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PDCI/Communication et gestion des militants: La lettre ouverte de Guy Tressia au président Tidjane Thiam

Guy TRESSIA
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Bonjour monsieur le président Cheick Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA.

Je voudrais avant tout propos, puisque c’est ma première lettre à vous adressée, vous féliciter pour votre élection à la tête du PDCI-RDA, parti doyen (78 ans) des partis politiques de Côte d’Ivoire.

Je voudrais également vous féliciter pour le ton utilisé à chacune de vos sorties publiques, c’est vraiment faire autrement la politique depuis toujours basée en Côte d’Ivoire sur des invectives, des injures, de la calomnie, la haine, le dénigrement de l’adversaire. Mais vous parlez des problèmes des Ivoiriens sans jamais dénigrer, injurier ou calomnier vos adversaires. Merci pour cette leçon du changement.

Toutefois, je viens par cette lettre ouverte, bien que membre du Bureau politique et n’étant pas votre conseiller pour être proche de vous, vous soumettre deux préoccupations quant à la gestion du parti : «La Communication du parti et la gestion des hommes».

Je n’ai pas la prétention de vous apprendre comment les gérer, votre parcours professionnel en dit déjà long sur la gestion de la communication d’une entreprise et des hommes, les employés.

La communication actuelle du PDCI-RDA est carrément et entièrement tournée vers l’extérieur. Pourtant, comme en entreprise, la communication d’un parti politique devrait avoir le même schéma. C’est-à-dire, avoir un service de communication interne (formelle et informelle) et un autre de communication externe (formelle et informelle), le tout couronné par une direction de la Communication globale. Et ce ne sont pas les hommes et des femmes, experts et expertes, qui manquent au sein du parti pour gérer ces structures.

La structuration de ces deux services qui travailleront en synergie, permettra d’avoir un regard non seulement en externe, mais aussi en interne, car une bonne communication interne fait déjà plus de la moitié du travail de la communication externe.

Actuellement, le PDCI-RDA est comme un œuf, beau à l’extérieur et pourri de l’intérieur. Trop de palabres de leadership, des clans sont formés et c’est un secret de polichinelle.

Il suffit qu’un cadre affiche ses ambitions pour le parti ou au sein du parti qu’il est voué aux gémonies. Or s’il y avait une communication interne bien menée, on ne verrait pas ces palabres. Car la communication interne amène tous les militants à se sentir en famille, comme en entreprise.

Du coup, la communication et la gestion des militants du parti vont de paire. Mais que constatons-nous ? La pensée unique et le culte de la personnalité. Ces deux tendances divisent le parti pourtant dit démocratique où s’affrontent les idées et les ambitions canalisées par la communication interne. On veut faire du PDCI non plus un parti DEMOCRATIQUE mais un parti DICTATORIAL. Il suffit d’avoir une pensée contraire à certaines personnes du parti qu’on vous accuse de traitrise, si on ne vous demande pas de démissionner du PDCI-RDA pour aller voir ailleurs.

Or comme l’a écrit Jacques Roger, un de vos farouches défenseurs et je cite : «La récente annonce de la candidature de Jean-Louis Billon, à la Convention du PDCI-RDA, pour affronter Tidjane Thiam, est une démonstration vivante des valeurs démocratiques. Billon, un outsider face au candidat naturel Thiam, représente une opportunité pour le parti de prouver sa maturité et sa robustesse démocratique. L’essence même de la démocratie repose sur la compétition saine et équitable, où chaque candidat a la chance de présenter ses idées et sa vision pour l’avenir.» Fin de citation.

Cependant, toute personne qui exprime ses ambitions est prise pour ennemie du parti ou du président. Je pense humblement que vous devriez vous prononcer sur ce comportement de certains militants qui divise les cadres. C’est donc à juste titre que certains trainent les pas pour aider le parti dans son rayonnement. Et tout cela, c’est à défaut d’un service ou comité de gestion de la communication interne. Il faut donc revoir la structuration de la Communication du parti et la gestion des militants, voire former les militants au militantisme vrai et à la démocratie.

Je rappelle toujours, dans mes discussions avec certains militants, le congrès constitutif de la JPDCI en 1991 après la dissolution du MEECI, à la suite de l’adoption du multipartisme en Côte d’Ivoire.

Houphouët-Boigny, le père fondateur du PDCI-RDA et de la Côte d’Ivoire moderne, tout puissant Président de la République, aurait pu nommer quelqu’un pour diriger la JPDCI, mais il a laissé s’affronter les 18 candidats déclarés. Et selon le mode opératoire, 8 sont allés au second tour.

Les organisateurs sont allés voir le président Houphouët-Boigny qui leur a dit de les laisser s’affronter au second tour pour se trouver eux-mêmes un président.

Mais avant l’organisation du second tour, les candidats eux-mêmes ont demandé une suspension des travaux. Ils sont allés se concerter entre eux et sont revenus avec comme consensus, la candidature unique de Koné Mahamadou qui fût dès lors le premier président de la JPDCI, grâce à un consensus qui est aussi un modèle de démocratie.

Pour terminer, en attendant ma prochaine lettre ouverte pour d’autres préoccupations,

Je vous prie, Monsieur le Président, de recevoir l’expression de ma haute considération et mes salutations militantes.

Guy TRESSIA

Membre du BP du PDCI-RDA


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