JMLP 2022: Jean-Claude Coulibaly (UNJCI) donne des pistes de réflexion pour un avenir lumineux de presse ivoirienne
La journée du 3 mai de chaque année a été décrétée Journée mondiale de la liberté de la presse (JMLP) par les Nations Unies (ONU). Comme dans tous les pays membres de l’ONU, les journalistes ivoiriens ont commémoré cette ladite journée au sein du siège de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI). L’occasion a été belle pour Jean-Claude Coulibaly, président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), pour donner des pistes de réflexion pour sortir la presse ivoirienne de la crise des ventes qu’elle subit depuis l’avènement de l’Internet. Discours.
«Comme il est désormais de coutume et à l’instar de tous les pays membres de la communauté des Nations Unies, nous voici encore réunis ce jour, mardi 03 mai 2022 pour célébrer la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse (JMLP).
C’est une occasion de plus pour rappeler aux gouvernants, la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse. Non pas parce que les professionnels de l’information veulent qu’il leur soit aménagé une sorte de zone de non-droit, un no Man’s land juridique où ils se placeraient au-dessus de la loi. Mais du fait que l’information, pour garder sa crédibilité et son utilité sociale, doit être intègre et exempte de toute manipulation ou de toute contrainte.
Cette journée spéciale dédiée à la presse est aussi l’occasion pour les journalistes de se pencher sur toutes les questions relatives à la liberté de la presse et de l’éthique professionnelle.
A ce propos, il importe d’évoquer les pesanteurs socio-politiques qui peuvent s’exercer sur les journalistes, en temps de conflit par exemple. Chaque camp belligérant voudrait que l’information donnée par le journaliste épouse sa cause. A la fin, ce sont les médias qui y perdent de leur crédibilité.
Cette année, le thème retenu est : « Le journalisme sous l’emprise du numérique ». Depuis, hier lundi 2 mai 2022 et ce jusqu’au 5 mai, l’UNESCO, le partenaire privilégié des médias organise, en collaboration avec le gouvernement de la République de l’Uruguay, la Conférence annuelle de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse à Punta Del Este, autour de ce thème. Il s’agira pour les participants à cette grande conférence de réfléchir « sur l’impact de l’ère numérique sur la liberté d’expression, la sécurité des journalistes, l’accès à l’information et à la vie privée » (source organisation).
Pour notre part, en plus des préoccupations qui seront débattues à Punta Del Este, nous devrons nous appesantir davantage sur les ravages que cause l’avènement des médias numériques sur les médias traditionnels en général, en particulier, la presse papier de chez-nous.
Du fait du changement des habitudes de lecture de nombre d’Ivoiriens, la situation tourne en effet au désastre dans le secteur de la presse imprimée. L’impression des journaux est en réduction constante et subséquemment, les chiffres de vente eux-aussi sont en chute libre. La fragilité des entreprises de presse précarise inévitablement les journalistes qu’elles emploient.
Il ne faut cependant pas se résoudre à la fatalité et se laisser mourir tel un désespéré. L’ère de l’Internet doit être appréhendée comme une opportunité à saisir. Certes, comme le soutient à juste titre, Anatole France : « Tous les changements, même les plus souhaités ont leur mélancolie». A fortiori, ceux qui nous sont imposés par la marche du monde.
Il nous faut donc saisir l’opportunité de l’avènement de l’Internet et nous y adapter. Le métier d’informer lui ne changeant pas. Seules ont évolué l’habitude de consommation de l’information et surtout la vitesse à laquelle le consommateur entend désormais qu’il soit servi. Alors donnons de la vitesse à la circulation de l’information que nous donnons à lire ou à écouter.
Des grands médias tentent tant bien que mal de se mettre au diapason de ce monde numérique qui frétille. Chez nous-même, la pluparts des journaux ont une version en ligne. Cet effort certes méritoire, n’est apparemment pas suffisant. Autrement, l’équilibre économie de ces entreprises s’en ressentirait.
Il nous faut donc réinventer l’écriture journalistique pour l’adapter à la consommation rapide des internautes qui sont assaillis d’informations venant de tous horizons. En particulier des réseaux sociaux. Il ne s’agit certes pas de violer les règles de bases de l’écriture journalistique, mais simplement de la mettre au goût du jour.
Il nous faudra également repenser le modèle économique et le mode de fonctionnement de nos entreprises de presse. La crise sanitaire du Covid 19 a vulgarisé le télétravail. A l’ère du numérique triomphant, faudrait-il peut-être revoir le fonctionnement de nos rédactions en réduisant au maximum le travail en présentiel. En réduisant les charges locatives de bureaux qui grèvent l’équilibre budgétaires de nos entreprises de presse.
Ce ne sont là que des pistes de réflexion que je vous invite à élargir, afin que la presse de Côte d’Ivoire s’ouvre sur un avenir plus lumineux.
Vous l’auriez remarqué, je n’ai pas évoqué les préoccupations et attentes des journalistes à l’endroit du gouvernement. Elles sont contenues dans la déclaration des organisations professionnelles du secteur des médias qui vous sera lue tout à l’heure.
Je ne voudrais pas terminer cette allocution sans exprimer, au nom de l’ensemble des journalistes de Côte d’Ivoire, toute ma reconnaissance au Ministre Amadou Coulibaly, à Madame Anne LEMAISTRE et à tous les Chefs de missions diplomatiques qui apportent leur soutien aux journalistes.
Merci pour votre attention soutenue.»
GRO avec Sercom UNJCI
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