Malawi : la pêche dans un pays enclavé (FAO)
Au Malawi, le lac Malombe a vu ses espèces de poissons disparaître et son écosystème se dégrader au fil des années. La FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture travaille avec le gouvernement pour renforcer la résilience et combattre l’impact de la dégradation de l’environnement dans le secteur de la pêche.
NEW YORK, USA, le 16 Decembre 2021,-/African Media Agency (AMA)/-Willard pêche sur les rives du lac Malombe, dans la République du Malawi, depuis plus de 40 ans. Ce pêcheur est originaire de Chipalamawamba, un village situé dans le sud du pays. Il explique qu’au fil des ans, la dégradation de l’environnement et la surpêche du lac ont fait payer un lourd tribut aux poissons et à la situation des pêcheurs locaux.
« Le nombre de poissons a commencé à diminuer il y a des années », se rappelle Willard. « Toutes les plantations de bananes ont été détruites, les herbes et les arbres ont été coupés pour construire des maisons, et maintenant les berges de la rivière et du lac sont nues. Les poissons n’ont pas assez de sites de reproduction ».
Avec ses nombreux lacs, ce pays africain enclavé possède une riche tradition de pêche et près de 1,6 million de personnes vivant dans les communautés riveraines dépendent de la pêche pour leur vie et leurs moyens de subsistance.
Le lac Malombe a vu ses espèces de poissons disparaître et son écosystème se dégrader
Niklas Mattson, fonctionnaire technique en chef de la FAO au Malawi, affirme que plusieurs espèces de poissons, dont le populaire Chambo, un type de tilapia, ont pratiquement disparu ces dernières années.
« Le lac Malombe n’a en moyenne que trois mètres de profondeur, et les tilapias construisent des nids au fond pour se reproduire. Mais les filets nkacha, qui sont les plus courants, ont tendance à détruire ces nids et à provoquer des turbulences, ce qui perturbe les poissons et leur reproduction », explique M. Mattson.
Les petits pêcheurs sont également en concurrence avec les grands pêcheurs, qui disposent de plus gros bateaux et d’engins de pêche et de filets plus élaborés. Cette activité ne se contente pas de décimer le nombre de poissons, elle endommage également les zones de reproduction du lac.©FAO/ Shaibu RiceLa dégradation de l’environnement et la surpêche dans le lac Malombe ont lourdement pesé sur les pêcheurs locaux, comme Alfred Juma
Le changement climatique menace également la productivité future du lac, car les changements de température et la fluctuation des précipitations ont un impact sur les poissons, leur habitat et la biodiversité.
« La culture locale a toujours accordé une grande valeur aux pêcheurs, mais aujourd’hui, les pêcheurs ont du mal à joindre les deux bouts », indique M. Mattson.
Renforcer la résilience et combattre l’impact de la dégradation de l’environnement
La FAO travaille avec le Département des pêches du Malawi et le Ministère des forêts et des ressources naturelles pour renforcer la résilience et combattre l’impact de la dégradation de l’environnement dans le secteur de la pêche, en particulier parmi les communautés riveraines du lac Malombe.
Soutenu par le Fonds pour l’environnement mondial, le projet, intitulé Fisheries Resilience for Malawi (FIRM), promeut une approche écosystémique de la gestion des pêches, une approche holistique de la gestion des pêches et des ressources aquatiques vivantes et de la promotion de la conservation et de l’utilisation durable de l’ensemble de l’écosystème.
Les communautés locales sont confrontées aux pressions supplémentaires du changement climatique
« En plus de la surpêche, les communautés locales sont confrontées aux pressions supplémentaires du changement climatique. Ce projet est donc vraiment une question d’urgence », explique M. Mattson, qui dirige les efforts de la FAO pour le FIRM.
Au côtés des chefs de village et des entités locales connues sous le nom de Beach Village Committees, les pêcheurs ont appris les mesures de conservation destinées à régénérer la qualité et la quantité de poissons dans le lac et à sauvegarder leur environnement.
Les pêcheurs et leurs familles s’informent également sur les tendances climatiques et les événements extrêmes.
« Nous sommes dans un cercle vicieux », explique M. Mattson. « Si la variabilité du climat s’accentue, les gens seront plus vulnérables qu’ils ne devraient l’être, à moins que les ressources ne soient gérées de manière différente ».
Grâce au soutien apporté dans le cadre du projet, la communauté s’est employée à «faire revenir les poissons» et à mettre au point un plan d’action consistant à adopter de nouveaux règlements et à créer deux zones dans lesquelles la pêche est interdite, afin d’offrir aux poissons des habitats qui favorisent leur reproduction et leur croissance.
Selon Nevarson Msusa, fonctionnaire chargé de la pêche dans le district, le projet a déjà eu un effet positif sur la gestion de la pêche locale.
« Les membres de la communauté ont adhéré pleinement aux mesures de conservation», indique‑t-il. « Des arbres ont été plantés, les berges de la rivière sont mieux gérées, les engins et les activités de pêche sont davantage contrôlés et les populations et le nombre d’espèces de poissons augmentent ».
La formation a responsabilisé les pêcheurs
Alfred Juma, un pêcheur de 40 ans qui a participé au projet, affirme que la formation a responsabilisé les pêcheurs et leur a donné des compétences pour évaluer leurs ressources et les problèmes environnementaux, et comment prendre les mesures appropriées.
« Nous avons tous pris la responsabilité de la gestion de la pêche, et nous avons constaté une amélioration de nos espèces de poissons et de nos prises », explique Alfred. « L’augmentation des ventes de poisson a un grand impact sur nos moyens de subsistance ».©FAO/ Niklas MattsonLa FAO aide les communautés à «faire revenir les poissons» en améliorant la gestion des pêches et le contrôle de la pêche illicite
Anasi Devi, une pêcheuse du village de Mwalija, est d’accord. « Pour la première fois de ma vie, j’ai entendu des pêcheurs faire la fête et des membres de la communauté psalmodier et chanter ! », a-t-elle raconté. « La célébration d’une prise abondante à Mwalija était incroyable. Des femmes ont couru sur la colline pour nous appeler ; nous avons vu la prise de nos propres yeux ! Nos sanctuaires regorgent de poissons ».
Les pratiques de pêche illégales ont également été mises en évidence et les communautés ont renforcé les patrouilles aquatiques et les efforts pour réduire l’utilisation d’engins de pêche destructeurs, tels que les moustiquaires, qui sont utilisés pour balayer les poissons juvéniles et les œufs. Le FIRM encourage également les restrictions saisonnières qui contribuent à restaurer le nombre de poissons.
Hormis les mesures de conservation, le projet promeut également la petite aquaculture en cage et la technologie des bassins profonds pour l’élevage de tilapias locaux. Comme les disponibilités en eau sont limitées lors de la saison sèche au Malawi, on utilise des bassins plus profonds qui permettent d’augmenter le volume d’eau et de les rendre moins vulnérables à la chaleur et à l’évaporation. ©FAO/Niklas MattsonLe nombre de poissons baisse et il n’y a plus de végétation sur les berges de la rivière et les rives du lac.
Selon Vasco Schmidt, fonctionnaire de la FAO chargé des pêches et de l’aquaculture en Afrique australe, cela prend du temps d’éduquer et d’encourager les pêcheurs et les chefs locaux, mais les résultats sont prometteurs.
La prise de conscience progresse et, comme les pêcheurs sont mobilisés, ils incitent les autres communautés qui vivent près du lac à agir pour protéger le lac et lui assurer un avenir durable, afin de mieux protéger leurs conditions de vie et leurs moyens de subsistance.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.
Source : African Media Agency (AMA)
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