Côte d’Ivoire/Gouvernance: Trop de scandales financiers sous Alassane Ouattara… Enfin, la Cour des comptes met le pied dans le plat
L’économiste ivoirien Alassane Ouattara qui avait fait rêver toute la Côte d’Ivoire et l’Afrique dans les années 90, est au plus bas de sa côte de popularité en ce moment dans son pays et à l’extérieur. En effet, après son accession au forceps au pouvoir d’Etat en avril 2011, Alassane Ouattara avait promis l’émergence économique à son pays à l’horizon 2020. Ce fut un fiasco. Pis, les scandales économiques et financiers se sont multipliés sous sa gouvernance, et dans la quasi-totalité des cas, ce sont ses proches (membres de son parti politique), qui en sont les auteurs.
Le dernier en date est celui que vient de révéler la Cour des Comptes, et qui touche plusieurs ministères mais aussi et surtout l’entreprise (SNEDAI) du président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, et l’Office nationale de l’Etat civil et de l’Identification de Côte d’Ivoire (ONECI) qui délivre les cartes nationales d’identité (CNI).
Sur la confection des cartes nationales d’identité et la production des passeports, le Trésor Public ivoirien n’a perçu en tout et pour que la somme de 192 000 F Cfa au compte de l’année 2022. Selon la Cour des comptes dans son rapport N°25/2023 à la page 35, cette somme représente le droit des timbres des CNI et des passeports versé à l’Etat de Côte d’Ivoire sur toute l’année 2022. Faut-il noter que le coût du passeport s’élève à 40 000 F Cfa, quand la carte nationale d’identité est confectionnée à hauteur de 5000 F Cfa.
Des sources dignes de foi font état de ce que ce sont 20 000 F Cfa qui sont prélevés sur les passeports pour le compte de l’Etat en plus des 5000 F Cfa de la CNI. Mais toute cette somme n’est pas reversée au Trésor Public. Le ministère du budget et SNEDAI se rejettent la faute, puisque le premier fait savoir que le second encaisse directement l’argent sans le reverser à la comptabilité publique, tandis que selon SNEDAI «un compte de séquestre a été ouvert au nom de l’Etat dans les livres de deux établissements financiers nationaux de premier rang, afin d’y reverser les droits de délivrance de passeports ivoiriens et visas d’entrée en Côte d’Ivoire collectés par SNEDAI Côte d’Ivoire.»
Les responsables de cette entreprise qui produit en moyenne 60 mille passeports par an, ont fait un communiqué en date du 3 janvier 2024, pour dire qu’ils n’ont pas accès aux comptes de séquestre. Ainsi, ni le ministère du budget, ni SNEDAI ne savent donc ou se trouve cet argent.
Sans prétention aucune, l’on retient cependant que dans une accusation aussi grave que celle-là, SNEDAI (qui encourage l’opacité) n’indique pas dans son communiqué la somme totale qu’elle a reversée à l’Etat de Côte d’Ivoire sur la période incriminée.
Le scandale est vraiment profond
A la vérité, l’affaire ne porte pas uniquement sur les cas de l’ONECI et de SNEDAI. Il y a le rapport définitif sur l’Audit du CHU de Treichville, exercices 2016 à 2020, le rapport définitif sur l’Audit de performance des programmes pour l’année 2022, le rapport définitif sur l’exécution de la Loi de Finances en vue du règlement du budget de l’année 2022. Dans ce cadre, plusieurs ministères et entreprises publiques ont été épinglés par la Cour des comptes. Ainsi, l’ANSUT USD, FER-PALMIER et UTEXI sont toutes passées au peigne fin de la Cour des comptes. Et des demandes d’explications ont été adressées au ministère du budget pour savoir pourquoi aucun remboursement n’a été effectué par ces entreprises au cours de l’année 2022.
