Dérive xénophobe: le départemental Rhdp de Tiassalé traite Assalé Tiemoko d’étranger et son chargé de communication menace un journaliste

Au cours d’une rencontre avec des jeunes de la commune tenue au siège de son ONG à Tiassalé, le samedi 22 octobre, le secrétaire départemental Rhdp de Tiassalé, Sanogo Dramane Alpha, candidat déclaré à la mairie de Tiassalé, a accusé le député-maire de Tiassalé, Assalé Tiemoko, d’être un étranger « qui n’a aucun intérêt à Tiassalé » et qui s’en ira après « avoir obtenu ce qu’il cherche » à Tiassalé. Avant d’appeler les jeunes à confier la mairie à un « Tiassaléen », c’est à dire à lui-même.



Il n’a pas nommément cité le député-maire Assalé Tiémoko Antoine, mais les éléments de son langage le trahissent et indexent le premier magistrat de la commune de Tiassalé. Ecoutons-le.
« (…) Je ne viens pas à Tiassalé pour chercher l’argent. Tout à l’heure j’étais avec les conducteurs de « Saloni », les tricycles (Ndlr, engins de transport à trois roues à Tiassalé), quand ils m’ont dit les taxes qu’ils payent, mais j’étais écœuré. C’est à dire eux ils travaillent pour payer que des taxes. Des jeunes qui se débrouillent, on met leurs tricycles en fourrière, ils doivent payer 35 mille, c’est trop. Ce n’est pas normal que l’administration (Ndlr la mairie de Tiassalé), se nourrisse sur les pauvres, ce n’est pas normal. Les gens sont venus à Tiassalé pour chercher l’argent, moi je dis non, il faut que ça change, ce n’est pas normal de spolier des pauvres personnes. Ça c’est des taxes, ce n’est pas l’état qui les fixe, c’est lui qui gère la population, ils se réunissent et puis il dit bon, voilà les taxes qu’on fait. Même à Abobo où je suis le directeur de cabinet de la mairie, on ne paye pas ça, on ne paye pas autant de taxe. Vous savez, je suis pour que le Tiassaléen bénéficie de son travail, pas pour que on prenne l’argent des Tiassaléens, pour donner à des gens qui vont manger, qui vont faire des salaires avec, je dis non. Moi je suis directeur de cabinet de la mairie d’Abobo qui est l’une des plus grandes communes de Côte d’Ivoire, donc je sais comment la mairie fonctionne. Vous voyez les travaux qui sont faits à Abobo ? C’est ce que nous on va faire à Tiassalé. Nous pouvons le faire à Tiassalé, parce que nous sommes avec le pouvoir. Quittons dans le bling-bling. A Tiassalé on n’a pas besoin de bornes fontaines, on va faire quoi avec ? (Ndlr, allusion faite aux forages réalisés par la mairie dans les campements et certains quartiers de Tiassalé, dotés de bornes fontaines fonctionnant au solaire). On n’a pas besoin de ça. On a besoin de changer les rues. On a besoin de mettre les enfants au travail. Je suis le seul cadre qui trouve du travail aux jeunes de Tiassalé. Ici à Tiassalé, je suis le cadre qui loge le plus de fonctionnaires, à Tiassalé, je suis le cadre qui emploie le plus de jeunes. Il y a des gens qui disent ils aiment Tiassalé, ils n’ont pas créé un seul emploi, c’est pas normal. Parce que, quand on veut diriger des hommes, on ne les dirige pas pour qu’ils soient sous nous, on les dirige pour qu’ils s’élèvent. On ne dirige pas des hommes en détruisant leurs biens, je dis non.
