Après le Coup d’Etat au Soudan : Une sanglante désobéissance civile en cours

People protest in Khartoum, Sudan, after a military coup earlier this week, Thursday, Oct. 29, 2021. The coup threatens to halt Sudan's fitful transition to democracy, which began after the 2019 ouster of long-time ruler Omar al-Bashir and his Islamist government in a popular uprising. It came after weeks of mounting tensions between military and civilian leaders over the course and pace of that process. (AP Photo / Marwan Ali)
Depuis le Coup d’Etat au Soudan le 25 octobre 2021, les populations ont envahi les rues pour dire non au général Burhane qui a dissous les institutions du Soudan et arrêté la plupart des dirigeants civils.
Malgré cinq jours de répression meurtrière, les opposants au coup d’Etat militaire sont décidés à remettre la transition démocratique sur les rails. Ils organisent ce samedi 30 octobre 2021 une démonstration de force contre le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane. Le risque d’un nouveau bain de sang dans un pays miné par les conflits n’entame en rien leur détermination, selon la militante pro-démocratie Tahani Abbas, interrogée par l’Agence France-Presse (AFP).
« Les militaires ne nous dirigeront pas, voilà notre message », explique-t-elle. Et la « manifestation du million » promise sur les réseaux sociaux et par des graffitis sur les murs de Khartoum n’est qu’un « premier pas ». Depuis cinq jours, les Soudanais sont entrés en « désobéissance civile », juchés sur des barricades. Face à eux, les balles réelles ou en caoutchouc et les grenades lacrymogènes des forces de sécurité ont plu, fauchant déjà huit d’entre eux.
Le bilan pourrait être plus lourd, selon des médecins sur place, qui dénombrent neuf manifestants tués et plus de 170 blessés. Malgré tout, assure Tahani Abbas, « notre seule arme, c’est le pacifisme, et elle a déjà payé ». Tenant bon malgré les rafles, de nombreuses institutions publiques ont annoncé rejoindre la « désobéissance civile » qui a transformé Khartoum en ville morte depuis cinq jours.
Les autorités, selon lemonde.fr, ont coupé l’accès à Internet et le réseau téléphonique dans la capitale cette fin de semaine. Les forces de sécurité, en grand nombre, bloquaient les ponts reliant Khartoum aux villes voisines. Elles ont établi des points de contrôle dans les rues les plus importantes, fouillant au hasard les passants et les voitures.
Le confrère affirme que le principal slogan des opposants est qu’il n’y a « pas de retour en arrière possible » après la révolte qui a renversé en 2019 le dictateur Omar Al-Bachir, un général lui-même arrivé au pouvoir par un putsch trente ans plus tôt. « Nous n’avons plus peur », martèle encore Mme Abbas. Car, pour les manifestants, qui promettent aussi des défilés de la diaspora à l’étranger, ce samedi est une redite de la « révolution » de 2019, qui a fait tomber Bachir au prix de six mois de mobilisation et plus de 250 morts.
Ce dernier putsch a coupé court aux espoirs d’élections libres à la fin de 2023 et plongé le pays, qui appartient à une région déjà instable, dans l’inconnu. Il y a neuf jours, des dizaines de milliers de Soudanais avaient défilé au cri de « Burhane, quitte le pouvoir ! ». Un événement qui a probablement précipité le cours des choses, le général, seul aux manettes aujourd’hui, prétextant avoir agi pour empêcher « une guerre civile ».
Gibril Ibrahim, ministre des finances soudanais, qui avait soutenu un sit-in proarmée avant le coup d’Etat, a prévenu : « Détruire des biens publics n’est pas une manifestation pacifique. » Il laisse ainsi entendre que les forces de l’ordre pourraient reprendre leurs tirs sur les manifestants qui montent des barricades, parfois avec des poteaux. « Les putschistes essayent de perpétrer des actes de sabotage pour trouver un prétexte à un déchaînement de violence », accuse déjà le porte-parole du gouvernement renversé.
Nathanael Yao
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de africanewsquick.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK
Subscribe to get the latest posts sent to your email.