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Présidentielle 2025/Entre piques, piqûres et programme de société: Jean-Louis Billon déballe tout… PDCI, Thiam, RHDP et alliance de l’opposition

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Jean-Louis Eugène Billon signe et persiste : «Je suis candidat à la Convention du PDCI-RDA pour porter les couleurs de mon parti à la présidentielle de 2025». Cette affirmation suscite beaucoup de débats au sein du parti doyen de Côte d’Ivoire et anime des causeries entre les Ivoiriens.

Dans cette interview accordée au magazine « CEUX QUI FONT L’AFRIQUE », Jean-Louis Billon casse la baraque. Entre piques, piqûres et programme de société, l’élu de Dabakala déballe tout et crache ses vérités.

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Il souhaite un meilleur fonctionnement de son parti et un traitement plus juste des Ivoiriens, en proie au chômage et aux déguerpissements, dans un pays où les indicateurs économiques et les grands chantiers ne suffisent pas, selon lui, à améliorer la vie de ses compatriotes. Il affirme surtout pouvoir faire mieux. Interview.

Ceux qui font l’Afrique: En 2023, vous avez déclaré sur les ondes de Radio France Internationale (RF1) que vous avez une offre politique pour la Côte d’Ivoire. A quelques mois de l’élection présidentielle de 2025, quelle est la substance de cette offre politique?

Jean Louis Billon : Merci. Je pense qu’il me sera difficile de présenter mon projet de société en si peu de temps. Cependant, je peux vous dire que cela se fera lors de ma déclaration officielle de candidature. À ce moment-là, je parlerai de cohésion sociale, de développement, et faire en sorte qu’aucun Ivoirien ne se sente exclu du processus de développement en Côte d’Ivoire. C’est toute la substance de mon projet politique: avoir de l’équité, de la justice, de la bonne gouvernance et s’assurer que sur l’ensemble du territoire national, tous les Ivoiriens se sentent concernés et touchés par ce processus de développement que je compte mettre en place.

CQFA : La date de la prochaine Convention du PDCI-RDA demeure jusqu’à ce jour indéfinie, quand la Présidentielle de 2025 arrive à grandes enjambées. Cette rencontre, signifions le, revêt un caractère capital dans la vie du rassemblement politique, car c’est à l’issue de celle-ci que sera désigné le candidat du parti aux prochaines échéances électorales. Qu’est-ce qui explique ce que nous qualifierons de retard et quelles sont vos attentes à l’issue de cette rencontre?

JLB : Au niveau du PDCI-RDA qui est mon parti politique, il faut savoir qu’avant d’arriver à la Convention, nous devons tenir une réunion du bureau politique, qui fixera la date du congrès. Nous sommes déjà en retard de deux congrès. Le treizième congrès devait se faire en octobre 2023 et il n’a toujours pas eu lieu. Avant d’organiser la Convention, nous devons tenir ces réunions, débattre, et c’est le congrès qui va ensuite programmer la convention. Il est essentiel que la Convention se déroule dans les règles de l’art. Ce que j’attends c’est une convention ouverte et crédible, contrairement aux conventions éclatées et désorganisées du passé. À ce moment-là, si la convention est crédible, alors le candidat le sera également.

CQFA : A travers vos réseaux sociaux, notamment Tiktok, vous annoncez des panels de discussion ouverts au public, avec une communication vraiment soutenue et tout ce qui va avec. Monsieur Billon, êtes-vous officieusement en campagne ? Sinon, quelle est l’optique d’une telle démarche ?

JLB : Je vais vous répondre directement. Il y a un acteur politique qui malheureusement n’est plus parmi nous aujourd’hui, qui était Emile Boga Doudou. Il avait résolu cette question en disant qu’un homme politique est toujours en campagne. Donc oui, je suis en campagne. Je suis constamment en campagne. Maintenant, des panels de discussion sont ouverts et me permettent de connaître les préoccupations des Ivoiriens et de leur apporter une esquisse de réponse, parce que la réponse complète sera apportée quand je serai aux affaires.

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CQFA : Revenons au PDCI-RDA, monsieur le président, si vous le permettez. Il se dit qu’une guerre intestine, quoique bénigne, prévaut actuellement au sein de votre Parti, et que vous ne seriez plus en odeur de sainteté avec votre camarade et concurrent à la candidature Tidiane Thiam. Qu’en est-il réellement ?

