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Jean-Louis Billon (PDCI): «2020, nous avons eu un gros raté… un dialogue qui intervient tardivement»

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Le ministre Jean Louis Billon, Secrétaire exécutif chargé de la Communication et de la propagande du PDCI-RDA, était l’invité spécial de Pdci Tv en début d’année 2021. Il a été interrogé sur trois thèmes notamment le dialogue politique en cours entre l’opposition et le pouvoir en place. Ici, nous vous proposons un extrait de cette émission.

2020 a connu des moments difficiles avec le coronavirus, avec le décès des personnalités et surtout des élections calamiteuses. Monsieur le ministre, personnellement, comment avez-vous vécu 2020 ?


2020 a été pour les Ivoiriens une année extrêmement difficile et pour le monde et qui a rendu la vie économique fortement difficile. Pour les Ivoiriens, c’était le grand rendez-vous démocratique. Nous espérions entrer dans une nouvelle ère très démocratique et malheureusement nous avons eu un gros raté. Donc l’année 2020 est une année à oublier pour les Ivoiriens. Mais nous devons tirer les leçons pour que 2021 et les années à venir soient de bonnes années.

Jean Louis Billon

Monsieur le ministre, l’actualité politique est alimentée par le dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition. Nous savons que ce dialogue s’est achevé le 29 décembre dernier. Quelle opinion vous avez de ce dialogue qui s’est ouvert à la fin de l’année 2020 ?
D’abord un regret, car c’est un dialogue qui intervient tardivement. Le dialogue doit être dans la culture ivoirienne, un élément permanent. C’était la principale leçon du président Felix Houphouët-Boigny qui parlait de paix et de dialogue en permanence. On peut régler tous les problèmes en passant par le dialogue. Il aurait fallu commencer par le dialogue avant de terminer par le dialogue. Il faut saluer ce dialogue car mieux vaut tard que jamais et il faut qu’il soit sincère et là malheureusement, nous avons encore des doutes vu les propos préliminaires et les résultats de ce qui nous a été demandé de signer comme document d’où l’opposition qui retarde la signature parce que l’opposition n’est pas satisfaite.

Je rebondis pour dire que l’opposition a différé la signature du rapport final. Comment vous analysez cela ?
C’est normal. Il y a eu des demandes qui sont restées sans réponses. Il faut continuer le dialogue et avoir un autre document à signer

Monsieur le ministre, j’ai envie d’intervenir pour demander si tous les partis de l’opposition étaient présents à ce dialogue.
Les principaux partis, je peux dire oui. La majorité de l’opposition, je peux dire oui.

Un des éléments de ce dialogue était les législatives prochaines. Le gouvernement a fixé la date le 6 mars prochain. Est-ce que cette attitude vous rassure en tant que militant de l’opposition ?
Pas vraiment, dans la mesure où nous sommes dans un dialogue, nous aurions pu décider de la date ensemble. Ce sont des éléments de confiance. C’est vrai qu’il y a un gouvernement en place mais nous sommes une nation. L’ensemble des Ivoiriens est concerné par les élections locales. Donc il faut donner satisfaction à l’ensemble des Ivoiriens. Et il vaut mieux avoir des élections crédibles acceptées de tous que des élections calamiteuses. Si le dialogue n’est pas teinté de sincérité, vous avez toujours des élans d’instabilité. Donc j’aurais préféré qu’on s’accorde en commun sur une date. Et là vous avez un processus de dialogue qui entre dans la confiance. Ils décident autre chose, nous avons décidé d’aller aux élections et nous comptons les gagner.

Jean Louis Billon SE PDCI

Sur la question du dialogue, vous avez insisté sur la sincérité. Nous avons aussi vu le dialogue avec l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. En ce qui concerne les termes de référence, ils ne sont pas arrivés à temps. Est-ce que ceci explique que l’opposition ait différé sa signature ?
Comme le dit le dicton, chat échaudé craint l’eau froide. Nous sommes donc méfiants. Il faut des actes concrets pour que nous retrouvions la confiance. Il appartient au gouvernement de donner ces actes concrets. S’entendre sur une date d’élection aurait été un bon début. Répondre à la libération des prisonniers politiques aurait été un bon début. Entamer la réforme de la Commission électorale aurait été également un bon début. Ce sont de petites choses qui peuvent avoir de grands effets.

