Législatives 2021/Koné Kobali aux Ivoiriens: «Il y a des repas dont on doit s’abstenir de manger»

Lorsque le jeudi noir du 06 Août 2020 s’est présenté recouvert de la tête aux pieds de la bâche noire de la proposition de candidature du «sortant» à un troisième mandat anticonstitutionnel au regard de l’article 55, la Côte d’Ivoire a assisté, grâce aux actions conjuguées à l’unisson de ses fils et filles, à la naissance d’une nouvelle conscience nationale.

Celle qui visait à restaurer et à perpétuer la noble vision du père fondateur Félix Houphouët-Boigny. Celle qui entendait s’opposer vaille que vaille au projet anticonstitutionnel de Ouattara. Celle qui entendait s’illustrer par des actes qui honorent l’esprit et la spiritualité de notre République. Celle qui pensait n’avoir d’autre devoir que celui de sauver l’outillage entier de l’Houphouétisme. Celle qui entendait laisser à la jeunesse et à la postérité, des modèles de gouvernances dignes de la réputation de notre pays et de son histoire à travers le monde.

La conscience nationale, de par ses attributs les plus aboutis, est une démarche fondamentale de qualité. Le processus de sa réalisation, à terme, ne doit pas souffrir d’hésitations ni de compromissions. La conscience individuelle n’a de relief et de respectabilité que si elle s’identifie, s’allie et s’arrime à la perfection au projet de conscience collective à l’échelle d’une nation.

La conscience nationale est un état collectif qui commande respectivement à toutes les individuations. En son nom, le peuple peut tout. Le peuple doit tout. Le peuple est tout.

A cet égard, prétendre à l’émergence de la volonté personnelle est un non-sens. La volonté personnelle s’assimile à un acte de traitrise et de barbarie contre le peuple et la nation.

Le défi de la conscience nationale, et sa perpétuation dans le temps et dans l’espace, n’aura pas le temps de tenir toutes ses promesses. Les blocus, les emprisonnements, les exils forcés et autres contraintes psychiques et physiques, ont eu facilement raison du printemps de l’union sacrée du peuple et de son opposition politique (une partie).

Et pourtant, des vies ont été arrachées. Des biens consumés par de hautes flammes sont partis en fumée. Des rêves se sont écrasés contre le mur de la dictature et du « devoir ». Echaudés qu’ils étaient, des nationaux bien établis se sont mis en quête d’un ailleurs paisible hors des frontières.

Le peuple, dans sa grande majorité, est resté stoïque et déterminé à jamais. L’ère de nous dire, on ne referme pas, à coup de défections insipides, l’expression d’une nouvelle ère chargée de promesses certaines et nouvelles. Le paysage de l’union sacrée autrefois très soudée et débordant d’inspirations nous donne à voir un triste spectacle dans lequel un certain nombre d’acteurs excellent.

Autrefois membres accomplis et convaincus de l’exploitation par le peuple de la désobéissance civile, certains acteurs de l’opposition tournent royalement le dos au peuple. Pourquoi ils ne l’ont pas fait hier comme certains l’ont fait en prenant faits et causes pour l’usurpation du pouvoir d’Etat ? Pourquoi avoir soutenu le combat de la liberté hier et se constituer en « libres prisonniers ou prisonniers libres» aujourd’hui ? Qu’est-ce qui, en face, aurait changé sans que cette nouvelle donne ne trouve l’assentiment du peuple ?

La défense du peuple est-elle limitée dans le temps, comme peut l’être la vie d’un produit de consommation (générique) soumis à une date de péremption ? Notre pays peut-il, à bon droit, se gargariser d’avoir le corps et le profil d’un peuple homogène ? La défense de nos intérêts (égoïstes) n’est-elle pas finalement la plus redoutable des maladies qui peut flétrir les ardeurs légitimes du  peuple ? L’égoïsme ne serait-il pas ce mal pernicieux  qu’il faut combattre comme la pandémie venue de Chine pour la préservation de l’unité et la vaillance du peuple ?

Le peuple est une masse qui est appelée à s’étendre indéfiniment et non à s’étioler par-à-coup! Le malheur d’un jeune pays comme le nôtre arrive toujours par la succession de fausses promesses faussement entretenues par la courte bravoure que certains acteurs suscitent au sein des populations.

La grande alliance de l’opposition autour du peuple n’aura duré que le temps d’une chape d’intimidations. Que le temps d’une évaluation saine des rapports d’intérêts. Que le temps d’une menace. Que le temps de nos turpitudes. Que le temps d’un amour fugace à l’endroit du pays. Que le temps d’une intrigue. Que le temps d’une entourloupe. Que le temps d’un jeu en défaveur du peuple.

L’histoire nous apprend que qui louvoie avec les attentes suprêmes du peuple étouffe, sans espoir de survie, les avantages qu’il compte tirer de ses divagations ! Et le plus cruel dans tout ça, c’est de croire en l’illusion d’une liberté factice que seule nous concède la volonté effrénée d’aller et de demeurer au restaurant !

Pour ceux-là, le buffet national est ouvert! Mais force est de constater qu’une fois encore, le peuple de Côte d’Ivoire ballotté et floué par certains de ses fils, est orphelin d’une infime partie de sa classe politique!

Heureusement que dans le jeu pour la dignité nationale, le peuple bénéficie encore et toujours du soutien appuyé et inconditionnel des plus grosses pointures que compte notre résilient beau pays : Bédié du PDCI-RDA auquel tout le monde envie le pouvoir du bel âge ! Gbagbo du FPI et Soro de GPS.

L’histoire qui n’a d’autre alternative que de se dérouler sous la curiosité de nos yeux à tous, va bientôt distribuer aux protagonistes de chaque camp, le résultat achevé de nos luttes! Justes ou injustes ? ! Je ne doute pas que la sélection naturelle qui opère sous nos yeux, arrive comme une tape amicale dans le dos du peuple qui saura user de ses droits civiques le moment venu!

Dieu éloigne du peuple ceux qui s’éloignent de lui pour mieux les rapprocher ! Chez nous au pays Sénoufo, on dit souvent quelles que soient la générosité du restaurant et la variété du menu, il y a des repas dont on doit s’abstenir de manger !

KONE KOBALI, Libre auteur, créateur

In Le Nouveau Réveil

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