Interview/Charles Blé Goudé sur Radio de la paix: «Je demande pardon… Clarifions le jeu électoral, je n’ai pas 2 pays»
Charles Blé Goudé, actuellement en Hollande, s’adonne selon lui à la lecture, au sport notamment le football, la natation et le footing, a accordé samedi dernier une grande interview à Soro Adams de la Radio de la Paix.
Est-ce que Charles Blé Goudé s’ennuie par moment ?
Non, parce que j’ai beaucoup à faire. Je pense que quand on est dans une telle situation, ce dont on dispose, c’est le temps. C’est le temps dont on dispose. Je n’ai jamais eu autant de temps parce que quand j’étais en Côte d’Ivoire, j’étais toujours et dans la réflexion et dans l’action. Pour le moment, je suis dans la case de réflexion et je prends mon temps pour pouvoir mettre mon esprit à jour et surtout mettre à jour mon logiciel politique, puisque derrière moi, beaucoup s’est passé.
Charles Blé Goudé, dites-nous, à quand votre retour en Côte d’Ivoire, votre pays ?
Cher monsieur, si cela ne dépendait que de moi… Malheureusement, cela ne dépends pas de moi, cela dépend du gouvernement de mon pays et je pense donc que la question n’est pas posée à la bonne personne. Moi, j’ai exprimé ma volonté de rentrer chez moi après mon acquittement. J’ai déposé aussi ma requête pour mon passeport, cela fait maintenant 7 mois. J’attends et le jour où le gouvernement de mon pays ouvrira la porte, je reviendrai en Côte d’Ivoire. Mais en tout cas, je n’ai pas deux pays, j’ai un seul pays et ma volonté est ferme de rentrer en Côte d’Ivoire pour pouvoir participer au processus de paix en cours et puis prendre part aux débats politiques de mon pays et surtout aussi, rejoindre mes enfants, rejoindre ma famille qui a besoin de moi.
Est-ce que des promesses vous ont été faites dans le sens de l’obtention de votre passeport ?
D’abord, il n’y a pas de promesse à faire à un citoyen lambda, ordinaire qui fait une demande de passeport. Le passeport, c’est un document administratif banal, mais comme je suis un homme politique certainement, je suis toujours dans l’attente, mais aucune promesse ne m’a été faite. A part ce que j’ai entendu sur les ondes des télévisions et des radios qu’il n’y a pas d’obstacles à mon passeport et que c’était dans un circuit normal. J’attends donc que le circuit puisse me donner mon passeport. Aucune promesse ne m’a été faite.
Et donc, il est apparemment à l’horizon ?
On peut dire ça comme, à part ce que nous tous nous savons ensemble par les déclarations publiques, je ne sais rien de particulier. Mais j’ai toujours bon espoir car le gouvernement a certainement des raisonsque je ne sais pas.
La paix pour vous, c’est quoi exactement?
Pour moi, la paix, ce n’est pas seulement une situation de non guerre. La paix est une situation dans laquelle nous vivons où les droits de chacun sont respectés, ou les règles sont respectées, où chacun est satisfait et lui-même, où chacun s’interdit de poser des actes pour ne pas gêner l’autre. J’appelle ça la paix de satisfaction ou la paix d’équilibre. Une situation où nous savons tous que notre pays vit dans un environnement social calme qui permette à chacun de faire ce qu’il a à faire, ce qu’il sait faire, de vivre dans un environnement où nos droits sont respectés. C’est ce que, moi, j’appelle la paix. La paix, c’est vivre en bonne intelligence et vivre sans être agressé, sans qu’on pense que notre malheur vient de notre voisin. Bâtir ce pays-là dans le respect de nos différences. La paix, c’est garantir aussi les libertés publiques. Voilà ce que je voulais dire.
Dans ces conditions, votre pays, la Côte d’Ivoire est-il en paix ?
La Côte d’Ivoire est plutôt un pays en quête de paix. Vu même la crise sans précédent que la Côte d’Ivoire vient de vivre et dont l’ardoise n’a pas encore été épongée, on peut dire que la Côte d’Ivoire est en quête de paix. La preuve, dans le gouvernement actuel, vous avez un ministre chargé de la réconciliation. Cela veut dire qu’il y a un problème de réconciliation. Regardez dans les pays qui sont nos voisins en Afrique et même en Europe, vous ne trouvez pas un ministère de la réconciliation. Donc, ce ministère, je crois qu’il a été mis en place pour répondre à un besoin précis. Donc, on peut dire que la Côte d’Ivoire est en quête de paix, mais pas un pays en paix totalement.
