Raviart/Mgr Alexis Touably aux chefs traditionnels: «Vous devez nous aider à garder nos racines culturelles»
1951-2021, cela fait bien 70 ans que le christianisme est entré pour la première fois à Raviart, au cœur du pays N’gban et N’Zikpli. Pour ces 70 ans qui marquent le jubilé de Platine, personne n’a voulu se faire compter l’évènement. Cadres, élus, fidèles chrétiens, religieux et religieuses ont tous répondu massivement à l’appel du Curé de la paroisse Saint Pierre de Raviart, l’abbé Atsin Jean Claude.
C’est donc une église archipleine qui a vu la participation du Ministre Amédé Kouakou, de la ministre-gouverneur, Raymonde Goudou Coffie, du premier vice président du Conseil régional du Bélier, Brou Koffi René et plusieurs conseillers régionaux.
Monseigneur Alexis Touably, évêque du Diocèse d’Agboville, administrateur apostolique du Diocèse de Yamoussoukro, célébrant principal de la messe d’ouverture, du samedi 27 novembre en la paroisse Saint Pierre de Raviart, a eu des messages forts à l’endroit de chacune et chacun.
D’entrée de jeu, il a salué le Président du Sénat, qui célébrait aussi son anniversaire. « Paroisse Saint Pierre de Raviart, après 70 ans de marche ecclésiale passe à la vitesse supérieure… Monsieur le président du Sénat que Dieu vous bénisse. Merci pour votre présence ; merci pour tout ce que vous faites et tout ce que vous êtes pour cette église dont l’histoire se confond avec la vôtre ; merci infiniment. Et nous avons appris tout à l’heure, c’est le temps de votre anniversaire. Alors que le Dieu de la vie vous fortifie ; qu’il vous donne la santé pour continuer à assumer vos fonctions au service de la nation. vis encore longtemps vis encore 99 ans», a-t-il prié.
Puis il a donné ce message à l’endroit des gardiens de tradition : « Je salue les chefs coutumiers nos chefs traditionnels merci d’être là. Vous qui êtes les gardiens de nos traditions. Vous voyez la Côte d’Ivoire marche résolument vers l’émergence et nous devons nous en réjouir. Mais l’émergence doit avoir de profondes racines culturelles. Et c’est en cela que votre présence, votre participation est indispensable. Vous devez nous aider à garder nos racines culturelles tout en nous ouvrant sur le monde moderne. Etre nous-mêmes tout en nous ouvrant sur la modernité du monde contemporain. Que Dieu vous bénisse chers parents, chefs traditionnels pour que vous nous aidiez à rester nous-mêmes tout en nous ouvrant à la modernité…»
L’appel aux têtes couronnées de sauvegarder nos cultures fait, le patron du Diocèse d’Agboville a salué son curé pour le travail abattu dans la sous préfecture de Raviart. Le faisant, il n’a pas oublié les catéchistes, bras séculiers des prêtres : « Je salue le père qui nous accueille dans sa paroisse aujourd’hui; le père Atsin que j’admire beaucoup, que je félicite publiquement pour le très beau travail qu’il fait dans cette paroisse… je salue nos braves catéchistes dont le ministère est indispensable à l’Eglise. C’est le pape Jean Paul VI qui disait les catéchistes sont pour le prêtre, ce que les béquilles sont pour le malade. Un malade qui n’a plus ses béquilles ne peut pas marcher. Un prêtre qui n’a pas de bons catéchistes ne peut pas s travailler. Alors chers catéchistes que Dieu vous bénisse… »
« PEUPLES N’GBAN ET N’ZIKPLI SOYEZ DEBOUT ECONOMIQUEMENT »
Ayant confié les peuples N’gban et N’Zikpli à la Vierge Marie afin que ceux-ci n’aient jamais faim, il appellera ces peuples à demeurer debout dans tous les domaines. « Que les peuples N’Zikpli et N’Gban soient toujours debout, car la position normale d’un peuple c’est d’être debout. Debout à tous les niveaux : debout économiquement, oui debout économiquement. La misère n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais une valeur. La misère est une insulte à Dieu et une dégradation de l’homme dans sa dignité. C’est pourquoi l’écrivain Cheick Amidou Kane, dans son livre l’aventure ambigüe, dit que la misère c’est le principal ennemi de Dieu. Donc la misère n’est pas une bonne chose. La misère c’est une sorte de mort. C’est la mort sociale. Si tu es dans la misère tu es socialement mort. Donc ce n’est pas une valeur. Alors la position normale d’un peuple, c’est d’être debout économiquement, debout spirituellement, debout culturellement, debout socialement. Mes frères et sœurs, chers parents N’Zikpli et N’Gban c’est cela que ce matin, de tous les ardeurs de mon cœur je vous souhaite. A vous peuples N’Zikpli et N’Gban, soyez debout à tous les niveaux. »
« DIEU EST BAOULE… »
