverain de Côte d’Ivoire en quête de démocratie, en vue d’obtenir :
1 -le respect strict de sa Constitution;
2-la libération immédiate de tous les parlementaires;
3-la libération immédiate des leaders de l’opposition et de tous les prisonniers politiques;
4-la libération immédiate de tous les membres des organisations de la société civile ;
5-le retour sans condition de tous les exilés politiques,
6-la cessation des harcèlements judiciaires spécialement dirigés contre les opposants ;
7-le démantèlement sans délai des microbes et des milices
8-l’ouverture d’une enquête internationale indépendante en vue de faire la lumière sur les crimes et assassinats.
Les Groupes Parlementaires de l’opposition appellent la France et la Communauté Internationale au respect de l’état de droit en Côte d’Ivoire, dont l’un des fondements est l’application rigoureuse de la Loi Fondamentale.
La présente déclaration, des Groupes Parlementaires de l’opposition fait écho des préoccupations des populations et invite la France et la Communauté internationale à la vigilance et à la recherche d’une solution urgente en vue du retour à l’ordre constitutionnel et à la paix en Côte d’Ivoire.
A défaut, la Côte d’Ivoire et toute la sous-région ouest africaine pourraient se trouver exposées à des incertitudes et à l’instabilité.
Fait à Abidjan, le mercredi 9décembre 2020
Pour les Groupes Parlementaires de l’opposition ivoirienne :

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