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Dia Houphouët Augustin (député PDCI de Yopougon): «Les populations me sollicitent pour les échéances à la mairie»

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Député de la commune de Yopougon, Yohou Dia Houphouët Augustin, décrypte l’actualité nationale, non sans analyser la situation de son parti, le Pdci-Rda. Pour lui, une restructuration s’impose au Pdci avant d’affronter le défi de 2025.

Vous êtes député à l’Assemblée Nationale, vous vous êtes battu pour y être. Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez le sentiment que le travail de parlementaire se passe comme vous l’avez imaginé ?

Pas vraiment, puisque pour l’instant, je constate que nous ne travaillons pas assez. Mais les anciens parlementaires m’ont fait comprendre que c’est comme cela que ça se passe, et qu’il y a des périodes d’accalmie et des moments où le travail est très dense.

L’on annonce plusieurs projets de loi qui vous seront soumis au Parlement, notamment des lois qui ont trait à la vie de la nation. Etes-vous préparé à recevoir ces projets de loi ?

Nous appartenons à un groupe politique au sein du Parlement. A partir du moment où vous appartenez à un groupe politique, vous ne pouvez pas être contre les décisions prises par ce groupe. C’est la majorité qui l’emporte toujours. Et surtout, la culture Pdci nous recommande d’apprécier souvent les choses selon la ligne du Parti. Sinon, nous sommes toujours préparés à analyser les lois.

Parlant de loi, il y a votre collègue, le député Assalé Tiémoko, qui envisage l’introduction à la prochaine session, d’un projet de loi sur la limitation d’âge relativement à l’élection présidentielle de 2025. Serez-vous favorable à une telle proposition de loi ?

Le député Assalé Tiémoko peut faire une proposition de loi, car au niveau de l’analyse des lois à l’Assemblée Nationale, il faut savoir qu’il y a deux types de lois. Il y a les projets de loi qui émanent du gouvernement. Et vu que le groupe parlementaire proche du gouvernement est majoritaire, ces projets de loi passent généralement comme des lettres à la poste.

Quand cette loi vient d’un député, c’est une proposition de loi. Mais pour qu’une proposition de loi soit adoptée, il faut que cela rencontre l’adhésion de la majorité des députés. En tout état de cause, nous entendons voir la proposition de loi que le député Assalé Tiémoko va nous soumettre.

Dia Houphouet

Est-ce que la question de la limitation d’âge pour la prochaine présidentielle taraude l’esprit des députés ?

Cette question taraude l’esprit de toute la nation, à partir du moment où nous militants du Pdci-Rda, nous nous sommes sentis abusés, parce que pour la modification de la Constitution avant 2020, l’on nous avait expliqué que cela ne permettait pas au Chef de l’Etat de se présenter pour un 3è mandat à la présidentielle. Le verrou de l’âge a été sauté, un poste de vice-président a été institué à la faveur de la modification de la Constitution. Mais chemin faisant, cette modification a permis, avec différentes interprétations de la Loi fondamentale, qu’un 3è mandat soit accordé au chef de l’Etat. Là, nous autres de l’opposition, nous nous sommes sentis abusés parce que nous n’avons pas la même interprétation de la Constitution. Et au finish, nous pensons que cette modification de la Constitution, en réalité, elle ne devrait pas avoir lieu. Ainsi donc, l’âge limite de 75 ans qui était inscrit dans l’ancienne Constitution, ne valait pas la peine d’être sauté. Moi, j’appartiens à un groupe politique et nous, nous sommes alignés sur la décision de notre groupe politique. Mais dans tous les cas, nous n’avons pas la majorité. Donc si l’on présente ce projet de loi et que la majorité l’adopte, cette loi sera votée.

Pour ce qui est de la vice-présidence, depuis la démission de Daniel Kablan Duncan, ce poste est vacant. Est-ce que cette question préoccupe les députés ?

