Côte d’Ivoire-Echec programmé: Un nouveau dialogue politique sans l’opposition significative? Des indices de l’échec
Il faut d’emblée s’interroger. De quel dialogue politique parle le gouvernement ? Il y a eu un premier dialogue politique conduit par feu Amadou Gon Coulibaly et poursuivi par son successeur Hamed Bakayoko. Ce dialogue-là a été boycotté par l’opposition significative à l’exception du FPI d’Affi N’guessan. Les aspirations de l’opposition significative n’avaient pas été prises en compte. Et, les crises pré et postélectorales ont été du fait de ce dialogue unilatéral mené par le gouvernement, des partis politiques non significatifs et des OSC non représentatives. Au final, Affi du FPI avait dénoncé les résolutions de ce dialogue-là, et s’est allié à l’opposition significative dirigée par le président du PDCI-RDA et de la CDRP (Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix). La suite, on la connait.
Il y a eu un autre dialogue politique ouvert le 11 novembre dernier entre les présidents Henri Konan Bédié, chef de file de l’opposition ivoirienne, et le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, à l’Hôtel du Golf, après que des dirigeants de l’opposition aient été ‘’raflés’’ (c’est le terme de Bédié) à la résidence de ce dernier, le 3 novembre, mis sous les verrous de la MACA et dont la libération est exigée avant tout dialogue. Cet autre dialogue, bloqué entre temps, a ses préalables énoncés par le leader de l’opposition. En plus de la libération des prisonniers politiques raflés à sa résidence, selon le président Bédié qui s’adressait à la Nation ivoirienne, le mercredi 9 décembre dernier: «Les questions clés à aborder ensemble porteront notamment sur :
-L’élaboration d’une constitution consensuelle qui garantira une stabilité démocratique, avec des institutions fortes ;
-La mise en œuvre d’un véritable processus de réconciliation qui prendra notamment en compte le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques et militaires ;
-L’indemnisation conséquente des victimes et leurs familles respectives ;
-La réforme de la Commission Electorale Indépendante ;
-L’Organisation des élections, notamment présidentielles, transparentes, crédibles et inclusives, dans un climat apaisé ;
-Le rétablissement de la confiance entre les ivoiriens et les amis de la Côte d’Ivoire en assurant la bonne gouvernance économique, politique et administrative ;
-Le retour de l’Etat de droit dans le respect des libertés fondamentales de tous les citoyens et de la loi, tout en assurant le maintien de l’ordre sans bavures.»
Aujourd’hui encore, le gouvernement ivoirien a annoncé la reprise du dialogue politique lundi 21 décembre sous la conduite du Premier ministre Hamed Bakayoko, afin de « mettre en œuvre les recommandations de la CEDEAO relatives à la Commission électorale indépendante (CEI) » en prélude aux législatives, dans un communiqué lu au journal télévisé de la chaine de télévision nationale.
Le communiqué dit que M. Bakayoko « va procéder à l’ouverture des nouvelles sessions du dialogue politique le lundi 21 décembre 2020 à 10h à la primature », informe le ministre de l’Intérieur, le Général Vagondo Diomandé.
Le Général Diomandé a par ailleurs précisé que « des courriers individuels seront adressés aux responsables des partis et groupements politiques ainsi qu’à ceux des organisations de la société civile concernés en vue de les inviter» à cet effet.
Mais avant ce communiqué, dans son discours d’investiture lundi 14 décembre, M. Ouattara a demandé à Hamed Bakayoko de « reprendre les discussions avec les partis politiques pour mettre en œuvre les recommandations de la CEDEAO relatives à la CEI en vue de la tenue des élections législatives » prévues au premier trimestre 2021 et invité les acteurs «à saisir cette nouvelle opportunité qui s’offre à tous pour aboutir à la décrispation du climat politique afin de renforcer la paix», a rappelé le ministre de l’Intérieur.
Finalement, on se demande si l’ouverture des nouvelles sessions du dialogue politique le lundi 21 décembre 2020 à 10h à la primature pourra se tenir avec le FPI dont le président Affi N’guessan est en prison, avec EDS dont le président Laurent Gbagbo est l’inspirateur est toujours bloqué en Belgique, avec le PDCI-RDA dont le N°2, Pr Maurice Kakou Guikahué, député et président du groupe parlementaire le plus représentatif après le RHDP, le Directeur de Cabinet de Bédié, N’dri Pierre Narcisse sont en prison; avec quel GPS avec Soro Guillaume à l’extérieur et le député Alain Lobognon en prison.
A moins que, voulant réellement aller à la paix, Alassane Ouattara libère les dirigeants incarcérés pour décrisper l’atmosphère très tendue en ce moment. Sinon, rebelote!
Gilles Richard OMAEL/Alerte info
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