La réforme de la Cei et d’autres choses ne sont pas acquises et vous allez aux élections ?
Nous n’allons pas aux élections comme cela. Nous nous organisons pour aller aux élections pour les gagner parce que nous sommes persuadés que nous avons la majorité sur le terrain et nous allons le démontrer en remportant ces élections. L’opposition part en rangs serrés. Dans chaque circonscription, nous aurons un candidat de l’opposition peu importe son parti politique pourvu qu’il soit de l’opposition, nous allons le soutenir. L’ensemble de l’opposition fera bloc. Il faut différencier le pouvoir exécutif du pouvoir législatif. Le législatif, c’est la représentation populaire qui est en jeu et il est hors de question que nous soyons absents et laisser le pouvoir en place tout prendre.

Billon et Bedie

Mais vous ne craignez pas pour le délai imparti ?
Bien sûr, ils avaient préparé leur coup bien longtemps pour enclencher ces élections. Ils sont certainement déjà prêts. Nous sommes des partis politiques organisés. Si nous faisons de la politique pour participer au jeu électoral. Donc à tout moment, nous sommes prêts pour les élections.

Est-ce que vous réclamez un report pour réajuster votre stratégie ?
Le report, ce n’est pas réajuster notre stratégie. Le report, c’est pour apporter des réponses aux préoccupations que nous avons telles que la réforme de la Cei.

Au parlement, est-ce que ce sera un groupe parlementaire de l’opposition ou ce sera émietté ?
Le moment venu, nous allons voir. Un groupe parlementaire qui est minoritaire, il restera minoritaire quel que soit le pouvoir qui sera là.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est en quête de paix avec ce que nous avons connu. Est-ce que vous pensez que cette quête de la paix est possible aujourd’hui ?
La paix est toujours possible. Les êtres humains aspirent à une chose, c’est la paix. Si vous avez suivi les nouvelles, ce qui s’est passé aux Etas Unis est sans précédent. C’est dire comment les démocraties sont fragiles. Les propos des leaders peuvent attiser la haine, la violence pour fragiliser la paix. En Côte d’Ivoire, nous recherchons cette paix. Et depuis le coup d’Etat de 1999, nous recherchons cette paix. Nous n’avons jamais trouvé de stabilité réelle et continue. Au moment où le Pdci consolidait le Rhdp, nous avons connu une période assez longue de stabilité. A partir du moment où le Pdci s’est retiré, nous sommes dans une instabilité. Les élections qui se sont passées ont été violentes avec des morts, des blessés. Ce n’était pas ce à quoi nous nous attendions mais nous devons construire la paix. La Côte d’Ivoire a connu cette période de croissance et de développement. L’ensemble des Ivoiriens doit se sentir par le processus de développement car trop d’Ivoiriens se sentent exclus. Nous avons le dialogue qui est l’arme des forts pour consolider la paix. Et tout le processus démocratique, la justice, l’équité sociale en général favorise la paix et permet à un pays d’amplifier sa croissance et son processus de développement. Nous devons à tout prix retrouver cette paix. Le Pdci qui est un parti de paix et de dialogue qui a été construit comme cela donc nous entrons dans le processus de dialogue parce que nous pensons à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens. Ce n’est pas une faiblesse. Faisons les choses autrement. Je pense qu’au terme du processus du dialogue, nous allons finir par nous entendre tous et construire la paix, la démocratie pour les Ivoiriens et pour le futur. Nous sommes le seul pays qui n’a pas connu d’alternance démocratique paisible où on voit un ancien président passer le flambeau à un nouveau président élu. Il est temps que les Ivoiriens nouveaux connaissent cela. C’est tout ce qui manque à la Côte d’Ivoire. Et lorsqu’on n’aura pas fait ce déclic-là, tout nous sera permis. Nous sommes forts culturellement, nous sommes forts économiquement, nous sommes forts socialement. Mais tant que nous n’arrivons pas à avoir une vraie démocratie, nous resterons faibles.
Propos recueillis sur Pdci Tv par F. C.


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