Santé du Pr Maurice Kakou Guikahué: Or donc «une assistance n’a pas été déployée avec rigueur» (Koné Kobali)

Autant pour la noblesse et la délicatesse du métier, on n’oblige personne à entrer en politique, autant, sauf l’âge, on n’oblige personne à y mettre un terme. Dès lors qu’une personne, peu importe son genre, s’y met par sa propre volonté de surcroit dans un environnement propice au multipartisme, il doit se convaincre qu’il fréquente désormais un milieu où le seul maître mot est servir, servir, servir ! Il s’agit là de servir son prochain, de servir sa communauté et partant, de servir sans arrière-pensée son pays avec Amour.
Les hommes politiques, qui disposent d’un appareil politique, mettent en place une compilation d’idées que l’on désigne habituellement par le groupe de mots, projet de société. Naturellement, c’est sur la base de la qualité des projets que renferme ce document, que les électeurs, en connaissance de cause, donnent leur voix à l’un ou l’autre parti en lice. Aussi, dans un environnement politique où les choses sont bien faites, où la vie d’autrui est perçue comme une chose vitale et indispensable pour l’ensemble de la société, l’acteur politique de l’opposition ou du parti au pouvoir ne doit pas craindre les coups bas. Il ne doit pas craindre les glissades sur les faces intérieures d’une peau de banane comme des planches de ski. En un mot, il ne doit pas craindre pour sa vie encore moins pour la communauté qu’il s’est appelé à servir.
En un mot, l’acteur politique de tous bords doit pouvoir exprimer en tous lieux ses opinions sur la marche du pays. Lorsque ce parti est dans l’opposition, rien ne doit entraver sa mission de s’opposer civilement. De s’opposer en respectant les prescriptions de la loi fondamentale. Autant le pouvoir en place peut, à juste titre, lui opposer le plein respect de la Constitution, autant l’opposition peut exiger du parti au pouvoir, de respecter au pied et à la lettre, le corpus de la loi fondamentale. En d’autres termes, nul n’est, peu importe sa position, au-dessus de la loi fondamentale. Revenons au cœur de notre objet du jour : De quoi le Secrétaire Général Exécutif en Chef du PDCI-RDA, M. Guikahué, est-il coupable aux yeux du pouvoir en place ? Selon son avocat, Me Atabi, la procédure est en cours. Rappelons que l’homme-orchestre du PDCI-RDA, celui qui, à lui tout seul, fait plus qu’un groupe de cent, a été arrêté le 3 novembre puis incarcéré à la MACA.
Depuis cette date que rien ne justifie dans un Etat démocratique, des alertes récurrentes sur sa santé nous parvenaient comme des échos qu’aucun obstacle ne pouvait dévier. Dès lors eu égard à son rang dans la classe politique nationale et sa qualité de N° 2 dans l’action du PDCI-RDA, la solidarité politique aurait voulu qu’un certain nombre de dispositions aient été prises pour éviter le pire. Apparemment, ce qui a été fait de positif dans ce sens n’a pas été mis à la disposition du grand public dans lequel nous macérons. Je ne dirai pas joyeusement ! Ce grand Homme dont le timbre vocal n’est pas en harmonie avec sa grande stature, ne pouvait pas s’accommoder des conditions d’incarcération et de vie que l’on trouve à la MACA.
Selon son avocat, certainement pour des raisons de «complications cardiaques», il a été, de toute urgence, évacué à l’institut de cardiologie, le vendredi 11 décembre. Pour être lui-même cardiologue de renom et dont les compétences dépassent nos frontières, tant qu’il était dehors, il pouvait maîtriser ses rapides «battements de cœur». Ce qui n’est pas toujours le cas lorsqu’on est détenu dans une prison de la réputation de la MACA ! Pour ce qu’il a été, pour ce qu’il est et ce qu’il sera, il aurait fallu que les autorités sanitaires au plus haut niveau de la république disposèrent de sa fiche de santé afin de prévenir tout nouveau risque ou toute résurgence fatale.
Visiblement, une telle assistance n’a pas été déployée avec rigueur autour de son cas. Voilà qu’à 69 ans, le Général, comme on se plait à l’appeler, aurait piqué la COVID-19 sur son lieu d’incarcération. Dans un centre hospitalier, on parlerait de maladie nosocomiale. Qu’en-est-il lorsque la maladie a été attrapée dans un milieu carcéral où l’on purge une peine dont les limites pénales n’ont pas encore été déterminées ? De sorte qu’à l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, on ne sait toujours pas s’il a été évacué sur la France pour les deux ou pour l’une des deux maladies.
C’est l’occasion de dire un grand merci au chef de l’Etat dont les services médicaux ont ordonné le transfèrement du malade vers la France. Terre de santé africaine par excellence ! Mais là où nous avons une petite gêne, c’est au niveau du moyen de transport. Selon les informations dont nous disposons, M. Guikahué aurait été évacué vers la France, par un vol régulier d’une compagnie régulière.
De deux choses l’une : Soit il y avait urgence, auquel cas, on ne fait pas le choix d’un vol régulier, soit il n’y avait pas urgence, auquel cas, on peut se satisfaire d’un vol ordinaire. La question que je tente de poser est la suivante : Pourquoi l’on n’a pas opté pour un avion privé de la présidence ? On sait que notre pays dispose d’au moins deux Grumman capables de rallier cette distance en évitant les escales qui parsèment le parcours habituel !
Pour tout le service rendu à la Nation, je pense que notre « Général » aurait mérité d’être transporté de toute urgence par un vol spécial ! L’autre incidence est celle-ci, s’il est prouvé que le SGEC a été bel et bien transporté par un vol régulier et non par un vol spécialement affrété, ce geste « d’apaisement » ne nous convainc pas de la bonne disposition des uns et des autres à aller à la réconciliation ?! Car cette façon de procéder nous indique clairement que la détente qui est annoncée par les tenants du pouvoir issu du 31 octobre 2020, émet des signaux contradictoires ! Si l’intention est d’aller réellement à la paix, ils devaient saisir cette occasion pour démontrer à la face du monde, leur belle disposition d’esprit ! Au lieu de cela, cette évacuation sanitaire vers la France par un vol régulier, s’apparente au geste d’un automobiliste qui transporte en trombe un gamin qu’il vient de cogner par imprudence !
À supposer que notre « Général » nous revienne requinqué comme jamais (chose pour laquelle je n’ai aucun doute), allons-nous le reconduire là où il a choppé la COVID-19 ? Là où il n’était plus maître de ses pulsations cardiaques ? Tout comme la nouvelle souche de la COVID-19 qui pousse les Etats Européens à fermer leurs espaces aériens, le génome de la politique ivoirienne se distingue par une variante qui est dangereuse pour la cohésion sociale et, partant, pour la communauté nationale. Osons la paix !
KONE KOBALI, Libre auteur, créateur, In le nouveau réveil
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