PDCI: Anguille sous roche ou pression de la JPDCI? L’atmosphère avant le report du 7eme CE
Bernard Ehouman, directeur de cabinet du président du PDCI-RDA, dépose la candidature de Bédié à la présidence dudit parti, et le Sphinx de Daoukro reporte le 7eme Congrès extraordinaire, le même jour jeudi 8 décembre. Anguille sous roche ou pression de la JPDCI?
Par l’intermédiaire de son directeur de cabinet, Bernard Ehouman, le président du PDCI-RDA, Aimé Henri Konan Bédié, a déposé, ce jeudi 8 décembre 2022, sa candidature pour la présidence du parti en vue du 7ème congrès extraordinaire du PDCI RDA. Ce, au siège dudit parti à Cocody.
C’est à moins d’une heure de la clôture des dépôts de dossiers que cette démarche a été entreprise devant le comité de candidature à la présidence du parti au 7ème congrès extraordinaire du PDCI RDA.
Accompagné de plusieurs personnalités notamment le coordonnateur de la Grande cellule de coordination de la communication (GCCC) du parti septuagénaire, Soumaïla Bredoumi et le président du groupe parlementaire PDCI, Simon Doho, Bernard Ehouman est revenu sur l’esprit solidaire qu’il y a derrière cette candidature du Sphinx de Daoukro.
« Le président Henri Konan Bédié, président sortant, nous a instruit de prendre toutes les dispositions pour que sa candidature soit comme une candidature qui est justifiée comme une réponse apportée aux nombreuses sollicitations dont il est l’objet pour poursuivre la mission de transformation de notre parti. On a tout fait pour être là dans les délais », a-t-il confié.
Et, il poursuit pour dire que « c’est un sentiment d’espoir de savoir qu’après plus de vingt-trois (23) ans dans l’opposition, le PDCI-RDA est toujours débout. Et que la candidature du Président Henri Konan Bédié vient comme la réponse à apporter à une volonté partagée par l’ensemble de nos militants de pouvoir poursuivre sa mission de transformation de notre Parti, avec pour objectif principal les victoires de 2023 et 2025 ».
A la tête de ce comité qui réceptionne les candidatures dudit congrès, le ministre Allah Kouadio Remi a fait un point partiel de la situation.
« Nous venons de réceptionner les dossiers du candidat Henri Konan Bédié, en présence de tous les membres du comité. A 14 heures, il est prévu que notre comité commence les délibérations pour examiner toutes ses pièces pour voir leur validité et donner une suite », a-t-il indiqué aux alentours de midi.
Anguille sous roche ?
A la surprise générale, en fin d’après-midi, le président Henri Konan Bédié fait reporter le 7eme Congrès extraordinaire qui devrait se tenir le 14 décembre prochain. Et l’argument trouvé est la prorogation de la révision de la liste électorale (RLE) 2022.
Ce qui ne convainc pas de nombreux militants, dans la mesure où c’est le 29 novembre, 10 jours après le 19 novembre, début de l’opération de la RLE 2022, que l’annonce dudit congrès extraordinaire a été faite.
«Il y a anguille sous roche», soupçonne un membre du Bureau politique qui nous a joints par téléphone. «L’argument de la prorogation de l’opération de la RLE 2022 ne tient pas, en ce qui me concerne. Car si la RLE était si importante, on nous aurait fait l’économie de l’annonce d’un congrès extraordinaire qui mobilise toutes les instances statutaires (plus de 10.000 personnes) alors qu’on attendait l’annonce d’un bureau politique, une seule instance, qui ne mobilise que ses membres (environ 1000 personnes à jour des cotisations) et les 9000 autres pouvaient continuer la RLE 2022», argument-il avant de conclure : «Je veux donc savoir la vraie raison de ce report tout aussi extraordinaire».
Pression de la JPDCI ?
La pression était montée d’un cran au sein de la jeunesse du PDCI-RDA. Deux branches (JPDCI Rurale et JPDCI Estudiantine et scolaire) sur trois, soutenues par plusieurs mouvements et associations de soutien au parti, avaient programmé une conférence de presse pour dénoncer, selon certaines indiscrétions, le caractère électif de ce 7eme Congrès extraordinaire. Seule la JPDCI Urbaine ne se serait pas associée à ce projet de dénonciation. Du coup 2 sur 3, soit la majorité des jeunes n’était pas d’accord avec le caractère électif du congrès extraordinaire.
«Un congrès extraordinaire n’a un caractère électif que lorsqu’il y a intérim. Dès lors, si le PDCI a un président légitime dont le mandat court, on ne peut pas organiser un congrès extraordinaire électif. Car le congrès extraordinaire n’a pas vocation de renouvellement des instances, or c’est ce à quoi on veut amener. C’est pourquoi, nous voulons dénoncer le caractère électif de ce congrès extraordinaire», nous confie un leader de mouvements de soutien au PDCI, membre du BP.
Un autre jeune de faire ce rappel : «L’article 40 de nos statuts stipule, entre autres, qu’en cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu du président, l’intérim est assuré par le doyen d’âge des vice-présidents. La durée de l’intérim ne peut excéder six mois, sauf si la durée du mandat restant à courir est inférieur ou égale à un an. C’est ainsi qu’au 4eme Congrès extraordinaire de 1994, le président Bédié a été élu, parce que le président en exercice, Félix Houphouët-Boigny qui avait été élu au 9eme congrès ordinaire en 1991 et dont le mandat courait jusqu’en 1996, venait de décéder le 7 décembre 1993, deux ans plus tôt. C’est ainsi que le président Bédié a assuré son intérim en tant que président de la République (il devait achever le mandat présidentiel selon la constitution) et en tant que président du PDCI-RDA (il devrait organiser un congrès extraordinaire électif, dans les 6 mois qui suivent, selon les textes du parti), ce qu’il fit avec le 4eme CE en 1994 pour diriger le parti jusqu’au 10eme congrès ordinaire en 1996. C’est le seul congrès extraordinaire qui a été électif du fait de l’intérim qui ne devrait pas excéder 6 mois.»
Et de poursuivre en disant que «dès lors que le 6eme Congrès extraordinaire tenu le 15 octobre 2018 à Daoukro a prorogé le mandat de toutes les instances dont celui du président Bédié, jusqu’après les élections présidentielles de 2020 pour l’organisation du 13eme Congrès Ordinaire, le mandat du président Bédié court toujours tant qu’on n’organe pas le 13eme Congrès Ordinaire. Du coup, il n’y a pas d’intérim pour organiser une congrès extraordinaire électif.»
Voilà l’atmosphère qui a prévalu avant le report de ce 7eme Congrès extraordinaire et le report par conséquent de la conférence de presse de la jeunesse qui devrait se tenir ce vendredi 9 décembre 2022, au siège du parti à Cocody.
Gilles Richard OMAEL et Vagoné Dry-Bi
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