Cet appel lancé aux peuples N’gban et N’zikpli, Monseigneur Alexis Touably, va bénir le peuple baoulé dans sa globalité. Le faisant, il fera des révélations de taille sur ce peuple en Côte d’Ivoire «Enfin que Dieu bénisse le peuple Baoulé, béni de Dieu et aimant Dieu. Oui les baoulé laissez moi vous le dire Dieu vous aime ; Dieu vous comble. Regardez vous-mêmes quand on prend l’histoire de la Côte d’Ivoire. Dieu a dans son œuvre, « une prédilection » pour vous. Regardez vous-mêmes, le premier prêtre, alors que l’évangélisation a commencé là-bas dans le Sud et c’est ici chez vous que Dieu est venu prendre le premier prêtre ivoirien, monseigneur Kouassi. Le premier président de la République de Côte d’Ivoire alors que les écoles étaient à Bassam, Binger ville et autres ; Mais c’est ici, c’est le peuple baoulé qui a donné le premier président de la République de Côte d’Ivoire qui a été un phare pour le monde entier. Et j’ai appris que l’une des premières filles religieuses est une fille baoulé. Et comme si cela ne suffisait pas, au niveau de la beauté de l’esthétique, j’ai appris aussi que la première fille miss ivoirienne était une fille baoulé. Et quand on voit le nombre impressionnant des hauts cadres des hauts responsables, baoulé dans tous les secteurs de la vie nationale, vraiment on peut dire que vous êtes un peuple béni de Dieu. Un jour en pensant à tout cela je me suis dits dans mon cœur est ce que Dieu n’est pas un baoulé. Que Dieu bénisse le peuple baoulé, que Dieu bénisse toute la Côte d’Ivoire »
Se penchant sur les festivités marquant les 70 ans de la paroisse, l’Administrateur apostolique du diocèse de Yamoussoukro, a fait noter que ces 70 ans de marche ont connu « beaucoup plus de grâce à célébrer que de difficultés à affronter. » « Une marche de beaucoup plus de lumière à contempler que de ténèbres à traverser ; une marche où il y a beaucoup plus de joie à célébrer que de larmes à essuyer. Et tout cela frères et sœurs c’est l’œuvre du seigneur ; c’est la merveille de notre Dieu. Alors frères et sœurs ce matin il n’y a qu’une seule chose à faire, unir nos voix, bien plus unir nos cœurs dire merci à Dieu, pour toutes ces merveilles, pour chanter la gloire de Dieu », a-t-il indiqué avant de saluer l’alliance des deux peuples N’Gban et N’Zikpli qui vivent sur le même territoire du département de Didiévi. Pour l’homme de Dieu cette alliance scellée selon les rites traditionnels est désormais scellée dans le sang de Jésus-Christ.
C’est pour quoi il appellera les filles et fils de ces deux peuples à ne jamais s’opposer les uns aux autres « (…) Au nom de cette alliance et particulièrement vous, fils et filles du peuple N’zikpli-Ngban, au nom de cette alliance qui vous lie à Dieu par le sang de Jésus Christ, je vous demande deux choses : premièrement soyez surs que Dieu ne vous abandonnera jamais. Quoi qu’il arrive dans l’histoire de vos villages, dans l’histoire de votre peuple Dieu ne vous abandonnera jamais. Ça c’est une certitude. Cette alliance vous oblige vous aussi à vous lier les uns les autres. Entre nous-mêmes nous devons être soudés les un aux autres. Alors à ce jour solennel au nom de cette alliance, je dis ici dans le peuple Ngban et Nzikpli, jamais fils de cette région contre fils de cette région. Jamais fille de Raviart contre fille de Raviart. Jamais cadre de cette région contre cadre de cette région. Voilà jusqu’où va cette alliance. »
Autre message fort laissé aux cadres et élus du département, c’est d’éviter les coups bas en vue de détruire son frère ou sa sœur « Enfin frères et sœurs fort de cette alliance qui vous lie à Dieu dans le sang de son fils, l’heure est venue pour vous au nom de cette alliance de dire non à tout ce qui pourrait vous opposer les uns aux autres. L’heure est venue pour vous au nom de cette alliance de dire non à tous les coups bas qui consistent à vouloir détruire son frère, sa sœur, briser sa carrière. Non à tout cela c’est du diable ; on ne doit plus entendre ces choses là chez nous ici à cause de cette alliance. Que gagnes-tu à détruire ton frère. Que gagnes-tu à détruire ta sœur, pour avoir un nom, mais si tes frères n’ont pas nom tu n’as pas de nom. Au nom de cette alliance disons non à tout ce qui divise, non à tout ce qui oppose, non à tout ce qui fait barrière entre nous, pour dire oui à ce qui rassemble, à ce qui unit dans la communion. C’est-à-dire dans la commune union. « Disons ensemble, non à la division, non aux querelles inutiles, non aux conflits inutiles, non au désir de nuire à son frère. Oui à l’unité, oui à la communion, oui à l’harmonie sociale, oui à la fraternité. », a-t-il souligné avant de signifier aux fidèles chrétiens pour les 70 ans à venir de cultiver l’amour : « Paroisse de Raviart à ce jour où tu célèbres tes 70 ans, passe à la vitesse supérieure ; avance en t’appuyant sur les trois piliers que j’ai indiqué comme thème de l’année pastorale 2021-2022 : la foi, l’amour la ferveur. »
Jean-Pierre Koulou
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