Le problème de fond auquel nous sommes confrontés, c’est de voir ce que la vice-présidence nous a apporté en termes de valeur ajoutée. On constate que sans le poste de vice-présidence, le pays fonctionne bien. Qu’est-ce que le Sénat apporte de nouveau que l’Assemblée Nationale n’a pas déjà fait ? Est-ce que le Sénat n’est pas budgétivore ? Pour voir la valeur ajoutée qu’apporte une Institution, on doit sentir qu’il y a une différence avec l’existant. Dans le cas du Sénat, par exemple, l’on n’a jamais constaté qu’une loi votée à l’Assemblée Nationale a été bloquée par le Sénat. Bien au contraire, toutes les lois passent comme des lettres à la poste, même au Sénat. Donc, on peut conclure que dans la configuration politique actuelle, le Sénat n’a pas vraiment sa raison d’être. C’est tout cela qui doit fonder notre réflexion et nous amener à nous demander, est-ce que la modification de la Constitution avait sa raison d’être ? Au regard de tout cela, on se rend compte que cette modification n’avait pas sa raison d’être à notre avis. Donc, je pense que l’ancienne Constitution doit simplement reprendre forme.

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Au plan national, beaucoup avaient nourri l’espoir que la réconciliation prenne son envol au mois de juillet dernier. Mais il y a une opinion qui pense que ce processus s’est arrêté. Est-ce que vous partagez cet avis ?

La réconciliation est un processus qui, à mon avis, suit son cours. Le grand problème qui se pose à mon avis, ce sont les soupçons de part et d’autre qui donnent l’impression que les choses n’avancent pas. Sinon, je pense que les discussions continuent pour faire aboutir le processus.

Est-ce que vous avez un schéma à proposer pour la réconciliation ?

Pas de schéma général en tant que tel, mais nous sommes au quotidien avec les populations. Et le constat que nous faisons, c’est qu’il n’y a pas de frissons entre ces populations et nous. La preuve, c’est que souvent, nous enlevons la casquette politique pour être avec toutes les composantes de la population. C’est ce que je peux, à mon humble niveau, faire. C’est vrai qu’avec les gens du Rhdp, nous gardons un peu notre distance, c’est pourquoi d’ailleurs, la réconciliation s’impose pour lever toutes les barrières.

Il y a une dynamique qui a été amorcée à Yopougon au niveau de l’opposition, à laquelle vous êtes partie intégrante. Avez-vous le sentiment que l’opposition est toujours dans cette commune ?

Il n’y a pas de problème au niveau de l’opposition, nous sommes ensemble. Mais par rapport à l’expérience que le Pdci a vécue avec le Rhdp, qui s’est soldée par la trahison, nous évoluons avec prudence. Ceci dit, nous travaillons ensemble sur le terrain, mais chaque parti politique fait ses activités. Nous espérons qu’au moment opportun, nous serons ensemble comme nous l’avons fait aux législatives.

Après les législatives, est-ce qu’on peut envisager que vous serez encore ensemble pour les prochaines échéances ?

La politique, c’est la saine appréciation des réalités du moment. Au fur et à mesure que nous avançons, jusqu’aux municipales, si nous sentons qu’ensemble nous serons plus forts, nous irons ensemble. Mais ce ne sera pas la même configuration que pendant les législatives. La commune de Yopougon était considérée comme le bastion du Fpi par le passé. Là, nous n’étions pas sur le terrain. Mais le constat que nous faisons aujourd’hui, c’est que Yopougon n’est pas le bastion d’un parti politique. Dans cette commune, le poids de la société civile est plus fort que celui des partis politiques. Donc la configuration a changé. Depuis que je suis sur le terrain, j’ai constaté qu’une bonne organisation d’un parti politique qui investit le terrain comme je le fais, ce parti politique peut récupérer la commune de Yopougon.

Voulez-vous dire que le Pdci-Rda a de fortes chances de s’imposer à Yopougon ?