Moi j’ai fait l’école pour chercher l’argent. J’ai fait l’école au Canada, j’ai fait l’école en France, aujourd’hui je suis administrateur général des services financiers (Ndlr, actuel DAAF ministère de la Santé). Je suis nommé par décret pris par le président de la République, donc ce que je fais à Tiassalé, le président sait. Je travaille pour le président de la République, c’est ce que le président de la République nous demande, nous demande, nous les cadre, ce qu’on a, il faut qu’on le mette à la disposition de ceux qui n’en ont pas. Vous savez, depuis que j’ai quitté le ministère de l’éducation nationale, depuis une semaine, on m’appelle de partout. Alpha y’a plus de table-bancs à Tiassalé, Alpha y a plus de matériels de bureau dans les écoles, mais c’est grave. Il a fallu que je quitte un an, pour que ceux qui disaient qu’ils pouvaient, aujourd’hui voilà. Vous voyez le collège de Niamoué, on m’appelle, on me dit y’a pas de tables-bancs, y’a rien là-bas, on dit au lycée il commence à avoir des problèmes de table-bancs. Les gens bavardent, ils peuvent rien faire, c’est moi on m’appelle aujourd’hui pour venir régler.
Je viens de voir le ministre de la santé, le ministre Dimba Pierre, je suis allé voir mon patron, y’a pas de budget. Le Ministre Dimba m’a dit Alpha, comme c’est toi, je vais construire un bloc opératoire neuf, à partir de lundi les travaux commencent. Le Ministre a demandé que les travaux fassent deux semaines. Dans deux semaines vous aurez un bloc opératoire neuf à Tiassalé. Tous ceux qui bavardent, l’argent qu’on a débloqué pour le bloc opératoire, c’est plus que tout ce que eux ils font toute l’année, c’est à dire qu’ils peuvent jamais faire ça pour vous.
On va mettre des pavés, on va mettre du gazon, la population n’a pas besoin de ça (Ndlr, allusion aux travaux d’aménagement de la ville entrepris par la mairie, avec des pavés et autres jardins publics).
Aujourd’hui, on est en train de réhabiliter l’église catholique, est-ce que moi je suis catholique? Je ne suis pas catholique, je suis musulman. On est en train de faire l’Église protestante, est-ce que je suis protestant ? On est en train de faire à côté ici l’église Céleste, est-ce que moi je suis céleste ? Les gens eux ils sont là, ils construisent rien, ils détruisent, ils prennent pour les autres. Les écoles publiques de Tiassalé étaient gâtées, c’est moi qui ai tout réhabilité. Au quartier Jérusalem, qui a fait le collège ? Réponse des jeunes: « Alpha Sanogo ». Le collège sur la route de Bacanda, qui a fait ? « Alpha Sanogo ». On vient de faire un centre de santé à Broukro, qui a fait ? « Alpha Sanogo ». Le centre de santé de Ahua, qui a fait ? « Alpha Sanogo ». Au lycée de Tiassalé, j’ai envoyé des matériels de plus de cinquante millions, des ordinateurs, des splits. Ils sont là, ils font des choses chinetok. Ils n’ont pas de maison ici. Quand vous allez dans vos villages, le chef du village, il a sa cours ? Mais à Tiassalé ici, on a un chef de village (le maire NDLR) qui n’a pas de cours. Et puis vous allez suivre quelqu’un qui n’a pas de cours, si demain il y a un problème, il est parti? « Il va fuir », répondent les jeunes.
Moi ici là, tout le monde connaît où ma maman est, tout le monde connaît chez ma maman, tout le monde sait où moi j’habite. Lui, il a construit où ? Comment vous pouvez confier votre avenir à un aventurier ? C’est à dire demain, quand il aura ce qu’il veut, il va partir, si vous n’avez pas compris ça, c’est que vous n’avez rien compris. Quelqu’un qui n’a jamais tapé brique dans une ville. A Tiassalé se trouve ma vie, ma vie se trouve à Tiassalé. Quelqu’un qui n’a aucun intérêt dans la ville, mais il s’en fout de vous, de ce qui peut vous arriver. Il a un objectif. Le jour il atteint son objectif, il va partir. Or, moi, s’il y a un problème à Tiassalé, ça veut dire que j’ai problème. Ma maman est là, mes sœurs sont là, moi-même je suis là. Regardons l’avenir de nos enfants, regardons l’avenir de Tiassalé. Confiez ça à un Tiassaléen. Mon père est Senoufo, ma mère est Baoulé, ma femme est Abbey. Je ne peux pas faire de la démagogie. Je ne peux pas aller prendre des journalistes et dire que ce que la mairie a fait, c’est pour moi (Ndlr, le même jour, le Maire de Tiassalé recevait une vingtaine de journalistes pour une immersion presse dans la ville de Tiassalé. Et la rencontre au cours de laquelle le départemental Rhdp a tenu ces propos a eu lieu le samedi 22 octobre, autour de 17 heures, c’est-à-dire quelques heures après le départ des journalistes).
