Côte d’Ivoire : Abidjan, trafic et consommation de drogues… comme de petits pains

On se croirait dans une œuvre romanesque ou un film satirique inscrit à un programme télévisuel de 19 heures 30 minutes, ou encore un western américain… Mais non, il faut le dire net, c’est un vrai et long constat fait en Abidjan et dans d’autres villes/villages du pays qui nous a poussé, depuis le dernier trimestre de l’année 2022, et le début de l’année 2023, à concevoir ce dossier pour produire cet article sous forme de papier-investigation dont l’objectif est de rendre témoignage d’une triste réalité de notre société ivoirienne. Pour parler comme les artistes du genre musical «Zouglou» de Côte d’Ivoire, « Abidjan est grave et ça fait pitié ! »

Écoutons d’entrée un peu celui que nous allons désigner ici par des initiales KS : « Toi papa, tu m’as demandé de t’accompagner faire des courses ou des achats. Je t’ai suivi et voilà que tu me fais enchaîner au pied dans ce camp ou cette église. C’est quoi ça même ? Je suis là maintenant à ne rien faire alors que je rate l’argent. (Quel bon argent même !?) Chaque heure qui passe, c’est l’argent qui passe derrière moi et que je ne gagne pas. Je rate l’argent et d’autres bonnes choses. Je n’ai rien à faire ici…Tu m’as envoyé ici pour quoi même ? Il faut me dire, tu m’as envoyé ici pour quoi ?»
Le jeune homme nommé pour la circonstance KS se plaignait ainsi parce que – comme il le dit lui-même – il a accepté d’accompagner son paternel dans les locaux d’une église où il est en train de recevoir des soins aussi bien médicaux que spirituels, le tout de désintoxication.
La mère du jeune homme n’en dit pas moins dans le sens d’aider son fils à être sauvé : « Mon fils, tu ne vois pas toi-même que tu es en train de te gâter ? Tu rentres à la maison puant une certaine odeur qui est insupportable. Tu n’es jamais rassasié quand tu finis de manger le gros foutou que je te garde. Tard dans la nuit, pendant que nous sommes endormis, tu te lèves pour préparer de quoi à manger encore. Il faut te ressaisir dêh, filston… ! »
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit des phénomènes généraux de drogues qui causent énormément de dégâts dans les familles et dans toute la société ; certainement à travers la folie en grande partie chez les jeunes gens auxquels s’ajoutent les jeunes filles qui ont envahi la ville d’Abidjan, dans certaines villes de l’intérieur du pays et dans des villages. On est tenté de se poser des questions :

Ils sont combien les jeunes fous qui défilent dans les rues d’Abidjan et qu’on voit régulièrement par intervalle de cinq minutes ?
Combien sont-ils ceux qui se retrouvent régulièrement dans les fumoirs à Abobo, Marcory et Treichville, ou à ciel ouvert pour se partager les mégots de ce type de tabac ou substituant ?
Sont-elles informées et que font les autorités de sécurité, politiques, administratives et religieuses face au fléau ? Et puis… et puis !
Voici autant de questions auxquelles nous allons essayer de donner des éléments de réponses dans notre dossier-presse.
Pendant pratiquement un trimestre, nous avons remarqué que les jeunes gens se retrouvent à deux, trois, quatre jusqu’à cinq ou six sous les arbres du jardin d’en face de SOCOCE II-Plateaux, à côté des bâtiments aux étages qui sont en face, entre le supermarché et le bâtiment de la banque dite Société générale de Côte d’Ivoire.
Quand ils arrivent au début, ils donnent l’impression d’être venus se reposer sur la pelouse gazonnée en y mettant de vieux cartons déchirés qu’ils utilisent sous forme de nattes. Une fois que celui qui a été chargé d’aller chercher « la dose du jour » arrive, ils se lèvent tous et s’asseyent. Précisons que « la dose du jour », c’est la tige ou la taffe… sous forme de cigarette qu’ils ne vont pas tarder à fumer.
La dose est donc sortie de la poche et mise à découvert. Ensuite, celui qui est l’expert se charge de prendre du papier pour enrôler les grains ou tranches pour concevoir la tige du jour.
La tige une fois faite, il l’allume et la porte à la bouche une ou deux fois avant de la passer à son voisin. Une fois que le tour est fait et que chacun est servi, certains restent assis ; d’autres se couchent ou se mettent en mouvements de marche… Histoire de bien digérer quoi !? Donnant l’impression qu’il s’agit là d’un repas lourd qui vient d’être consommé et qui est difficile à digérer… Quelques pas de marche pour avoir un peu de sueur ; ça va donc aider à mieux se sentir !
Pourquoi tant de fous en ville ?
On n’a pas besoin d’être en train de faire des études universitaires en sociologie pour prendre le soin de s’accorder un temps d’attention dans la ville d’Abidjan. Il faut juste ouvrir les yeux pour voir que les fous, les malades démentiels, sont de plus en plus nombreux et jeunes. Leur âge varie de quinze (15) à vingt (20) ans. Ils sont si jeunes, et c’est à cette activité malsaine qu’ils s’adonnent pour passer le temps ?
En faisant attention lorsque vous vous mettez à l’angle d’une rue, vous verrez que toutes les trente minutes, il y a un fou qui passe. Combien de fois avons-nous fait ce constat aux II-Plateaux, vers Sococé ?
Attention, il ne faut pas les confondre aux enfants de la rue qui viennent dans ce même endroit ou au carrefour Duncan pour se reposer ou chercher des noix de coco. Les enfants de rue ont leurs soucis : ils cherchent quelques pièces pour s’offrir un plat ou un repas de « Garba ».
Les éléments dits du « système Arafat » font circuler la dose pour que dans la soirée, ils se retrouvent dans les maquis et boites de nuit.
Un petit tour à la Croix bleue
Le siège de la Croix bleue est situé à la montée de la colline à l’intersection des voies dont l’une conduit de la caserne de gendarmerie d’Agban (Cocody) et l’autre à Williamsville (Adjamé). Il a été tellement difficile de rencontrer le premier responsable de cette structure que nous avons promis de garder sous anonymat bien sécurisé celui qui nous a reçus.
Cet homme de la santé a juste baillé : « Comparé à son nom ou sa renommée, notre centre est petit mais nous sommes là et nous faisons ce que nous pouvons. C’est juste ce bâtiment R+2. Notre centre est fortement sollicité mais nous n’avons pas assez d’espace et de moyens pour faire vraiment face à tout. Les malades que vous avez vus, ce sont les parents qui leur ont demandé de se déplacer pour venir ici. Quand on nous signale un cas en ville, il faut que vous les preniez vous-mêmes pour les conduire ici. C’est vrai que nous avons un portail gardé, mais nos murs sont tellement courts qu’ils peuvent escalader et sortir d’ici. Nous avons vraiment besoin de soutiens financiers et matériels venant de certaines personnes ou du gouvernement. Il ne serait pas mauvais qu’on nous installe ailleurs dans des locaux vraiment bien construits. Vous qui êtes de la presse, vous devez nous aider pour que nous puissions vraiment aider les parents à sortir leurs enfants des consommations de stupéfiants ».
Témoignage venu du quartier SOCOSE II-Plateaux
Les jeunes du quartier de Cocody II-Plateaux ont vraiment signé un pacte avec la drogue et ils sont très vigilants.
« Le mardi 9 mai de l’année 2023, aux environs de 14 heures, voilà un véhicule de type 4X4 bleu de la police immatriculé D48 634 qui arrive vers là où ils sont assis. A l’intérieur, il y a le conducteur et son copilote, un autre flic en civile. Sur le siège arrière, un troisième policier également en civile. Une fois que le véhicule est arrivé juste au niveau de là où nos ‘’amis’’ les drogués étaient assis, dès qu’il marque un stationnement, les jeunes gens ont senti le danger et ont pris la poutre d’escampettes avec le risque de se faire ramasser ou cogner par les véhicules en circulation sur la grande voie ». Destination ? Le quartier ‘’Colombie’’ des II Plateaux. Un autre siège de la chose certainement.