Oui, le Pdci a de larges chances de s’imposer à Yopougon. A Yopougon, c’est d’abord la personnalité avant le parti politique. Une personnalité disponible, qui est en contact avec les populations. C’est ce que le président Laurent Gbagbo a eu à faire dans le passé. C’est pourquoi en laissant tomber le Fpi, le président Laurent Gbagbo ne s’inquiète pas, puisque sa personne attire plus que son parti, le Fpi. Et c’est ce travail que nous essayons de faire. Certes, je suis militant du Pdci, mais tous ceux qui me suivent à Yopougon ne sont pas forcément des militants du Pdci. Certains apprécient simplement le député que je suis, parce que je suis accessible, je suis toujours présent à leurs côtés. La commune de Yopougon est très grande. Il y a deux millions d’habitants, on parle de 55 000 électeurs et plus de 153 000 Km2. Et l’impact que nous avons déjà porté est énorme parce qu’aujourd’hui, le Pdci-Rda renaît à Yopougon.

Quelles sont vos relations aujourd’hui avec les délégués Pdci de Yopougon ? Peut-on dire que la paix est revenue après les incompréhensions d’il y a quelque temps ?

C’est moi qui ai le lead aujourd’hui, à Yopougon. Et à partir de ce moment, c’est comme si c’est moi qui porte sur la tête la calebasse. Donc tant bien que mal, je fais l’effort de consolider la paix, de faire en sorte que tout le monde soit ensemble, et faire en sorte que le Pdci-Rda reprenne sa place à Yopougon. Le Pdci a eu un maire à Yopougon qui était Doukouré Moustapha, et qui est resté comme une référence dans l’esprit des populations. Et c’est ce travail que nous voulons faire. Toutes les incompréhensions qui existaient ont été aplanies. Tout le monde a compris que c’est le Pdci qui gagne. Et il est important que nous fassions bloc pour un lendemain meilleur.

Le Pdci votre parti nourrit l’ambition de la reconquête du pouvoir en 2025. Quelle est votre opinion sur le travail qui est fait en vue de cet objectif ?

Je pense que nous sommes confrontés, en ce moment, plus à un problème de positionnement qu’à un problème de stratégie pour la reconquête du pouvoir. Et c’est vraiment dommage. Mais c’est de bonne guerre. Ce que les gens doivent savoir, c’est que cela fait 22 ans que le Pdci est à l’opposition, et cela ne peut plus durer. A partir du moment où nous célébrons les 75 ans du Pdci, où nous faisons un bilan par rapport aux perspectives pour atteindre les 100 ans, cela voudrait dire qu’il y a quelque chose qui n’a pas marché. A partir de ce moment, nous tombons dans une situation où il faut absolument restructurer le Pdci pour atteindre cet objectif. Car si le Pdci revient au pouvoir aujourd’hui, c’est tout le monde qui en bénéficie. Donc les batailles de positionnement, de personnes et les autres batailles, n’ont pas lieu d’être. Moi, je suis focalisé sur le parti. De 2010 jusqu’à ce jour 2021, le Pdci n’a participé qu’à une seule élection présidentielle. Et cela n’est pas normal.

Pour vous, le moment est venu pour le Pdci de faire un break pour faire un bilan avant de continuer la marche ?

Cela est fondamental. Pour moi, en 2020, j’étais pour que le Pdci parte à l’élection présidentielle. Car j’étais convaincu que c’était une opportunité pour le président Bédié de gagner les élections. Pour moi, tout était mis en œuvre pour que le Pdci remporte les élections. Le président Gbagbo n’était pas présent, le président Soro Guillaume était en exil. C’était juste un mot d’ordre de l’opposition qu’il fallait. Et avec les résultats que nous avons eus à Yopougon, lors des législatives, cela vient conforter la conviction que j’avais eus. A Yopougon, nous avons battu le ministre Koné Kafana qui était le ministre chargé des Institutions, alors que les Cei locales étaient aux mains du Rhdp. Et nous avons gagné parce que nous étions déterminés. A Yopougon, nous avions 1200 bureaux de vote et nous avons mis deux représentants par bureau de vote (…) Et nous avons gagné. Et j’étais convaincu qu’en 2020, ça allait être le même schéma lors de la présidentielle, c’est-à-dire, on gagnait et on se battait pour arracher notre victoire comme nous l’avions fait à Yopougon. Mais la direction de notre parti en a décidé autrement. J’espère que 2025 sera bon pour nous, parce que le Pdci ne peut pas ne pas aller à élection présidentielle.

Donc, 2025 est un impératif pour le Pdci-Rda, à vous entendre.

