Côte d’Ivoire-Critique du pouvoir: Après Yodé et Siro, bientôt le tour de la presse de critique?

Le 03 décembre dernier, aux environs de 14 heures 30 minutes, la radio internationale française « RFI » annonçait que les artistes Yodé et Siro sont mis en garde à vue. Vérification faite sur la page Facebook du groupe Zouglou ivoirien, l’information est confirmée.
La petite question inévitable qui va avec est : « Ah bon ! Mais pourquoi ? »
RFI répond que les artistes Yodé et Siro ont été entendus par le procureur le matin de ce jour. Le célèbre duo de musique Zouglou a été placé en garde à vue mercredi. Les deux artistes avaient déjà été convoqués par la gendarmerie en début de semaine après avoir critiqué publiquement le procureur de la République, Adou Richard, dimanche 30 novembre, lors d’un concert à Yopougon.
Le mot de trop !
Allez dire au procureur Adou Richard que « un mort, c’est un mort », c’est le message lancé par l’un des artistes que sont Yodé et Siro ce dimanche-là dans la commune de Yopougon, lors d’un concert à l’Internat, espace culturel considéré comme le temple du zouglou.
Ce sont des propos en référence aux vies perdues dans les violences électoralesdes trois derniers mois, le célèbre groupe ivoirien laisse entendre que le procureur de la République préfère privilégier les enquêtes contre les militants de l’opposition et responsables présumés de ces tueries.
Suite au concert, les artistes révèlent publiquement qu’ils ont reçu une convocation de la brigade de recherche de la gendarmerie qui les a interrogés mercredi pendant plusieurs heures avant de les placer en garde-à-vue. Ils ont ensuite été présentés devant le procureur Richard Adou. Cette convocation des duettistes du zouglou, réputés pour leurs textes engagés, a immédiatement fait réagir la classe politique de l’opposition, dont son chef de file, le président du PDCI Henri Konan Bédié qui a affiché son soutien total au groupe. Il y a quelques mois, les deux musiciens sortaient leur nouvel album dans lequel le parti au pouvoir était indexé et ils faisaient déjà la polémique sur la scène ivoirienne.
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Cette garde-à-vue intervient alors que le pays traverse une nouvelle crise politique suite à ce que le RHDP appelle « la réélection pour un troisième mandat du président Alassane Ouattara le 31 octobre 2020 ».
Petit rappel…
Le bon observateur peut se poser certaines questions dont voici une seule : Les hommes oublient vite ou la mémoire des hommes politiques est plutôt sélective ? Devrait-on dire.
Yodé (Dally Djédjé, à l’état civil) et Siro (Sylvain Decavailles Aba) sont connus pour être très critiques, à travers leurs chansons, envers le pouvoir politique, aussi bien le régime actuel du président Alassane Ouattara que le régime précédent de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Il convientde rappeler une autre chose : « On dit quoi ? », est un des titres de leur album dénommé Héritage sorti cette année même, qui a été souvent repris lors des réunions de l’opposition lors de la campagne pour l’élection présidentielle du 31 octobre dernier.
Par le passé, certains titres zouglou rangés dans le grand chapitre satirique avaient servi à faire la campagne contre le pouvoir de Laurent Gbagbo. Le genre musical engagé très populaire né en 1990 dans les cités universitaires d’Abidjan tire son essence de là. Cette musique aborde les problèmes de société, n’hésitant pas à critiquer les hommes politiques, la mauvaise gouvernance ou la corruption.
La présidentielle, à l’issue de laquelle le président Alassane Ouattara a sorti son troisième mandat controversé, jugé inconstitutionnel par l’opposition, a entraîné des troubles qui ont fait au moins 85 morts et près de 500 blessés depuis août.
Ces troubles ont débouché sur l’arrestation et la détention depuis plusieurs semaines de quelques personnalités politiques, dont le porte-parole de l’opposition, l’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan et Maurice Guikahué, numéro deux du PDCI vu comme le principal parti d’opposition.
Un sage de notre village disait qu’on ne peut pas être à une telle hauteur, à un tel niveau d’une nation dénommée Côte d’Ivoire sans accepter d’être critiqué. « Tout le monde ne peut pas t’applaudir. Toi-même tu n’a pas forcément besoin de ça… Tu dois accepter les critiques qui t’aident à t’améliorer et à devenir mieux qu’avant. Quel père ou quelle mère rêve que ses enfants ne le critiquent pas ou jamais ? », a-t-il conclu.
Que comptent-ils faire de la presse papier ou en ligne comme Africanewquick qui ne font que critiquer ?
Thierry LEES
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