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Littérature/«Le rétroviseur» d’Omar Sanson: Un bouquet de délices et d’ivresse… de peines forcément

Livre de semaine

Dans le livre d’Omar Sanson, il n’y a nulle part, de politique. Il s’agit plutôt d’écrire sur soi-même. C’est ce qu’Omar a tenté de faire à travers sa toute première œuvre baptisée « Le rétroviseur ». Elle vient de paraitre aux « Editions FUPA » (La maison d’édition des Facultés Universitaires Privées d’Abidjan).  

Arborant  le pseudonyme Omar Sanson, Sylla Aboubakar est inspecteur d’orientation psychologue au ministère de l’Education Nationale. Détaché au Collège Moderne de Grand-Bassam depuis janvier 2011, il a en charge d’aider les apprenants dans l’adaptation, les choix des filières et les trajectoires scolaires et universitaires. Avec lui, les élèves du premier cycle bénéficient d’un réel suivi psychologique.

Autobiographique, Omar a pris le temps de s’imprégner de certains faits pour savoir qui il était et ressusciter l’enfant et ses compagnons. « Le rétroviseur  », 173 pages, prônent les valeurs de la famille, de la fraternité, de l’amitié, de la discipline, car le désordre n’est pas la tasse de thé d’Omar. A côté, il y a la vie avec nos ainés qui n’a pas toujours été tendre, tout comme la vie dans les salles de classes. Des souvenirs agréables, mais également des souvenirs moins attrayants. Omar qui a géré des cabines téléphoniques, apparait comme un modèle pour les jeunes générations.

Orfèvre des expressions et des mots, Omar se tourne parfois vers une écriture ivoirienne authentique qui rend compte de notre culture. C’est avec, toujours un plaisir renouvelée que l’on tourne les pages de cette autobiographie linéaire, chapitrée. Le lecteur ne peut s’empêcher de sourire à chaque carrefour, où l’humour et le cocasse se rencontrent. Tellement captivant ou enveloppant, ce livre se lie facilement.  « J’étais passé d’une famille peu nombreuse à Gnaliépa, à une famille hyper réduite à Tiémé, pour hélas, me retrouver non pas dans une cour, mais dans un véritable village. Si toutes ces fréquentations découlaient du hasard, il n’en demeure pas moins que la vie elle-même, s’agençait pour que je vive plusieurs modes de vie, de difficultés, aussi contradictoires les uns que les autres. C’est ce lot de faits emmagasinés en nous qui s’appelle le bagage d’expériences. Il y eut éventuellement des moments dont nous n’avons plus souvenance. Cependant, il suffisait que nous soyons face à la difficulté, pour nous rendre compte que, d’une manière ou d’une autre, lors de la traversée du désert, le mirage en question aurait ou a été vu quelque part. C’est ainsi que se justifiaient tous ces changements survenus tout au long de notre parcours. Il fallait donc durcir sa foi chaque fois que le changement opéré semblait insupportable. C’est clair que par moment, nous trichions, nous nous écartions de la voie parfaite, pour ne pas subir les affres de la vie puis, plus loin, on se faisait rattraper, comme par enchantement. L’adage dit bien que  c’est au pied du mur qu’on voit le vrai maçon. Alors les regrets refaisaient surface et on abdiquait. Cette nouvelle expérience aussi, il fallait la vivre et l’ancrer dans nos mémoires, de façon à pouvoir en supporter d’autres du même acabit ou d’un calibre supérieur… » (p.151-152).

De nombreux enfants musulmans ont été éduqués dans la culture catholique. Et ce fait, Omar le fait ressortir, lui qui a été chrétien avant la classe de 4è avant de devenir musulman. Ici, il voudrait qu’avant de chercher à prier il faut chercher à comprendre. Bien plus, il ne faut pas rester aux abords des lieux de prière, mais y entrer pour s’imprégner de la compréhension des Ecritures. Que ce soit chez les chrétiens comme chez les musulmans ;  pour ne pas devenir fanatique ; le fanatisme étant très dangereux.  C’est ce qu’évoque Omar, dans le chapitre « Père  Louis Galejon ».

Lorsqu’il regarde dans le rétroviseur, il aperçoit des épisodes de « nos vies d’enfants qui sont à la base des hommes que nous sommes devenus ». Omar a pris le temps de retracer toute une vie d’enfant, mais un retour sur des traces qui fait réfléchir. « L’évangile du souvenir et sa messe selon les écritures d’un enfant. Voilà l’autel sur lequel nous conduit Omar Sanson, en passant par une nef sur laquelle résurgence et réminiscence composent un bouquet de délices et d’ivresse, de joie et de quelques peines forcément. En utilisant cet accessoire mécanique pour faire un flash-back  dans le temps, l’auteur, orfèvre des mots, captive l’attention de toute une génération dorée qui aujourd’hui s’accroche à ce qu’on ne pourra jamais lui voler : l’enfance ivoirienne. Il est important de souligner le caractère culturel de cette enfance, car en Côte d’Ivoire, l’on possède cette identité qui demeure un trésor et qui est jalousement gardée au fond de nos mémoires. A travers villes et villages, dans nos bourgs et nos campagnes, au fin fond de nos forêts, il y a là-bas, couché, ce qui nous a pétris et qui fait de nous aujourd’hui, ces piliers vivants, robustes et résistants, dans un nouvel environnement à la croisée des chemins, où l’ouragan passe et repasse en faisant des ravages. L’éducation familiale, l’éducation populaire, l’école de la rue, un triptyque gagnant hier, et bonifié à travers une œuvre exaltante et qui vous fera sourire profondément après l’office d’une lecture délicieuse », a écrit Pacôme Christian Kipréck), le préfacier. Allons-y donc pour cette lecture agréable !

Tonio Edo


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