Employés dans le secteur de la pêche: Les marins pêcheurs Ivoiriens en danger
Le Syndicat des marins pêcheurs de Côte d’Ivoire (SYMAPECI), par la voix de Dakoury Jean De Dieu, son Secrétaire général, a récemment dénoncé dans une entrevue, la cruauté de leurs employeurs qui foulent la convention collective aux pieds.
« Notre convention collective qui est notre boussole en matière de traitement salarial et d’amélioration de nos conditions de travail, date de 1989.
Mais nous la tenons comme support. Pour l’amélioration de nos conditions, il faut au préalable aller sur la base de cette convention même si elle est caduque.
Mais ce n’est pas le cas. Les marins pêcheurs souffrent terriblement », regrette-il.
Et d’expliquer : « Par exemple, la convention stipule que l’équipage de pêche perçoit le quart des revenus de la prise de crevettes par un chalutier qui est commis pour pêcher du poisson. Si la vente de crustacés rapporte 1 million FCFA, le ¼ de cette vente revient à l’équipage du navire.
L’armateur perçoit ¾ de cette somme.
Si le navire pêche du poisson, il n’y a pas de problème de répartition des revenus.
Les problèmes que nous avons, découlent de l’arrivée des bateaux chinois gérés par des armateurs ivoiriens. Ils ont supprimé cette prime. Nous ne savons pas où cela va.
La gratification n’existe plus. Il n’y a pas de véritables contrats de travail pour notre corporation. Les marins sont maltraités sur les navires avec la complicité de nos camarades qui gèrent l’armement. »
Pour lui, il y a aussi un problème concernant le repos des marins.
En effet, un marin qui passe 30 jours en mer, a droit à 5 jours de repos payé, selon la convention collective.
Mais cela n’est pas respecté. Car le marin revient de voyage et retourne le lendemain sans repos.
Cela provoque des accidents de travail comme ceux dont le jeune Kouassi et N’zi Koffi ont été victimes.
Le premier cité a vu son pied coupé par le treuil et les câbles du bateau à cause de la fatigue et de son état de somnolence.
Le second est tombé accidentellement à l’eau en octobre 2019 d’un bateau palangrier et son corps n’a pu être retrouvé.
« Imaginez 5 ou 6 mois sans repos pour un homme. On a l’impression que l’administration maritime est du côté des armateurs véreux. Beaucoup de marins ont été débarqués pour avoir réclamé ce repos. Notre travail est le plus difficile et le plus dangereux au monde. Ce qui nous écœure, c’est que ceux qui nous font subir cette galère ne connaissent ni la lagune, ni la mer », s’insurge Dakoury Jean De Dieu.
Comme autre problème majeur, il avance que les marins signent des contrats vides de sens, visés par l’inspection du travail maritime,qu’eux même ne voient jamais.
Selon lui, ces contrats ne respectent aucune norme internationale alors que ceux signés par les sénégalais sont sous la base de l’Organisation internationale du travail (OIT).
« Des marins sont payés à 97.000 FCFA et on ne sait pas sur quelle base ce salaire est fixé. Les accords avec l’Union européenne stipulent que ce salaire devrait passer à environ 385.000 FCFA par mois comme salaire de base. Car là, s’applique la loi de pavillon ; c’est-à-dire qu’un marin qui travaille sur un bateau français doit être payé comme un français.
Malheureusement plusieurs marins pêcheurs vivent dans la misère sans déclaration à la CNPS. Et l’assurance complémentaire n’existe que de nom puisque personne n’en bénéficie avec sa famille», relève-t-il.
Le ministère des Affaires maritimes à travers la Direction générale des Affaires maritimes (DGAMP), l’inspection du travail maritime et toutes les entités impliquées dans la gestion de la pêche, sont interpellés par cette situation.
Nathanaël Yao
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