Congrès constitutif : Le discours de Dano Djédjé qui en dit long sur les raisons de la création du nouveau parti de Laurent Gbagbo
Le Congrès constitutif du nouveau parti de l’ex-président Laurent Gbagbo s’est ouvert, hier samedi 16 octobre, au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan. Le président dudit congrès, Pr Sébastien Dano Djédjé a prononcé un discours d’orientation qui en dit long sur les raisons profondes de la création d’un nouveau parti politique. Discours intégral.
«…) C’est avec une immense joie que nous prenons la parole devant cet auguste assemblée, en qualité de Président du congrès constitutif de notre nouveau parti. Avant tout propos, nous voudrions d’abord remercier son Excellence le Président Laurent Gbagbo, pour avoir porté son choix sur notre modeste personne pour présider aux destinées de ce congrès constitutif. Au nom de tout le présidium et toutes les personnes de bonne volonté qui travaillent à la réussite de ce congrès, et à notre nom personnel, nous voudrions, Excellence monsieur le Président, vous exprimer toute notre gratitude. Nous espérons être à la hauteur de vos espérances pour mériter cette confiance placée en nous.
Ensuite, nous adressons nos remerciements au Président Alassane Ouattara, qui a spontanément permis qu’une forte délégation du RHDP, conduite par le Ministre Adama Bictogo soit à cette cérémonie.
Nous voudrions enfin remercier nos honorables invités venus d’horizons divers, ainsi que les représentants des partis politiques, les chefs traditionnels, les guides religieux, les représentants de la société civile, et tous les militants et sympathisants qui sont venus nombreux à ce congrès.
𝗘𝘅𝗰𝗲𝗹𝗹𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗺𝗼𝗻𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁, 𝗛𝗼𝗻𝗼𝗿𝗮𝗯𝗹𝗲𝘀 𝗶𝗻𝘃𝗶𝘁𝗲́𝘀, 𝗠𝗲𝘀𝗱𝗮𝗺𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗠𝗲𝘀𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿𝘀,
Nous sommes ici, à l’initiative d’un homme. Un homme qui nous avait été enlevé depuis la crise postélectorale d’avril 2011, pour être emprisonné pendant huit ans à la Cour Pénale Internationale (CPI). Ils étaient certainement plus nombreux, ceux qui étaient persuadés qu’il n’allait plus jamais revenir en Côte d’Ivoire, son pays, contrairement à ceux qui, malgré les railleries et les humiliations, y croyaient dur comme fer. C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à tous les ivoiriens et africains qui, pendant dix ans, ont battu le pavé pour la libération définitive du Président Laurent Gbagbo.
C’est donc à l’initiative de cet homme, Laurent GBAGBO, acquitté définitivement, blanchi de tous les crimes dont il était abusivement accusé, que nous nous trouvons ce jour dans cette salle mythique du Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire.
Depuis qu’il est là, tous ceux qui ont été brimés, arrêtés, exilés ; bref, tous les ivoiriens et africains qui croient en lui et qui ont accepté de se battre pour sa libération et son retour définitif en Côte d’Ivoire, ne sont plus orphelins.
En son absence, la maison qu’il a construite de durs labeurs, c’est-à-dire son Parti, a été fissuré en deux par ses ennemis, avec la complicité de son président d’alors dans le but de le voir disparaître de l’échiquier politique national. Mais ce complot a échoué grâce à un homme, celui qui était notre porte-flambeau et qu’on avait fini par surnommer le « Gardien du Temple, feu Aboudramane Sangaré, qui nous a quitté si brutalement il y a 3 ans. (Nous vous demandons à présent d’observer une minute de silence pour lui et pour tous les autres combattants de la liberté qui nous ont quittés).
𝗠𝗼𝗻𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗟𝗮𝘂𝗿𝗲𝗻𝘁 𝗚𝗕𝗔𝗚𝗕𝗢, 𝗛𝗼𝗻𝗼𝗿𝗮𝗯𝗹𝗲𝘀 𝗜𝗻𝘃𝗶𝘁𝗲́𝘀, 𝗠𝗲𝘀𝗱𝗮𝗺𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗠𝗲𝘀𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿𝘀,
Bien que nous soyons ici à un Congrès constitutif, un évènement spécifique, ce rassemblement constitue la première grande occasion de retrouvailles entre vous, monsieur le Président Laurent GBAGBO et vos camarades de l’ancien Parti que vous avez créé en 1982.
Depuis votre retour triomphal du 17 juin 2021, les circonstances n’ont pas permis de créer une telle occasion de retrouvailles que tous les ivoiriens attendaient avec impatience. Dans de telles circonstances, comme l’exige la tradition, nous nous devons d’abord de donner quelques nouvelles de la maison, du pays, ce qui nous a permis d’être là où vous nous avez laissés, pendant les 10 années d’absence. Ensuite, nous allons nous permettre de rappeler les préliminaires, c’est-à-dire, les actes que vous avez posés depuis votre retour, en ce que ces actes constituent à la fois des indications pour dire que nous ne nous sommes pas égarés, et pour mieux comprendre la suite de ce que vous envisagez pour le parti, pour le pays et pour l’Afrique. Enfin, nous en viendrons au Congrès lui-même : notamment, quant au format que nous avons choisi et à la teneur des travaux.
