Dialogue politique et législatives 2021: L’opposition ivoirienne dénonce et dévoile la colère de ses militants, mais…
DECLARATION DE LA COALITION DES PLATEFORMES ET DES PARTIS POLITIQUES DE L’OPPOSITION RELATIVE AU DIALOGUE POLITIQUE ET AUX ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2021
Propos liminaires
Mesdames et Messieurs de la presse, nous voudrions vous remercier pour votre présence massive à la rencontre de ce matin afin d’assurer la couverture médiatique de notre déclaration de ce jour. Le sujet qui nous réunit aujourd’hui est celui des élections législatives prévues en mars 2021.
Mesdames et Messieurs,
Alors que la Coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition ne s’était pas encore prononcée de façon officielle sur cet important sujet, des informations de la presse nationale et internationale et des réseaux sociaux ont annoncé la participation de notre coalition à ces élections. Cela a suscité des réactions d’incompréhension, d’indignation et parfois même de colère de certains de nos militantes et militants, sympathisantes et sympathisants ainsi que d’une frange de nos populations, compte tenu des conditions calamiteuses et des barbaries perpétrées, lors du scrutin du 31 octobre 2020.
Pour rappel, ce scrutin a engendré plus de 85 morts, plus de 500 blessés, d’importants dégâts matériels, des emprisonnements et des poursuites judiciaires dont de nombreux militants et personnalités de l’opposition font l’objet.
La position de la Coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition, vous vous en souvenez à l’annonce des pseudos résultats de ce scrutin, demeure sans équivoque ! En effet, pour nous ce pouvoir, issu d’une élection rejetée par les électeurs et organisée en violation de la Constitution, est illégitime et illégale.
La conférence de presse de ce jour a donc pour objet de clarifier la position officielle de la coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition sur les élections législatives de 2021 après notre refus de cautionner la violation de notre Constitution lors de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.
Le RHDP, sous le prétexte de la rentrée parlementaire, et faisant fi de l’ordonnance prise à cet effet, laquelle assure la continuité parlementaire, a décidé d’organiser les élections législatives dans la précipitation en vue de légitimer son pouvoir en pariant sur un boycott de l’opposition. Une telle situation lui offrirait un boulevard pour contrôler l’ensemble des pouvoirs, orchestrer une mainmise totale sur notre pays, ses institutions et son peuple. Le but d’une telle manœuvre est de consolider et de perpétuer l’état de non droit en érigeant ces dérives anti-démocratiques manifestes en principes de gouvernance.
Que faire donc face à cette situation?
Laisser le RHDP réussir cet autre holdup électoral ou engager des discussions pour obtenir des concessions minimales pour des élections transparentes et montrer sur le terrain, que le RHDP, s’il ne triche pas, est extrêmement minoritaire.
C’est dans cette optique que le Président Henri Konan Bédié, Président de notre coalition, dans son adresse à la nation du 9 décembre 2020, a demandé que les problèmes de notre pays soient traités par un dialogue national inclusif, élargi à tous les acteurs de la vie politique, bien évidemment, après examen des préalables de l’opposition.
Le vendredi 18 décembre 2020, le Gouvernement a invité à son tour, certains partis d’opposition et certaines organisations de la société civile à la reprise du Dialogue Politique, en vue de l’organisation des élections législatives.
A la suite du discours d’orientation du Président Henri Konan Bédié du 9 décembre, des discussions engagées entre lui et le Président Laurent Gbagbo, notre coalition a décidé de prendre part au dialogue politique pour plusieurs raisons :
Marquer sa volonté de trouver des solutions aux problèmes de notre pays par le dialogue;
Rappeler le cadre de discussion proposé par le Président Henri Konan Bédié ;
Rappeler ses revendications relatives aux conditions à remplir au niveau de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et de l’environnement politique pour des élections crédibles et transparentes ;
Rappeler ses revendications relatives aux crises pré et post électorales de 2020 et celles de la période de 2010.
La séance de lancement des travaux du dialogue politique a eu lieu le lundi 21/12/2020, à la Primature.
Lors de son discours inaugural le Premier Ministre Hamed Bakayoko a affirmé que ce dialogue politique visait deux objectifs majeurs :
Les réglages à faire pour une CEI consensuelle par l’adoption de mesures concertées permettant des élections transparentes et crédibles ;
La création d’un environnement politique apaisé à travers une concertation fraternelle.
Il a également annoncé qu’il n’y aurait pas de sujets tabous et a demandé que les discussions soient franches, sincères et empreintes d’élégance.