JLB : En réalité, li n’y a pas de problème personnel entre nous deux. Il est président du parti et nous attendons que le parti soit géré comme un parti politique doit l’être. Aujourd’hui, il y a beaucoup de retard dans les actes de gestion du parti et il faudrait que ce soit corrigé. Je pense que l’équipe qui l’entoure est trop en retard et ne l’oriente pas de la manière attendue par les militants. J’ai rappelé tout à l’heure que nous devons avoir un bureau politique. Et le congrès qui est l’instance supérieure du parti peut valider ou non les nominations qui ont été faites parce qu’elles ont été faites en dehors des textes.

CQFA : Soit dit en passant, c’est une question qui n’était pas dans le protocole d’interview. Nous avons lu dans un journal proche du PDCI-RDA, un article annonçant que vous renonciez, non seulement à devenir candidat du parti aux prochaines présidentielles, mais que vous apportiez votre soutien à Monsieur Thiam, qu’en est-il ?

JLB : Ce n’est que de l’intoxication. Ce sont des personnes qui ont une mauvaise communication et me font dire, à moi et à d’autres, ce qui n’est pas du tout vrai. La réalité, c’est que je suis en lice, je suis et je demeure candidat. Par ailleurs, le président Thiam est absent du pays, donc nous ne nous sommes pas parlé depuis un bon bout de temps.

Pour l’instant, j’estime que le parti est en train de fonctionner un petit peu de façon informelle. Même si le président a de l’autorité, il faut que tout cela soit concrétisé et validé lors d’un congrès. En dehors de ça, il n’y a pas de problèmes personnels. J’estime que je n’ai pas d’ennemi, je n’ai pas d’adversaire, je n’ai que des concurrents.

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CQFA : Selon quelques indiscrétions, certains membres du PDCI-RDA vous reprochent d’être effacé et peu réactif lors des rencontres et activités. Si ces faits sont avérés, est-ce un effacement stratégique?

JLB : Non pas du tout. Moi, j’estime qu’il ne se passe rien en ce moment au niveau du parti. Encore une fois, je le répète, pas de bureau politique, pas de congrès, il ne se passe rien. Aujourd’hui je ne suis dans les instances dirigeantes du parti pour participer aux réunions. Donc, je ne vois pas pourquoi je vais aller me promener dans les réunions où il ne se passe rien, où il ne se décide rien. Tout commencera après le bureau politique et surtout après le 13ème congrès ordinaire qui est attendu depuis 10 ans maintenant. Si nous atteignons 2025, nous serons en retard de 3 congrès. Or, nous sommes un parti politique, et l’instance supérieure du parti politique, c’est le congrès. Que l’on fasse le congrès, après on pourra dire, maintenant, quant aux absences des uns et des autres.

On ne va pas reprocher à certains cadres du PDCI d’être absents, quand, pendant plus de 20 ans, il y en a qui étaient absents. Je pense que c’est un mauvais procès. Il n’est écrit nulle part qu’on doit être présent à toutes les rencontres. Pour les rencontres importantes, nous sommes là.

CQFA : Bien reçu. Revenons à votre candidature. Ce n’est pas une lapalissade de le dire, vous êtes un homme accompli et vous participez déjà, à votre niveau, au processus de développement du pays. Vous êtes présenté comme l’homme le plus riche de la Côte d’ivoire et le deuxième plus gros employeur après l’État. Tout cela sans compter les multiples nominations gouvernementales et les fonctions électives glanées tout au long de votre parcours. Avec un tel confort professionnel et financier, pourquoi vous engagez-vous dans une course à la magistrature suprême?

JLB : A la différence de beaucoup d’acteurs politiques, moi je ne cherche pas à être quelqu’un. Je veux faire quelque chose pour al Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens. C’est toute la différence. Toute cette expérience que j’ai acquise dans le monde des affaires, dans le monde politique, et sur la scène internationale, je veux la mettre au service de mon pays. Je le dis toujours, je peux faire mieux que les équipes en place, mieux que ce qui a été fait jusqu’à présent. Je suis le seul, parmi les acteurs politiques, à part ceux qui sont actuellement aux affaires, à ne pas être au chômage. Les autres, qui sont au chômage, cherchent un emploi en se présentant. Moi, j’ai déjà un emploi. Je veux simplement changer d’emploi et diriger la Côte d’Ivoire. Voilà toute la différence entre moi et les autres.

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CQFA : Vous affirmez pouvoir faire mieux que les personnes aux affaires. La question qui vient est en parfait alignement avec votre affirmation. Quels sont les atouts qui font de vous le meilleur candidat à la succession du président Alassane Ouattara ?