Que représente la réconciliation nationale aujourd’hui pour vous et pour le Cojep votre parti?
Au-delà du Cojep, mon parti, je pense que la réconciliation nationale est une denrée dont notre pays a besoin aujourd’hui. Pour moi, toutes les grandes nations qui ont embrassé le développement, ces nations-là ont su tirer les enseignements, tous les enseignements de leur histoire aussi douloureuse soit-elle.Pour moi, on ne peut pas parler de développement sans passer par la case pardon et la case réconciliation. Un pays en a besoin. C’est pourquoi, pour le Cojep, pour moi, la réconciliation est une denrée dont nous tous, nous avons besoin. Ce n’est même pas une option pour la Côte d’Ivoire, c’est un impératif.
C’est du domaine du possible aujourd’hui en Côte d’Ivoire, la réconciliation?
Oui, vous savez que la politique est l’art de rendre possible le souhaitable. Le souhaitable, c’est la réconciliation et le rôle et le devoir du politique, c’est de rendre possible cette réconciliation qui est souhaitée.
Et donc, … ?
Je pense qu’au vue des enjeux, la réconciliation pour moi, n’est pas impossible en Côte d’Ivoire pourvu que nous ne mettions pas en avant nos égaux et que nous mettions en avant l’intérêt de toute la nation.
Votre pays a initié un dialogue politique dans la perspective de la réconciliation nationale dans le pays, la 5ème phase de ce dialogue politique a été donnée le 16 décembre dernier par le Premier ministre Patrick Achi. Le Cojep votre parti n’a pas été convié et récemment, vous avez estimé que votre siège à ce dialogue est vide. Qu’est-ce à dire ?
Cher monsieur, voyez-vous, vous m’interrogé alors même que je suis à La Haye en Hollande. Je répète que c’est suite à la crise électorale que le gouvernement de mon pays m’a transféré à la CPI pour que je puisse être l’objet d’un procès dans la crise ivoirienne. Ce qui veut dire que je suis un acteur majeur. Parce que ce n’était pas tous les 26 millions d’Ivoiriens qui ont été transférés ici. Ce ne sont pas aussi les milliers de collaborateurs de Laurent Gbagbo qui ont été transférés ici. Mais ce sont les acteurs que le gouvernement a estimé majeurs qui ont été transférés ici. Il y en a même qui ont été mis en prison en Côte d’Ivoire. Si on m’a envoyé devant une juridiction internationale, c’est parce qu’on estime que mon rôle a été un rôle majeur.
Donc, je fais partie du problème. Au moment où on cherche à trouver la solution, je pense qu’on n’a pas besoin de faire Harvard pour comprendre que je dois être là et que mon siège est encore vide. Oui, je veux faire partie de la solution dès lors qu’on a estimé que je fais partie du problème. Je veux participer au processus de paix dans mon pays. Je veux faire mes propositions, je veux pouvoir regarder droit dans les yeux ceux avec qui je me suis opposé hier pour qu’on puisse tourner cette page-là définitivement. C’est pourquoi, j’ai dit mon siège est vide. C’est un appel que je lance, je veux faire partie de cette solution-là.
Y-a-t-il une lueur d’espoir relativement à une invitation au Cojep à participer à ce dialogue ?
Tout dépend des organisateurs qui ont identifiés les différents acteurs. Mais en tout cas, l’histoire de la Côte d’Ivoire, elle est là, on ne peut l’inventer. Les acteurs, leur visage sont connus et les Ivoiriens le savent. Donc, on ne peut aller sur Jupiter. Moi, je pense que c’est une erreur qui va être réparée. Certainement, le gouvernement a reporté ce dialogue et certainement qu’ils sont en train de s’organiser pour que tous les acteurs soient présents et que ce dialogue soit inclusif. Cela dit, je ne fais pas de mon absence un problème. Que je sois là ou pas, le Cojep fera en sorte de faire parvenir ses propositions, mais nous souhaitons être là.
Mais quels sont les sujets que Charles Blé Goudé et son parti, le Cojep souhaiteraient voir traités dans ce dialogue politique et traité avec qui?
