Gestion des villages de Yamoussoukro/Coulibaly Gondo, préfet, indigné: «Aujourd’hui, j’ai mal au cœur… » Les chefs traditionnels outillés à la gestion administrative

Les têtes couronnées, les présidents de jeunesse, les présidentes des femmes, les présidents des mutuelles de développement, les élus étaient réunis à la salle de conférence de la Caisse générale de retraite des agents de l’Etat (Cgrae), de Yamoussoukro, le vendredi 31 mai dernier, pour l’atelier de renforcement des capacités dans l’organisation et le fonctionnement des villages.

Cette initiative est du Sous-préfet central de Yamoussoukro, Yéo Dohogninnina. Qui a situé les enjeux d’une telle initiative en ces termes : «Le village est une entité traditionnelle à laquelle la loi n°2014-451 du 05 Août 2014, portant orientation et organisation générale de l’Administration territoriale a conféré la qualité de circonscription administrative de base. Dès lors le chef a une fonction à la fois traditionnelle et administrative. Contrairement aux autres circonscriptions administratives dont les administrateurs reçoivent une formation qui les prépare à l’exercice de leurs fonctions, le chef de village qui est aussi chef de circonscription, n’est pas souvent outillé à la gestion administrative. Or sa tâche devient d’autant plus délicate qu’il doit combiner la gestion traditionnelle et la gestion administrative du village. Si pour les questions traditionnelles, le chef du village est censé disposer de personnes ressources capables de la guider, ce n’est pas évident lorsqu’il s’agit de l’approche administrative de la gestion du village».
Et d’ajouter : «En effet, la gestion du village requiert une connaissance réelle de l’entité administrative à gérer ainsi que des hommes qui en font partie. Elle nécessite une prise de conscience des missions et attributions et surtout une bonne gestion des relations humaines. Il est aussi attendu du chef de village la production d’actes et de documents de gestion de sa localité ainsi qu’une maitrise des instruments et mécanisme de gouvernance qui lui permettront de relever les défis et contraintes qui se présentent à lui. Il s’avère nécessaire dans ces conditions, de renforcer les capacités du chef de village à la gestion du village.»
Le contexte dudit atelier devrait pourvoir apporter la paix dans les villages et situer chacune des entités sur son rôle.

Pour le Préfet hors grade, Coulibaly Gondo, préfet de région, préfet du département de Yamoussoukro, il était là pour ouvrir les travaux de l’atelier. Le faisant, l’Administrateur chevronné a félicité de façon vive son collaborateur pour cette initiative avant d’aborder les questions qui fâchent quant à la gestion des villages.
Selon lui, «la pertinence aussi de ce séminaire vient du fait que dans nos villages aujourd’hui, on a trop de problèmes. Quelques fois, on a l’impression que dans les villages, il n’y a pas de chef, quelques fois le président des jeunes prend des décisions ou bien c’est le président de mutuelle qui prend des décisions qui sont imposées aux chefs. Il faut que nous comprenions très bien, si nous n’acceptons pas l’organisation que nous-mêmes, nous nous sommes donnée, il y aura toujours le désordre. Cette organisation dit que dans le village, le chef de village est le chef de tous. Il faut qu’on comprenne ça… »
Une précision de taille avant d’aller plus loin pour dire certaines vérités sur le mode de désignation d’un chef de village en pays baoulé.
« Mesdames et messieurs, il faut qu’il y ait la discipline. Aujourd’hui j’ai mal au cœur lorsqu’en pays baoulé les questions de chef, des problèmes de succession se posent. J’ai mal parce que je sais ce qu’est la société baoulé du point de vue de la succession. La société sénoufo et la société baoulé, c’est la même chose, parce que nous sommes matrilinéaires aussi. Chez nous comme chez vous, dans nos villages du vivant du chef, on sait déjà que quand le chef ne sera plus qui le succédera. Donc il ne devrait pas avoir de problème si un jour le chef n’est plus là», a-t-il mentionné avant de s’insurger contre les consultations populaires pour la désignation d’un chef en pays baoulé.
« J’ai donné des instructions à mes sous-préfets, il faut que nous nous attachions aux coutumes et réalités de zones. Ce que nous appelons consultations populaires pour désigner un chef. Dans certaines régions ça marche mais en pays baoulé ce n’est pas tout le village qui est concernée par la question de la désignation du chef. En pays baoulé, c’est une famille qui est chef de village. Et donc c’est cette famille qui propose quelqu’un comme chef au village. Et mesdames et messieurs quand cette famille-là propose c’est cette personne qui a été proposée par la famille, c’est lui qui est le chef», a fait savoir Coulibaly Gondo.

Qui, poursuivant, a élevé la voix contre l’ingérence des acteurs politiques dans la désignation des chefs : « Il y a deux choses qui font que les choses se gâtent. Première raison, l’argent. Aujourd’hui tout est devenu affaire d’argent. Nos terres ont pris de la valeur ; un morceau de terre coûte cher ; restons dignes devant l’argent. L’argent est fait pour nous servir et non pour nous soumettre. Restons dignes devant l’argent et respectons nos coutumes. La deuxième raison qui fait qu’il y a des problèmes aujourd’hui dans les villages, ce sont les questions politiques. Ce que je vous demande, vous les politiques, respectons nos coutumes. Pour la désignation des chefs laissez tranquillement ceux qui sont habiletés à le faire, le faire selon les règles, selon la coutume, laissez-les désigner les chefs. Il faut laisser les règles coutumières s’appliquer. Il faut choisir le chef en fonction des règles. C’est ce que moi je vous conseille ; il faut que nous respections nos coutumes… »
Présent au séminaire, le député de Yamoussoukro sous-préfecture et Kossou, Dr Kouadio Philippe et le 4e adjoint au maire, Jean Parfait Konan ont dit leur satisfécit de voir une telle initiative.
A.N. LYRANE
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