𝗔𝘂 𝘁𝗶𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗻𝗼𝘂𝘃𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀, nous voulons rappeler la mobilisation de tous les ivoiriens, de tous les groupements politiques, toutes les personnalités et organisations de la société civile d’ici et d’ailleurs qui nous ont soutenu pour nous permettre d’être là alors que l’on avait décrété la disparition de notre parti. Nous avons contracté une alliance solide, avec le PDCI-RDA que nous voulons remercier chaleureusement ici, aux yeux du monde entier. Notre plate-forme de lutte, Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS) nous a permis de participer aux élections législatives de 2020, au terme desquelles nous avons obtenu 18 députés malgré les intimidations et les fraudes. Aujourd’hui, notre collaboration ne fait que se bonifier, contre tous les vents contraires.
Nous savons que, vous avez suivi tout cela, Monsieur le président, car tout a été fait sous votre direction, mais il fallait le rappeler. Vous avez tenu aussi, quand cela s’est avéré nécessaire, à faire connaitre aux yeux du monde entier, votre position sans emballage, sur la politique ivoirienne. C’était lors de votre mémorable interview sur la chaine de télévision française TV5, à la veille de l’élection présidentielle de 2020 et à propos du troisième mandat.
C’est pourquoi, en tant qu’acteur avisé, vous avez posé, dès votre retour en Côte d’Ivoire, des actes majeurs, dont nous parlons en termes de préliminaires, pour comprendre ce qui s’annonce maintenant.
𝗖𝗲𝘀 𝗮𝗰𝘁𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗲́𝗹𝗶𝗺𝗶𝗻𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 :
– Votre visite à votre ancien compagnon de prison et frère, Monsieur Jean-Pierre BEMBA, ancien Vice- président de la RDC : acte de solidarité, de fidélité dans le combat que vous avez mené pour la dignité de l’homme africain et de l’Afrique, face aux abus et humiliations de la dite communauté internationale ;
– Votre visite au président Henri KONAN BEDIE : acte de reconnaissance, de gratitude et de fraternité envers celui qui, sans ménagement, vous a soutenu et cru en votre libération inéluctable ;
– Votre rencontre avec le président Alassane OUATTARA : acte de grande humilité, de décrispation de la vie politique, pour la réconciliation nationale et la paix dans notre pays ;
– Votre déclaration du 9 août 2021 pour l’abandon du parti que vous et vos amis avez peiné à créer et la décision de création d’un nouvel instrument de lutte : décision historique, courageuse prise au cours d’un Comité Central extraordinaire, organe suprême entre deux Congrès, élargi pour la circonstance, au Comité de Contrôle, aux membres fondateurs de la plate-forme EDS et aux députés EDS. Cette décision a été largement approuvée par les participants.
𝗠𝗼𝗻𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗟𝗮𝘂𝗿𝗲𝗻𝘁 𝗚𝗕𝗔𝗚𝗕𝗢, 𝗛𝗼𝗻𝗼𝗿𝗮𝗯𝗹𝗲𝘀 𝗜𝗻𝘃𝗶𝘁𝗲́𝘀, 𝗖𝗮𝗺𝗮𝗿𝗮𝗱𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗰𝗵𝗲𝗿𝘀 𝗮𝗺𝗶𝘀, 𝗺𝗲𝘀𝗱𝗮𝗺𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗺𝗲𝘀𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿𝘀
La tenue du présent Congrès constitutif procède donc, comme nous venons de l’indiquer, de la décision de passer à une autre étape. Il s’agit de la création d’un nouveau parti politique, en laissant l’enveloppe du Parti FPI que nous avons créé et mis sur les fonds baptismaux, avec la prise et la gestion du pouvoir d’Etat en 2000, à ceux qui l’ont pris en otage.
A présent, nous allons vous présenter le Congrès, après la phase des annonces, quant au format et aux orientations proposées.
𝗦𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗳𝗼𝗿��𝗮𝘁 𝗱𝘂 𝗖𝗼𝗻𝗴𝗿𝗲̀𝘀 : le format de ce Congrès constitutif est lié au site que nous avons choisi; ce site mythique du palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire, plein d’histoire pour nous, pour avoir abrité le premier Congrès ordinaire du FPI. Nous avons privilégié le symbole et le coup de pouce de l’histoire, car c’est d’ici que nous sommes allés à la présidence de la République en octobre 2000. Mais, comme tel, ce choix est loin d’être satisfaisant, car il n’a pas permis d’accueillir tous ceux qui voulaient à juste titre un Congrès populaire, pour fêter le retour du président Laurent GBAGBO. Ils ont raison et beaucoup sont quand même venus inonder les alentours du Palais des Congrès. C’est donc pour eux que nous avons demandé et obtenu le village de Blockhaus, devenu pendant trois jours, le village du Congrès. Nous voudrions, à cet instant de nos propos, et avec votre permission, féliciter et remercier le chef du village de Blockhaus et ses notables, les villages voisins et tout le peuple TCHAMAN pour leur générosité et leur disponibilité.