Nous avons un seul interlocuteur aujourd’hui. Je disais qu’il y a eu la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire d’Henri Konan Bédié, la Côte d’Ivoire de Guéi Robert, la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et aujourd’hui, il y a la Côte d’Ivoire du Président Alassane Ouattara. C’est-à-dire que c’est lui qui conduit avec son équipe le navire ivoire et c’est à lui et son équipe de pouvoir trouver des solutions aux problèmes qui minent la Côte d’Ivoire.
S’il a eu l’ingénieuse idée de convoquer cette réunion politique qu’on appelle dialogue politique, c’est qu’il sait qu’il y a des problèmes à résoudre. A mon sens, les questions à résoudre, d’abord au plan politique, il faut faire en sorte que l’on fasse la différence entre adversaires politiques et ennemis politiques. Qu’on puisse accepter de pouvoir reconstruire la Côte d’Ivoire dans le respect de nos différences et cela doit faire l’objet de recommandations. Un genre de mémorandum qu’on signe à la fin du dialogue et un code de responsabilité qu’on signe à la fin de ce dialogue et chacun doit donc respecter sa signature.
Au niveau politique toujours, l’élection en Côte d’Ivoire aujourd’hui et généralement en Afrique, tue plus que le Sida. En moins de quelques jours, l’élection peut créer des milliers et des milliers de morts. Vous savez de quoi je parle, vue l’histoire récente de notre pays qu’on regarde dans le miroir, dans le rétroviseur.
C’est pourquoi, j’insiste pour qu’on dote la Côte d’Ivoire d’un organe électoral indépendant. On ne peut pas réunir des groupements privés qui sont des partis politiques, qui sont en compétition et leur confier l’organisation des élections. Il faut faire en sorte que l’organisation des élections soit confiée à des personnes qui ne sont pas dans des partis politiques. Mais qui sont des techniciens. La Côte d’Ivoire a des intellectuels et des gens qui ont pour seul objectif que la Côte d’Ivoire gagne et non que des individus gagnent ou que des groupements politiques gagnent.
Je souhaite simplement que ce dialogue politique ne soit pas l’occasion de partager des portefeuilles comme on nous a habitués. C’est l’occasion de poser les problèmes de la Côte d’Ivoire. Il y a des gens qui sont en prison. Que ce soit des civils ou des militaires, il faut les mettre dehors pour qu’on tourne la page de cette crise-là. C’est vrai que ça fait mal, on a toujours envie de punir, mais ça dure plus d’une dizaine d’années que toutes ces personnes-là, sont soit à l’extérieur ou en prison. Donc, on peut dire que plus ou moins, ces personnes-là, on déjà payé. Il faut tourner la page de cette crise, parce que le pardon qu’on doit accorder et que moi, je demande déjà. Je demande pardon à toutes les victimes de cette crise qu’elles soient pro-Gbagbo ou pro- Ouattara, ce sont des Ivoiriens qui sont morts à cause de la politique. Je leur demande pardon. Pas parce que je ne suis pas responsable ou coupable mais je suis un acteur majeur, il faut qu’on puisse aussi avoir dans notre langage, une approche qui puisse apaiser le cœur des uns et des autres.
Sincèrement, vous demandez pardon ?
Oui, sincèrement, je demande pardon à toutes les victimes. Tous ceux à qui j’ai pu faire mal, ceux avec qui il y a eu une incompréhension entre eux et moi, ceux qui ont eu des blessures morales aussi, je veux dire qu’il y a un temps pour se battre, il y a un temps pour tourner la page. Le Président de la République a lancé ce message-là, il faut qu’ils puissent comprendre que c’est cette partie de notre histoire, moi en tant qu’acteur majeur, je leur demande pardon. Le pardon qu’on demande et qu’on accorde est divin. On ne peut pas sauter la case pardon si nous voulons avoir une communauté de destin. L’Allemagne et la France se sont battus, ils sont passés du face à face au côte-à- côte aujourd’hui. Et ils sont les pions sur lesquels se reposent aujourd’hui l’Europe et son économie. Le Rwanda est un exemple, l’Afrique du Sud est un exemple. Ce qui a été possible ailleurs, peut l’être en Côte d’Ivoire avec un peu d’humilité et un peu de volonté. Moi, je saisis cette occasion pour lancer mon appel au pardon.
Charles Blé Goudé totalement transformé aujourd’hui ?
Ce n’est pas à moi de me juger, mais la prison est comme une piscine. On ne plonge pas dans une piscine et en ressortir avec des habits repassés.