JLB : Quand vous regardez le profil des acteurs politiques en présence, vous avez des fonctionnaires, des banquiers, essentiellement, et des professeurs. Celui qui a le profil le plus large, c’est moi. En termes d’expérience, si vous me parlez de banque, je suis actionnaire de banque et ancien président de banque. Dans le domaine de l’agriculture, je suis impliqué du champ jusqu’au produit fini avec l’agro-industrie. Si on veut parler de fonctions électives, j’ai occupé tous les postes en Côte d’Ivoire. En matière d’expérience gouvernementale, j’ai également tout vécu. Le seul poste que je n’ai pas encore occupé en Côte d’Ivoire est celui du président de la République. Et celui-là, je compte bien le gagner avec le soutien des Ivoiriens.

CQFA : C’est tout le mal que nous vous souhaitons. Alors, dans cette course à la magistrature suprême, avoir occupé des postes de responsabilité au plus haut niveau, et posséder un portefeuille relationnel international étoffé, semblent conférer statut de favori. Pensez-vous que la connaissance e t la pratique du terrain, tel que vous soutenez l’avoir au plan local, sont sous-estimées ?

JLB : Il faut savoir que ce qui compte pour nous, c’est d’abord la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens d’abord, l’économie ivoirienne d’abord, l’intérêt de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens. Nous avons tous nos réseaux et nos connaissances à l’international. Personnellement, je connais pas mal de chefs d’État de la sous-région et d’ailleurs dans le monde, mais ce ne sont pas eux qui construiront la Côte d’Ivoire. Le relationnel, c’est bien et ça aide dans tous les secteurs d’activité, mais pour les intérêts des Ivoiriens, pour les intérêts de la Côte D’ivoire, que proposons-nous? Les autres ne construiront pas la Côte d’Ivoire à notre place. Tous les acteurs de nos réseaux sont des personnes qui passent également, présentes aujourd’hui et peut-être absentes demain. Certaines qui ne sont pas encore présentes arriveront. Donc pour le volet international, nous travaillerons avec les personnes en place, celles qui peuvent nous apporter quelque chose et sur lesquelles nous pouvons compter. Comptons Sur nous-mêmes d’abord, comptons sur les Ivoiriens.

Je vais favoriser l’économie nationale. Je vais favoriser les Ivoiriens et faire en sorte qu’on parle de panafricanisme réel. Nous sommes tous panafricanistes. Nous voulons tous le bien de l’Afrique. Mais avant toute chose, il faut que nos concitoyens soient puissants économiquement. C’est à ce moment-là que nous serons puissants politiquement.

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CQFA : Nous parlons à présent de l’actualité politique en Côte d’Ivoire. Vous n’êtes pas sans savoir que l’opposition ivoirienne a entamé une démarche de coalition depuis peu. Au PDCI-RDA, le président en charge ne semble ne pas y accorder un grand intérêt. Pensez-vous que sans le concours des autres partis politiques de l’opposition, le PDCI-RDA aurait des chances d’accéder à la magistrature suprême?

JLB : Nous devons tous être d’accord sur les choses à améliorer dans le pays. L’opposition est d’accord pour que la liste électorale soit auditée, revue et améliorée. Personne ne peut être contre cela. Mais les partis politiques sont concurrents. Chacun aspire à se faire élire et il n’y a qu’une place, celle de président de la République, pour pouvoir gérer la Côte d’Ivoire. Vous ne pouvez pas demander à des acteurs qui sont des concurrents, de tous se fédérer autour d’une seule personne. Si une personne peut obtenir cet accord, être d’accord sur des sujets, avançons. Mais en définitive, tout le monde va se présenter. C’est au deuxième tour que les alliances se feront véritablement. Et à ce moment-là, si el PDCI arrive au 2ème tour, eh bien oui, il a sa chance.

CQFA : Si nous nous fondons sur votre propos, une alliance à ce stade de la course à la magistrature suprême, n’est pas un préalable. Vous incitez, par ailleurs, les acteurs politiques à conjuguer les efforts pour faire pression afin que les idéaux d’égalité et de transparence puissent être respectés. Militez-vous donc pour la réinscription des candidats exclus sur la liste électorale?

JLB : Oui, c’est exactement cela.

CQFA : Des leaders de l’opposition, dont l’ex-président Laurent Gbagbo et l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro sont jusqu’à ce jour exclus de la liste électorale. D’un côté des arrestations jugées politiquement motivées sont toujours enregistrées. Sous quelles conditions pouvons-nous espérer assister à des élections présidentielles apaisées en 2025 ?

