Paix, Unité et Réconciliation en Côte d’Ivoire: Samba David écrit à Alassane Ouattara et lui rappelle ses promesses

La Coalition des Indignés de Côte d’Ivoire (CICI), par la plume de son Coordonnateur national, Samba David, a écrit cette lettre ouverte au Chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara dont la politique de réconciliation vraie est un échec cuisant. Lettre ouverte.

Monsieur le Président de la République

Le 29 septembre 2011, lors de la mise en place de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), vous déclariez ceci : ‘’Mon projet, aussi ambitieux soit-il ne connaîtra un début d’exécution que si deux conditions sont réunies : la paix et l’Unité nationale pour une réconciliation vraie’’.

Plus de trois ans, sans un début de réconciliation, la CDVR a été remplacée par la Commission Nationale pour la réconciliation et  l’Indemnisation des Victimes (CONARIV). Cette autre institution n’a elle aussi pas  conduit les Ivoiriens à la terre promise de la réconciliation.

Jusqu’aujourd’hui, le constat est que la création des Institutions pour la réconciliation n’a pas suffi et notre pays a encore soif de réconciliation vraie. Une réconciliation qui passe par le désarmement des cœurs dont vous deviez, Monsieur le Président de la République, donner l’exemple.

Même la création d’un ministère de la réconciliation nationale n’a pas apporté grand-chose. C’est une preuve supplémentaire que la réconciliation, ce n’est pas la mise en place des Institutions mais la volonté des hommes de se pardonner. Et parmi ces hommes, il y a le Président de la République, le 1^er homme du pays.

Si après 11 ans, les institutions et les mots n’ont pas suffi, il est donc temps que les actes parlent. Si après 11 ans, on a encore des exilés politiques, on a encore des détenus politiques et des détenus d’opinion, c’est parce que les mots n’ont pas suffi. Si après 11 ans, les Ivoiriens continuent de se regarder en chiens de faïence, c’est que les mots ont échoué.

En tant que 1^er homme du pays, n’avez-vous pas l’impression de n’avoir pas donné l’exemple qu’attendent les Ivoiriens ? Poser des actes forts de réconciliation, c’est là que les Ivoiriens vous attendaient le plus. C’est pourquoi la Coalition des Indignés de Côte d’Ivoire vous adresse ce message et à travers vous, à l’opinion nationale et internationale.

Devrons-nous nous mettre encore dans les rues pour réclamer la réconciliation dans notre pays ? Pourtant vous avez dit plus d’une fois que la chose dont notre pays a le plus besoin, c’est la réconciliation. Vous le dites, mais à quand les faits ? En 2022, encore des prisonniers d’opinion, encore des personnes qui ont peur de parler ?

Monsieur le Président de la République, servez-vous du pouvoir pour nous aider parce que ce pouvoir vous est donné momentanément non pas pour arriver à vos propres fins ni pour donner un grand spectacle au monde entier, ni pour vous faire un nom. La seule et unique justification du pouvoir est de servir le peuple. Nous servir, c’est répondre à nos aspirations, servir le peuple, c’est rendre effective la réconciliation nationale.

 Des familles sont affamées, des nombreuses familles sont disloquées, des enfants ne partent plus à l’école parce que leurs parents sont en prison ou en exil depuis plusieurs années. A quand longtemps deviendra trop ?

Monsieur le Président de la République, nous vous interpellons et nous allons vous interpeller encore le 8 octobre à travers une procession pour ne pas dire une marche pacifique dans tous les endroits où il y a des représentants du Pape c’est-à-dire vers les églises catholiques pour remettre un mémo à tous les curés, évêques et prêtres pour qu’ils acheminent au Pape François à qui vous venez de rendre visite et à qui vous avez confié la stabilité de notre pays et à qui vous avez dit que la Côte d’Ivoire est un pays de paix. Car, comme le disait Houphouët-Boigny dont vous vous réclamez, ‘’la Paix ce, n’est pas un vain mot, mais un comportement.’’

Fait à Abidjan le 2 octobre 2022

Pour la Coalition des Indignés de Côte d’Ivoire

Le Coordonnateur national

Samba David

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