Vous avez un dossier pendant devant la CPI relativement à votre dédommagement. Où en êtes-vous avec ce dossier aujourd’hui ? Qu’est-ce que la CPI vous a répondu?
La Cpi ne m’a encore rien répondu. Nous avons eu une audience le 13 décembre dernier. J’ai estimé que j’ai subi un préjudice pendant plusieurs années, mon image a été salie, pendant plusieurs années, j’ai été tenu loin de mes enfants, pendant plusieurs années, j’ai été privé de ma liberté, pendant plusieurs années, j’ai été présenté au monde entier comme un criminel. Et après 6 ans de procès, il a été conclu un acquittement définitif et toutes les charges ont été abandonnées contre moi. Pour cela, je conclu selon les règles de la CPI que j’ai le droit de demander réparation. Ce que je demande, parce que j’ai été désocialisé. Et cette mort social-là, je l’ai refusée et j’ai demandé réparation. Les juges m’ont écouté le 13 décembre lors d’une audience, ils ont aussi écouté le Procureur. Nous sommes tous dans l’attente de la décision de la Chambre qui a été constituée à cet effet.
Quelle est aujourd’hui la nature des relations que vous entretenez avec votre mentor Laurent Gbagbo qui est aujourd’hui au pays et qui a lancé un nouveau parti politique, le PPA-CI ? Quelle relation aujourd’hui avec Laurent Gbagbo?
Je me rends compte que la nature de mes relations avec Laurent Gbagbo préoccupe bien les journalistes. Mais, je n’ai aucun problème avec le président Laurent Gbagbo. Nos relations sont au beau fixe, sauf que géographiquement aujourd’hui, nous sommes séparés alors que 6 ans durant, nous avons été dans la même prison, nous avons partagé seconde après seconde ensemble, minute après minute ensemble. Mais aujourd’hui, il est en Côte d’Ivoire, moi je suis content qu’il soit rentré. Je n’ai aucun problème avec le président Laurent Gbagbo, nos relations sont au beau fixe et je salue même le fait qu’il ait créé un parti politique. C’est la démocratie qui est aujourd’hui en train de s’exprimer en Côte d’Ivoire.
Vous le dites avec toute la sincérité de votre cœur ?
Dire que je salue la naissance du PPA-CI, c’est cela que vous demandez ?
Non, qu’il n’y a aucun problème ?
Ah non, oui ça je le dis. Il n’y a aucune once de conflit entre le président Laurent Gbagbo et moi. On dit que le président Gbagbo est rentré en Côte d’Ivoire, il n’a pas appelé Blé Goudé, comme si eux, ils étaient dans le téléphone de Gbagbo et Blé Goudé. Ou alors comme si tous les matins, le président Gbagbo et moi devons nous mettre à la télévision ou à la radio pour faire le point de nos coups de fils. Non, ce n’est pas vrai. Ecoutez, je suis ivoirien et on est bien habitué à ça. Dans tous les cas, je vous le dis, il n’y a aucun problème entre le président Gbagbo et moi. On dit le président Gbagbo est arrivé en Côte d’Ivoire, il ne parle pas de Blé Goudé, j’en rie souvent, mais je peux vous le dire, il n’y a pas de problème entre le président Gbagbo et moi.
Et quelle est la nature des relations que le Cojep va entretenir avec le PPA-CI ?
D’abord, nous, nous sommes un parti panafricain qui est créé depuis 2001 et comme notre définition est là : Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples.Nous avons organisé plusieurs sommets panafricains en Côte d’Ivoire. C’est nous qui avons invité le fils de Patrice Lumumba en Côte d’Ivoire. C’est nous qui avons invité Jessy Jackson en Côte d’Ivoire. Tous ceux qui sont des figures de la lutte des noirs, c’est nous qui les avons invités en Côte d’Ivoire. Un autre parti vient de naitre et il dit qu’il est panafricain aussi. Nous avons le temps d’observer pour voir quel est le projet du PPA-CI, quelle est sa direction. Et puis, s’il y a un partenariat, il y en aura et s’il n’y en a pas aussi, il n’y en aura pas. Mais je veux lui dire que c’est un parti d’opposition comme nous. Donc, déjà, nous sommes dans le même camp, mais moi, pour le moment, je ne suis pas membre du PPA-CI et le Cojep n’est pas pour le moment membre du PPA-CI.