JLB : J’espère en toute honnêteté qu’entre maintenant et la période électorale, ces questions seront réglées et que les acteurs absents vont rentrer. Que le président Laurent Gbagbo pourra figurer sur la liste électorale. Ça fait partie de la cohésion si nous voulons des élections apaisées comme vous dites, si on estime vouloir mettre tous les éléments de la crise ivoirienne derrière nous et qu’il n’y ait plus de sujets de conflits entre nous. Que l’équité existe et que ces élections soient véritablement ouvertes, transparentes pour être crédibles afin que la légitimité du prochain président de la Côte d’Ivoire ne souffre d’aucune contestation.

JL Billon

CQFA : Une enquête du média français Mediapart révèle une manipulation des indices de développement économique en Côte d’Ivoire par une entreprise française dont nous tairons le nom, sous l’impulsion de l’Etat ivoirien. De votre regard de grand administrateur et d’élu, ces accusations sont-elles avérées ou proches de la réalité ?

JLB : Je ne saurais le dire. Lorsque nous nous critiquons, qu’est-ce que nous disons ? Nous disons que nous avons des chiffres éloquents au niveau de la politique ivoirienne et de l’économie, avec 7,2% de croissance. Mais est-ce que cette croissance profite à un maximum d’Ivoiriens ? Est-ce qu’il y a un ruissellement de la richesse qui puisse bénéficier au maximum d’Ivoiriens ? La réponse est non ! Donc c’est ça la critique essentielle. On ne pourra pas dire que le régime en place n’a rien fait, vu que nous-mêmes, PDCI, avons pris part à un moment donné au programme et aux travaux qui ont été faits. Mais nous estimons que dans la gestion des priorités, on peut faire autrement. Et personnellement, en tant que candidat, j’estime et je sais que je pourrai faire mieux que cela.

CQFA : Parlons emploi. Nous le rappelions plus haut, vous êtes le plus gros employeur du pays après l’État. Au regard des chiffres donnes par le gouvernement sur le taux de chômage, pensez-vous que l’emploi en Côte d’Ivoire est un chantier bouclé ?

Billon et Bedie

JLB : Non ! Personne ne peut dire que l’emploi est un chantier bouclé. D’abord, c’est un chantier permanent et le taux de chômage en Côte d’Ivoire reste élevé. Il y a une bataille de définitions sur le sujet. Dans cette bataille, il y en a qui prennent la définition du Bureau international du travail, qui stipule que toute personne qui a une activité ne peut pas être considérée comme un chômeur. Cela exclut des statistiques du chômage de nombreuses personnes qui ont une petite activité en Côte d’Ivoire.

Mais soyons honnêtes, pensez-vous que la jeune fille qui vend des sachets d’eau aux feux tricolores considère qu’elle a un véritable emploi ? Ça, c’est du chômage déguisé. On ne peut pas considérer cela comme étant une activité génératrice de revenus. C’est de la débrouillardise. Il ne faut pas confondre la débrouillardise, la survie de certains, avec un emploi. Nous sommes plus proches des 20%, voire des 25% de chômage, que des 2% que certains défendent pour montrer qu’ils ont bien travaillé.

Les préoccupations sont l’emploi, le coût de la vie, la cherté de la vie, l’éducation des enfants, mais aussi la santé, le transport, la sécurité. Le quotidien des Ivoiriens est une préoccupation permanente. Et si on n’a pas d’emploi, vous pouvez baisser le coût de la vie, ça restera toujours trop cher pour celui qui n’a pas de revenu. La principale bataille est de créer davantage d’emplois.

Jean Louis Billon

Surtout des emplois mieux rémunérés et stables. On ne va pas dire que c’est une question qui est derrière nous. Au contraire, c’est une question actuelle et continue.

CQFA : Fermons cette page avec la question suivante: Monsieur Billon, le gouvernement ivoirien à travers des communiqués annonce que tout va pour le mieux en terre d’Éburnie. Êtes-vous de cet avis?

JLB : C’est de bonne guerre. On ne peut pas dire que le RHDP n’a rien fait. Ils ont travaillé. Ils ont même un bilan à défendre. Nous, nous disons que nous pouvons mieux faire. Mais dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non ! Il y a beaucoup de sujets à traiter. La question de l’emploi, du coût de la vie, la pauvreté des Ivoiriens restent des sujets d’actualité en Côte d’Ivoire. Aucun gouvernement, aucun régime au monde ne peut s’asseoir à un moment donné et être satisfait de son bilan en disant: « Nous avons tout réussi, nous avons tout fait ». Non ! Chacun arrive et doit améliore le pays par rapport à ce qu’il a trouvé en arrivant. Nous sommes encore un pays sous-développé. Notre défi reste le développement de la Côte d’Ivoire et le chantier est encore vaste. Il y a beaucoup à faire et cela ne se fera pas sans bonne gouvernance, sans primauté donnée à l’intérêt général et sans un projet de société avec un plan stratégique solide. Ce que je suis prêt à offrir aux Ivoiriens.

