Mutuelle des chauffeurs de Yopougon: Entre bras môgôs, les acteurs du secteur du transport se disent les « bgês »…
Après deux années de sa création et de fonctionnement dans l’informel, la Mutuelle des Chauffeurs Professionnels de Yopougon (MCP-Yop) s’est portée sur les Fonts baptismaux pour exister légalement. Ce, à travers son assemblée générale constitutive qu’elle a organisée, le samedi 21 décembre 2024, au Complexe hôtelier et événementiel Le Baron sis à Yopougon-Selmer. Une activité qui place l’ensemble des conducteurs du pays face aux faits devant les emmener à arrêter de jeter la pierre à l’Etat ou qui que ce soit pour prendre eux-mêmes leur destinée en main.
C’est par la genèse de la création de cette Mutuelle des Chauffeurs Professionnels de Yopougon (MCP-YOP) que l’assemblée générale constitutive en question a débuté.
Dans son discours d’ouverture, le secrétaire général de la structure, Soumahoro Medoua, a égrainé les raisons, les bienfondés de la création de ladite organisation.
»En effet, depuis plus d’une décennie, les chauffeurs de Yopougon étaient confrontés aux difficultés sociales et professionnelles (maladies, panne de véhicules, mise au chômage brutale et licenciement abusif). Des désagréments, les empêchant de survenir convenablement à leurs charges et celles de leurs familles. Par exemple à chaque fois que l’un des nôtres décédait, nous partions sur la voie publique avec sa photo pour quémander de l’argent à l’effet d’organiser ses funérailles et laisser un peu de moyens financiers à la petite famille. Ce, malgré les cotisations que nous subissons à longueur de journée sur les routes. C’est donc fort de tout cela que nous avons décidé de nous unir autour d’un idéal au sein duquel nous bénéficions du soutien de la mairie, représentée par son Point focal du transport, Hamed Cissé dit SK. En ce jour béni, nous voulons la création de notre mutuelle à travers cette assemblée générale constitutive », a-t-il expliqué dans un premier temps.
Soumahoro Medoua en a profité pour revenir sur des actions menées par la mutuelle et son président Diomandé Falikou alia Sadio.
»Bien que fonctionnant dans l’informel durant les deux années antérieures, nous avons renouvelé 221 permis de conduire. Nous avons porté assistance à plus d’une dizaine de chauffeurs en situation de maladie dont cinq (5) cas d’invalidité à qui nous apportons des vivres chaque mois.
Au niveau de la professionnalisation, nous avons ouvert un compte bancaire (chez Orabank) là où il y a 2 millions de FCFA. La banque incite les camarades de la mutuelle à ouvrir leurs comptes d’épargne personnelle chez elle afin de profiter des avantages de la bancarisation. De façon plus claire, en adhérant à la mutuelle et en ouvrant son compte personnel chez l’opérateur financier où est logé notre compte commun, chaque chauffeur souscripteur pourra bénéficier de crédit s’il le souhaite pour acheter un véhicule et travailler à son propre compte afin de rembourser l’argent emprunté. Une offre moins stressante que ce que nous avons l’habitude de vivre dans les contrats de travail où l’on doit verser des recettes aux transporteurs ou « dioulatchês » pour rembourser leurs prêts contractés auprès des banques.
Espérant que cette mutuelle va apporter un changement positif dans le quotidien des chauffeurs, nous invitons nous nos camarades encore hésitant à y adhérer », a déclaré le SG de la MCP-YOP.
La Mutuelle des chauffeurs professionnels de la CEDEAO dit vouloir accompagner cette initiative. Son président Doumbia Mamery alias Madouba a salué la création de cette union, sensibilisant par la même occasion ses collègues à se séparer des anciennes mentalités qui leurs ont causé du tort pendant très longtemps.
»C’est important de se mettre en association pour être mieux organisé. Cela est à encourager. La création de cette mutuelle prouve aussi que nous avons échoué dans la plupart de nos missions avec les structures, associations déjà existantes. Nous devons changer de mentalité pour aller de l’avant. En effet, les problèmes des chauffeurs se trouvent à leur propre niveau. En notre sein, les gens sont hostiles à l’organisation pour la professionnalisation de notre métier et pour notre bien-être. La majeure partie des nôtres refusent d’être dirigé et pire de s’organiser eux-mêmes. Chacun pense être le plus intellectuel, se substituant en ses propres juristes, comptables, gestionnaires. Les conducteurs ont toujours tendance à balayer du revers de la main ou à rejeter toutes les informations que leur apportent leurs représentants auprès des autorités. Ils veulent forcément faire selon leur entendement même quand leurs opinion et vision de la situation est défavorable à l’idéal de vie tant recherché. Les membres de notre corporation ont besoin de prendre conscience et faire preuve de discipline si nous voulons vraiment relever les défis qui nous attendent », a laissé entendre le chaud bouillant Madouba réputé comme quelqu’un qui n’a pas la langue dans la poche.
Le Directeur général du Haut conseil du patronat des entreprises de transports routiers en Côte d’Ivoire, Diaby Ibrahim a distillé des conseils d’usage aux responsables de la mutuelle néo-naissante et ses adhérents.
»Prendre conscience de sa situation critique et arrêter ; arrêter d’accabler l’Etat et la police qui sont dans leur rôle; et être l’acteur principal de son bonheur à travers la bonne gestion de ses revenus et la vie en association », c’est cela le dernier message livré à cette occasion.
Le parrain de la cérémonie d’ouverture de l’AG constitutive de la MCP-YOP, le maire Adama Bictogo, s’est fait représenter par le conseiller municipal en charge du transport à la mairie de Yopougon, Coulibaly Moussa, qui a insisté sur ces mêmes conseils d’usage.
»Notre présence ici est de nature à témoigner notre soutien au secteur du transport. Il important d’insister sur ce qui a été déjà donné comme conseils par mes prédécesseurs au pupitre. L’environnement du transport est fait de désordre. Nous espérons que l’initiative de la création de cette mutuelle d’entraide va atténuer un tant soit peu les malaises et les difficultés rencontrées dans le secteur. Les chauffeurs se plaignent à longueur de journée qu’ils sont rackettés par la police et les syndicats. Et que cela les empêche de se prendre en charge pour vivre convenablement avec leurs familles. Je pense que cette mutuelle est la bienvenue. La vie de l’homme est faite d’organisation. Les chauffeurs doivent pouvoir mieux gérer leurs revenus par l’épargne. Il ne faut pas vivre seulement au quotidien avec son salaire. C’est inconcevable de voir que quelqu’un qui travaille n’arrive pas assurer ses soins de santé lorsqu’il tombe malade », a-t-il ajouté.
La plupart des participants à ces assises interrogés sur place ont pu renchérir sur cette question de prise de conscience.
Ils ont appelé les mutualistes et tous les chauffeurs du pays à cesser de garer les véhicules à tous les carrefours pour faire semblant d’acheter de l’eau à boire ou la cigarette avec l’objectif caché de donner rendez-vous aux commerçantes présentes au bord des routes. Ce, faisant allusion à une pratique de vagabondage sexuelle qui les empêche réellement de faire des économies.
Vagoné Dry-Bi
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