Non le Pdci ne peut pas se payer le luxe de ne pas être dans la bataille pour la reconquête du pouvoir en 2025. C’est plus qu’une obligation pour le Pdci d’aller aux élections de 2025. Car, si nous ne le faisons pas, cela peut engendrer d’autres problèmes internes. Un parti est créé pour exercer le pouvoir d’État. Si vous ne le faites pas, les velléités de position en interne peuvent emporter le parti.

De plus en plus, il est question du transfert du pouvoir à la nouvelle génération. Quelle est votre opinion sur la question ?

Moi, je dirai que nous avons besoin d’une relève au Pdci. Je ne m’inscris pas trop dans le terme de nouvelle génération. C’est un terme qui vient du parti au pouvoir qui estime qu’il faut remettre le pouvoir à la nouvelle génération. Mais, c’est important que cette relève ait lieu. Dans tous les cas, c’est quelque chose qui va se passer naturellement, nous ne pouvons pas rester là à croiser les bras pour attendre cela. Il y a beaucoup de jeunes, aujourd’hui, à qui il faut donner l’opportunité, car ce sont ces jeunes qui peuvent aller au combat. Et quand on va au combat, c’est sans état d’âme.

Est-ce que vous jeunes, vous nourrissez la dynamique de prendre cette relève ?

Nous menons cette réflexion et nous peaufinons les stratégies. Mais il faut faire remarquer que nous sommes jeunes, nous sommes fougueux et que nous avons besoin des anciens pour nous encadrer. Et nous affichons cette volonté.

Est-ce que ce débat sur le renouvellement générationnel apporte quelque chose au Pdci-Rda, aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut que nous commencions à mener ce débat à partir de maintenant, et ne pas attendre 2025 pour embrouiller les militants. Il faut que ça commence maintenant et que nous échangions véritablement sur la question. Quoi qu’on dise, c’est une réalité, c’est un besoin qui s’impose à nous. Le changement générationnel ne veut pas dire qu’il faut chasser toutes les personnes âgées. Ce n’est pas ça l’objectif. L’objectif, c’est que nous sommes arrivés à un stade où il faut que l’encadrement s’effectue maintenant et que nous travaillions avec nos aînés, qui sont pétris d’expériences, pour que le changement en 2025 se fasse sans remous. Car, qu’on le veuille ou pas, cela va arriver. Pourquoi donc ne pas anticiper ? Nos adversaires travaillent sur cette question, il nous faut également l’intégrer et travailler également sur la question.

Si vous avez une recommandation à faire aux militants de votre parti, que leur diriez-vous par rapport à 2025 ?

Je pense que la restructuration du parti doit commencer dès maintenant et cela en profondeur. Les séminaires éclatés sont donc les bienvenus pour pallier cela. Nous souhaitons simplement que les résolutions ne restent pas dans les tiroirs. Que les conclusions soient sues de tous parce que ce sont tous les militants du Pdci qui se sont mis ensemble pour réfléchir pour le bien du parti. Et nous devons faire en sorte que ces recommandations faites par la base soient appliquées.

Des voix se font entendre de plus en plus pour indiquer que le député Dia Houphouët, après son succès aux législatives, lorgne désormais la mairie de Yopougon. Vous confirmez cette information ?

Je pense et je le dis tout le temps. Quand vous voulez être maire d’une commune, ce n’est pas à vous de le crier sur tous les toits. Vous investissez le terrain et vous posez des actes. Et ce sont les populations, en voyant cela, qui vous sollicitent. Et aujourd’hui, partout où je passe, les populations me sollicitent pour ces échéances à la mairie. Et cela nous encourage à poursuivre notre travail et à continuer nos actions. En toute sincérité, à la prochaine élection municipale, à Yopougon, je serai candidat, car les populations m’ont sollicité et je ne peux pas les décevoir. Mais je continue de travailler pour le bien-être de la population. Dans tous les cas, Yopougon sera à l’opposition et c’est un engagement. Et moi, je ne m’engage jamais si je ne suis sûr de gagner.

Interview réalisée par PAUL KOFFI et JEROME N’DRI (In Le Nouveau Réveil du vendredi 17 septembre 2021)


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