Je veux pour le moment assumer ma différence. Arrivé en Côte d’Ivoire comme tout le monde, puisque tous les partis politiques sont en Côte d’Ivoire avec leur leader. Quand j’arriverai, certainement j’aurai le temps de prendre le pouls de la situation, de m’informer, de me mettre à jour et puis ensuite, après analyse de la situation sociopolitique voir avec qui nous entrons en partenariat, avec qui nous n’entrons pas en partenariat. On verra. Mais, on ne créé pas un parti politique avec pour objectif un partenariat. Un partenariat, il est stratégique ou il est tactique, mais un partenariat n’est pas une fin en soit. On ne peut pas me dire : comme ton mentor a créé un parti politique, vas-y, milites-y. Ce n’est pas comme ça que la politique marche. J’assume pour le moment mon droit à la différence.
Quelle est aujourd’hui, la nature des relations entre Charles Blé Goudé et Guillaume Soro ?
Guillaume Soro et moi, nous avons un passé en commun d’anciens syndicalistes étudiants que j’assume, parce que moi, je n’aime pas renier mon passé. Mais, je crois que nous ne regardons pas pour le moment dans la même direction politique. D’abord, on n’a pas les mêmes méthodes de lutte et on n’a pas la même démarche politique et on n’a pas la même manière de voir la Côte d’Ivoire de demain. Je ne vais pas vous tenir la langue de bois, maintenant, je sais dans quelle situation difficile il est, parce que moi-même j’ai déjà vécu en clandestinité avec un mandat d’arrêt. Donc, je n’aimerais pas tirer sur l’ambulance. Donc, je respecte sa douleur.
Et vous souhaiteriez qu’il rejoigne son pays la Côte d’Ivoire ?
Moi-même, je souhaite regagner mon pays avant de souhaiter que lui regagne son pays.
Et en conclusion sur ce dossier Guillaume Soro ?
Je respecte sa douleur. Je ne sais pas réellement ce qui l’oppose au président Alassane Ouattara. Donc, je n’aimerais pas m’aventurer sur un sujet que je ne maitrise pas. Mais pour moi, la Côte d’Ivoire est un tout qui a besoin de tous. Quand on parle de réconciliation, quand on dit qu’autour de la table, il faut toutes les filles et tous les fils de la Côte d’Ivoire, quel que soit ce qui nous oppose, prenons de la hauteur. Nous aussi, nous devons tenir un langage qui peut apaiser les cœurs. C’est pourquoi, nous tous en même temps que nous demandons à rentrer en Côte d’Ivoire, notre attitude, notre langage doit aussi suivre dans ce sens.
Votre pays prépare l’élection présidentielle de 2025, comment voyez-vous cette échéance ?
Nous sommes en 2022, vous parlez de 2025, voyez-vous, c’est au moment où le ciel s’obscurcit qu’on construit son apatam. On ne va pas attendre. C’est pourquoi, je souhaite que dès maintenant, qu’on mette sur la table, tous les sujetsqui fâchent et onfait l’inventaire pour trouver des solutions pour ne plus que nous répétions ce qui s’est passé en 2011 et ce qui s’est passé en 2020. Parce qu’après la crise de 2011, on a pensé que c’était terminé. En 2020, c’était encore pire. Je souhaite que nous tirions les leçons pour ne pas répéter les mêmes choses. Il y a un penseur qui a dit : la vraie folie, c’est de se comporter de la même manière et espérer obtenir un résultat différent. Acceptons de changer de fusil d’épaule, clarifions le jeu électoral, ayons un comportement citoyen, donnons des règles bien claires pour qu’on puisse donner aux ivoiriens le choix qu’ils ont fait véritablement dans les urnes. Quand on dit que l’élection ce n’est pas la guerre, ne le disons pas seulement dans la bouche, accompagnons cela par des règles électorales qu’on respecte tous et faisons en sorte que notre objectif ne soit pas seulement de conserver le pouvoir ou alors le conquérir par tous les moyens. La vie des Ivoiriens est en jeu et nos petites ambitions ne sont pas au-dessus de la vie des Ivoiriens. Moi, je souhaite que cette question-là soit réglée. Au niveau du découpage électoral, de l’établissement de la carte électorale, de la commission électorale et ses prérogatives, toutes ces questions sont à régler pour qu’un jour, on puisse assister à une passation de charges entre un président élu et un président sortant. L’élection, c’est un jeu, l’alternance doit faire partie de notre culture.
Propos recueillis et retranscrits sur Radio de la paix par GRO et DS
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