Moi je suis avec ceux qui ont le pays. Je vais prendre avec eux, pour envoyer à Tiassalé. Parce que, si on n’est pas avec ceux qui dirigent le pays, on ne peut jamais développer Tiassalé. Le travail qu’on est en train de faire, faire des caniveaux de la mosquée jusqu’à la mission en passant par le quartier Bété et autres, ça va coûter milliard. Est ce que quelqu’un peut avoir ça ? Si tu n’es pas avec le gouvernement tu peux avoir ça ? C’est pourquoi moi je suis avec le gouvernement pour Tiassalé. Je ne suis pas là pour faire la démagogie ou bien pour mentir. Je vais pas prendre des journalistes pour venir montrer ce que la mairie a fait pour dire que c’est pour moi, je ne fais pas ça. Quand moi je fais là, je dis là où j’ai pris, ça a coûté combien. Si je veux calculer les malades que moi Alpha Sanogo j’ai soignés ici, on va pas quitter ici. Si je veux calculer ceux que j’ai mis à l’école à Tiassalé, on va pas quitter ici. Les enfants que je paye leur école là, ça là je mets jamais ça sur facebook. Moi je ne suis pas quelqu’un qui va faire des aides scolaires et puis il va mettre ça sur facebook, ça c’est la honte. Y’a quelqu’un ici, quand il donne à un enfant pour aller à l’école, il met sur facebook. Moi, quand je fais, je dis où l’argent est quitté. » A dangereusement déclaré le secrétaire départemental du Rhdp, par ailleurs ancien DAAF du ministère des Eaux et Forêts, ancien DAAF du ministère de l’Education nationale et actuel DAAF du ministère de la Santé, de l’hygiène Publique et de la couverture maladie universelle.
Pour quelqu’un qui est cadre d’un parti qui a souffert de l’ostracisme, de la xénophobie dans ce pays, aller sur le terrain de « le maire n’est pas de Tiassalé » pour espérer gagner une élection, est une stratégie très dangereuse.
Pour une question de part de vérité, nous avons joint son chargé de communication, M. Diakité Balamine, qui nous avait promis une réaction de son patron, dans l’après-midi de ce mardi 25 octobre 2022.
En lieu et place de sa version des faits, le chargé de communication nous rappelle, nous menace en disant de « prendre nos responsabilités quant à ce qui adviendra après la publication de l’article » et nous traite de maître-chanteur (Ndlr, nous avons les enregistrements de nos conversations du matin et de l’après-midi), alors que nous n’avons rien demandé en contrepartie de notre article.
C’est lui qui a proposé nous revenir avec le numéro de son patron pour que si possible nous puissions nous rencontrer. Nous avons opposé un refus de non-recevoir et avons proposé, en lieu et place de la rencontre, une réponse à nos préoccupations quant à la version des faits de l’accusé par Whatsapp. Et son message écrit par Whatsapp en dit long sur les menaces : «Vous êtes peut-être journaliste mais vous devez apprendre un peu le Droit. Parce qu’avec cette affaire, vous risquez d’avoir des problèmes avec la Justice. Je n’en dirai pas plus et nous attendons votre fameuse publication.»
Il a même précisé qu’il parlait au nom de son patron.
Guy TRESSIA
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