C’est donc sur cette base qu’une délégation de la coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition a participé aux travaux qui ont abordé les sujets listés ci-dessous, du 23 au 28 décembre 2020, sur l’environnement politique et sur l’environnement électoral.
Sur l’environnement Politique, il a été demandé :
La libération des prisonniers politiques, civils et militaires de la période 2010 à 2020 ;
Le retour sécurisé de tous les exilés ;
La cessation des poursuites judiciaires dont font l’objet les militants de l’opposition suite aux crises politiques de 2011 à 2020 ;
La poursuite des discussions à un haut niveau entre les présidents Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara ;
L’’organisation des Assises Nationales pour la Paix et la réconciliation ;
L’engagement ferme de la classe politique à poser des actions de nature à créer un climat sociopolitique apaisé adossé à une charte de bonne conduite ;
La mise en place d’un projet de repentance pour l’ensemble de la classe politique ;
La mise en place d’un système de justice et de réparation pour les victimes.
Sur l’environnement électoral, il a été demandé :
L’amélioration du découpage électoral en préservant les acquis ;
L’audit de la liste électorale à l’instar de ce qui s’est fait au Burkina Faso et en Guinée ;
L’octroi d’une valeur de preuve à tous les procès-verbaux de dépouillement des bureaux de vote remis aux représentants des candidats ;
La remise des procès-verbaux de compilations au représentant de chaque candidat ;
Le report des élections législatives au regard du calendrier étriqué au second trimestre de 2021. Ce report ne viole en rien la Constitution qui elle-même consacre la continuité parlementaire. Cela permettra de purger tous les sujets et de soumettre ceux non résolus aux rencontres de haut niveau ;
L’élargissement de la CEI à un autre parti ou groupement politique de l’opposition.
Au terme des discussions, alors que les participants s’étaient majoritairement mis d’accord sur ces points considérés comme des points de convergence, le document de synthèse proposé à la signature des participants a montré que les concessions du Gouvernement étaient bien en deçà de celles attendues.
Ainsi ont été renvoyés aux calendes grecques les points suivants :
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La « rencontre de haut niveau » ;
La libération des prisonniers politiques (2010 à 2020) ;
La cessation des poursuites dont font l’objet des personnalités de l’opposition ;
La repentance des acteurs politiques pour les violences perpétrées ;
La signature d’une charte de bonne conduite ;
Le retour des exilés.
En ce qui concerne la Commission Electorale Indépendante (CEI), les seules concessions faites par la Gouvernement avant les élections portent sur l’élargissement de la CEI centrale et la recomposition des CEL. Les points de convergence évoqués ci-dessus ont tous été renvoyés sine die.
Mesdames et Messieurs des Médias,
La Coalition des Plateformes et des Partis Politiques de l’Opposition est allée à ce dialogue politique animée d’une bonne foi et fermement résolue à œuvrer à la décrispation du climat sociopolitique en vue de créer les conditions d’une élection apaisée et d’une paix durable. Malheureusement, en dépit du discours introductif prometteur du Premier Ministre, le dialogue politique initié par le pouvoir n’a pas abouti aux résultats escomptés.
C’est pourquoi la coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition a différé la signature du rapport final du dialogue politique laissant ainsi, la porte ouverte à la poursuite des discussions.
La coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition rappelle son attachement à la démocratie, au dialogue et à la conduite des élections sur la base de discussions consensuelles.
Mesdames et messieurs, la coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition annonce de façon solennelle, qu’elle participera aux élections à venir. Notre coalition ira en rangs serrés avec une stratégie commune impliquant tous ses acteurs, pour faire barrage au projet du RHDP qui vise à confisquer tous les pouvoirs et à soumettre notre peuple.
La coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition enverra des missions d’explication et de sensibilisation sur l’ensemble du territoire dans les jours à venir.
La coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition invite le Gouvernement et les institutions concernées, à poursuivre les négociations afin que l’ensemble des questions abordées trouve des solutions pour des élections transparentes, crédibles et apaisées.
Enfin, la coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition demande aux militantes et militants, aux sympathisantes et sympathisants ainsi qu’au peuple de Côte D’Ivoire de se mobiliser pour participer massivement aux élections législatives.
L’enjeu majeur est d’assurer à la coalition des plateformes et des partis politiques de l’opposition la majorité absolue au parlement pour lui permettre de reconstruire un état de droit, un état démocratique avec des populations réconciliées, où il fait à nouveau bon vivre
Fait à Abidjan, le Jeudi 7 Janvier 2021.
Déclaration lue par Georges Armand Ouégnin (EDS)
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