Le ministère a évoqué trois raisons. D’abord, l’ANSUT bénéficie d’un rééchelonnement jusqu’en 2024, ensuite FER-PALMIER est mise en liquidation par décret (décret N°2021-616 du 20 octobre 2021) lequel a fixé les modalités de la dissolution du Fonds d’extension et de renouvellement pour le développement de la culture du palmier à huile, et enfin la société UTEXI a été mise en redressement judiciaire par jugement N°2164/1ère Com. du 18 août 2006.
Le Chu de Treichville qui a connu une baisse drastique de ses recettes, a également été épinglé par la Cour des comptes. Selon le rapport de la Cour des comptes «ses recettes propres sont passées de 1 204 135 235 F, en 2016, à 1 496 607 274 F, en 2019, soit une hausse de 292 472 039 F (+24,28 % par rapport à 2016). Elles ont, cependant, connu une baisse de 281 447 031 F entre 2019 et 2020 (1 215 160 243 F).» Plusieurs ministères ont aussi été interpellés par la Cour des comptes.
Au total, on retient, selon le rapport de la Cour des comptes, que «l’exécution de la loi de Finances de l’année 2022 fait apparaître un solde budgétaire déficitaire de 3 103 895 464 945 F et un solde de trésorerie excédentaire de 3 023 348 138 827 F. Il en résulte un solde global déficitaire de 80 547 326 118 F.
Autres scandales financiers sous Alassane Ouattara
Outre le rapport de la Cour des comptes qui fait sensation actuellement sur les bords de la lagune Ebrié, l’on peut rappeler les autres scandales sous la gouvernance d’Alassane Ouattara qui ont fait les choux gras des journaux ivoiriens depuis plus de dix (10) ans.
En mai 2013, il y a eu l’affaire des attributions illicites de marchés ou des surfacturations lors des travaux de réhabilitation des universités, notamment celui de Cocody qui aurait coûté 110 milliards de F CFA sous la gouvernance de Cissé Ibrahima Bacongo.
En 2015, l’histoire des primes impayées des Éléphants de Côte d’Ivoire après leur victoire à la CAN a porté sur la somme de 720 millions de français CFA. Il y a eu le détournement des inscriptions à l’Université Félix Houphouët-Boigny de plus de 430 Millions FCfa. Somme disparue sans trace.
Dans le Programme présidentiel d’urgence (PPU), l’on a parlé également de détournement de plus de 400 Milliards FCfa. Ledit programme a été arrêté par la banque mondiale en raison de ce scandale.
La filière café-caco n’a pas échappé au scandale financier. Plus de 500 Milliards portés disparus. Cela a dû coûter son poste à la dame qui dirigeait cette filière en son temps.
Il a également été question d’un détournement de 1000 Milliards FCfa à la GESTOCI, une affaire révélée par la Lettre du continent et pour laquelle le gouvernement ivoirien n’a pu convaincre les Ivoiriens du contraire. Quelques 700 Millions FCfa auraient également été détournés à la Caisse Nationale des caisses d’Epargne (CNCE).
Il faut ajouter à cela le scandale au guichet automobile de plus de 20 Milliards de perte, sans oublier la construction du métro d’Abidjan, pour laquelle le budget est passé de 300 à 912 milliards sans aucune justification. Là aussi l’information a été donnée par la Lettre du continent. Est-il nécessaire d’évoquer la construction et la rénovation du stade olympique d’Ebimpé?
Pour finir, il faut rappeler que le budget de souveraineté du Président Ouattara serait de 342 Milliards (jamais atteint par les régimes précédents, le plus haut sous Gbagbo est de 75 milliards Fcfa, en période de guerre). Information révélée par la Lettre du continent. En son temps, la présidence de la République avait pondu un communiqué pour nier les faits et pour dire qu’une plainte serait déposée contre la Lettre du Continent… Sans suite.
Comme quoi, sous Alassane Ouattara, un agent de la haute finance mondiale (FMI et Banque mondiale), on peut le dire, à raison ou à tort, il y a trop de scandales. On endette le pays, on détourne les deniers publics et ce sont les Ivoiriens qui doivent payer pour ces fonds détournés.
Jean-Philippe Okann
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