𝗦𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗼𝗿𝗶𝗲𝗻𝘁𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝘁𝗿𝗮𝘃𝗮𝘂𝘅 : en décidant de créer le nouveau parti, nous en avons déjà jeté les bases, car nous avons également convenu de :
– Laisser l’enveloppe FPI et garder le contenu : l’enveloppe étant les signes d’identification propres au FPI (dénomination, logo, signe de ralliement). Le contenu, ce sont les militants des structures de base et des organes centraux, même si aujourd’hui nous sommes tous des sans grades, des ex (ex- Sn, ex-SGA, ex-VP etc), nous restons mobilisés autour des mêmes idéaux défendus par le président Laurent GBAGBO.
– Lancer un appel en direction des autres organisations et personnalités politiques de gauche. Ce qui signifie que le nouveau parti n’est pas la chasse gardée des militants de l’ex-FPI ou GOR. C’est aussi la fin du climat de suspicion et de clientélisme qui a polarisé la vie de l’ex- FPI, en l’absence du président Laurent GBAGBO.
Dès lors, les orientations du nouveau parti semblent assez claires ; il s’agit d’abord de mettre fin à la fausse querelle sur l’unité du FPI. Comment peut-on faire l’unité avec celui qui a déjà trouvé son bonheur dans la rupture ? En d’autres termes, comment peut-on faire l’unité avec celui que la rupture arrange ? Avec celui qui croit, par naïveté, que son salut se trouve dans la rupture ? Pour nous, la création d’un nouveau parti est l’annonce d’une restructuration idéologique et organisationnelle en vue de rassembler les forces authentiquement de gauche en Côte d’Ivoire. C’est une interpellation pour tous ceux qui veulent agir politiquement dans notre pays pour en faire une communauté démocratique, respectueuse des libertés individuelles et collectives, y compris la liberté d’entreprendre. Il s’agira par la suite, chemin faisant, de tendre la main aux forces démocratiques des autres pays du continent en raison de la similitude des problèmes ivoiriens et africains.
A cet égard, nous avons élaboré un Manifeste qui expose clairement nos choix, nos orientations : d’où nous venons, qui nous sommes, quelles sont nos valeurs et nos ambitions. Ce manifeste indique également les défis que nous voulons relever pour atteindre notre but, ainsi que l’avenir que nous voulons pour la Côte d’Ivoire. Nous avons fait le choix d’un Parti socialiste, démocratique et panafricaniste, soucieux de préserver la souveraineté de la Côte d’Ivoire, des Etats et des peuples africains.
A côté du Manifeste, le nouveau parti aura ses Statuts et son Règlement Intérieur, qui comportent son identité, ses organes de direction et structures de base, ses règles de fonctionnement. Tous les instruments pour son démarrage effectif, sont prêts pour être soumis à l’adoption du Congrès.
𝗠𝗼𝗻𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗟𝗮𝘂𝗿𝗲𝗻𝘁 𝗚𝗕𝗔𝗚𝗕𝗢, 𝗛𝗼��𝗼𝗿𝗮𝗯𝗹𝗲𝘀 𝗜𝗻𝘃𝗶𝘁𝗲́𝘀, 𝗖𝗮𝗺𝗮𝗿𝗮𝗱𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗰𝗵𝗲𝗿𝘀 𝗮𝗺𝗶𝘀, 𝗺𝗲𝘀𝗱𝗮𝗺𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗺𝗲𝘀𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿𝘀
Au terme de notre intervention, nous voudrions partager avec vous, l’espoir qui est le nôtre, avec la naissance de ce nouveau parti, au regard de l’engouement qui l’entoure, qui représente pour nous, la manifestation de la soif de démocratie et des libertés pour tous ceux qui croient aux idéaux défendus par le Président Gbagbo.
Tâchons de nous montrer à la hauteur des défis, de faire preuve de ce qui a toujours fait la force de nos militants, à savoir le courage, la persévérance, l’espoir. Les débats seront sans doute ardus, c’est le cas à tous les congrès, mais gardons à l’esprit nos objectifs finaux, à savoir la justice sociale, la démocratie et la liberté pour les ivoiriens et les peuples africains, pour déboucher sur des mandats riches et productifs pour refaire vivre la démocratie à tous les niveaux.
Nous vous remercions pour votre attention.»
Gilles Richard OMAEL avec «𝗟𝗔 𝗥𝗘́𝗗𝗔𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗨 𝗖𝗢𝗡𝗚𝗥𝗘̀𝗦»
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de africanewsquick.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.