CQFA : En Côte d’Ivoire, des déguerpissements font actuellement rage dans la capitale économique. Les populations sont en grogne et manifestent parfois violemment. Qu’aurait-il fallu faire pour prévenir cette situation et que faut-il faire pour pallier définitivement ce problème ?

JLB : Merci, c’est une question d’actualité qui concerne tous les Abidjanais aujourd’hui. Au départ, on laisse des personnes s’installer un peu partout et n’importe comment. La faute repose sur les autorités, le gouvernement et ceux qui sont supposés appliquer la loi. Vous ne pouvez pas laisser quelqu’un s’installer illégalement quelque part pendant des années, même prendre des taxes municipales sur des commerces qui s’installent, puis quelques années après, venir tout casser en disant « Vous n’avez pas le droit d’être là». Qu’a fait le gendarme, qu’a fait le policier ? Qu’a fait le fonctionnaire quand tout cela se construisait illégalement ? Il n’a rien fait ! On a coutume de dire que qui ne dit rien consent. L’État, à un moment donné, a consenti et décidé que vous avez fauté. On dit déguerpir ! Le terme déguerpissement, c’est comme si on déguerpissait un parc à bœufs. Ce sont des êtres humains qui vivent. Ce sont des vies humaines qui ont construit un patrimoine. Et vous dites qu’on va vous dédommager. Il ne faut plus que la faute demeure. Ceux qui ne doivent pas s’installer, il faut que le policier fasse son travail. Au moment où nous parlons, sur l’autoroute Nord, il y a des gens qui s’installent et qui installent des commerces alors que les textes disent que non. Et le gendarme est là, il va arrêter des véhicules, prendre de l’argent à ces véhicules et ceux qui sont illégalement installés. Il est capable d’aller faire ses courses lui-même auprès de ces personnes-là. Il y a un vrai problème. Tout cela fait partie de ce qu’on appelle la gouvernance. Il faut que l’État se reprenne et que la bonne gouvernance soit appliquée dans al gestion ed al chose publique constamment.

Billon et Guikahue

On pouvait prévenir cela. Au moment où nous parlons, les personnes qui ont été délogées, déguerpies comme vous dites, qu’est-ce que vous croyez qu’elles font ? Elles se réinstallent ailleurs. Et elles se réinstallent où ? Dans d’autres endroits pas forcément comme il faut, pas forcément là où il faut, pas forcément là où c’est autorisé. Et dans quelques années, elles seront déguerpies. Il fallait tout simplement dire, nous allons vous faire déménager et réaménager ou aménager des endroits d’accueil. Et c’est quand ces personnes allaient pouvoir s’installer sur ces nouveaux lieux, tout simplement qu’on pouvait ensuite casser. Cela fait partie de l’aménagement du territoire, cela fait partie de l’aménagement urbain. C’est l’approche qui a été mauvaise. Il faut qu’on change d’approche. Nous sommes tous pour le développement urbain ou même un meilleur urbanisme et un cadre de vie agréable, mais cela ne peut pas se faire au détriment du bien-être de ces personnes-là parce que c’est pour ces personnes que nous nous battons et nous voulons que ces personnes aient un bien-être avéré.

CQFA : Rebondissant sur votre réponse, nous vous entendons dire que le déguerpissement ne saurait être fait, sans une relocalisation au préalable?

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JLB : Oui, tout à fait. À partir du moment où l’on convient que l’aménagement urbain nécessite un réaménagement de nouvelles constructions, on ne peut pas casser le domicile d’une personne avec tous ses effets à l’intérieur. C’est inhumain. Donc un déménagement doit se faire de façon humaine. Où est l’humanisme dans tout cela? Alors qu’on est supposé être élu pour défendre l’intérêt général et surtout le bien-être des populations. Cela devait se faire autrement.

CQFA : Bien reçu Monsieur le Ministre. Nous sommes au terme de notre entretien. Que peut-on vous souhaiter pour la suite?

JLB : D’être le prochain président de la Côte d’Ivoire.

CQFA : C’est tout le mal que nous vous souhaitons. Merci de nous avoir accordé de votre temps que nous savons très précieux. Merci de parler au public à cœur ouvert et de répondre à nos questions sans ambages, sans faux-fuyant.

JLB : Merci également.

Interview réalisée par CEUX QUI FONT L’AFRIQUE (CQFA)


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