Quarante-huit (48) heures après, vérification faite, on nous apprend que les jeunes ne viennent plus devant SOCOCE mais qu’ils sont tout juste derrière les immeubles de SICOGI, non loin de la banque générale.
Le village CAN-Sococé tourne bien…
La coupe d’Afrique 2023 en 2024 qui se passe en Côte d’Ivoire est un grand évènement qui a permis aux organisateurs d’ériger le terrain de football Maracana de II-Plateaux Sococé en ‘’Village CAN’’.
Les jours de matchs de football, cet espace du super marché ou Hyper marché devient un véritable centre d’affaires. La plus ancienne brasserie de Côte d’Ivoire y a ouvert plusieurs maquis d’occasion qui permettent de faire la fête comme les Ivoiriens et leurs visiteurs aiment bien.
De bons et grands restaurants installés font des propositions de plusieurs plats à tous les prix. La sécurité est entièrement assurée grâce à la Police Nationale et certains gros bras ou sécurité privée qui sont bien visibles au niveau de la grande entrée. En tout cas il faut le dire, depuis le début, il n’y a eu aucun incident majeur qui fasse douter de quoique ce soit.
La sérénité et la sécurité à l’intérieur de cet espace n’ont pas empêché ‘’nos amis de stupéfiants’’ de faire tourner leur business dans les petits angles obscurs du village CAN.
Il a fallu que le journaliste professionnel d’investigation se camoufle dans un angle de bâtiment pour voir les opérations d’affaires sombres se traiter. C’est que, à partir de 21 heures, les petits motards ‘’Arafat’’ viennent faire leurs livraisons tranquillement avant de disparaitre dans la nature à l’insu de la sécurité.
Disons-le, la CAN se passe très bien dans notre pays la Côte d’Ivoire. Le ballon roule pour tout le monde !
Qu’en dit la police ?
Au regard de l’importance du sujet, il convenait que nous échangions avec la police du 12ème Arrondissement des Deux Plateaux.
Les premiers responsables du commissariat étant appelés à des réunions importantes au Plateaux, l’adjoint du commissaire a chargé un des ses éléments de nous recevoir. En abordant le sujet, le lieutenant qui souhaite rester dans l’anonymat s’est montré coopérant : « Nous sommes au courant du sujet. Nous, police, notre rôle n’est pas d’aller attraper les gens pour venir les mettre en prison. Il faut que les gens, les populations sachent ça. Nous voulons que la société aille bien, que les gens soient tranquille. Nous avons plusieurs fois été saisis ou enregistré plusieurs plaintes.
Quand la population ou les hommes de presse nous interpellent sur des cas de drogues ou de fous, nous avons le devoir de réagir.
Sachez qu’il existe désormais une unité de lutte contre les fous qui se promènent en ville. Vous verrez que ces fous qui déambulent dans les quartiers ont diminué en nombre. Frère, merci d’être passé nous en parler mais sachez que nous ne pouvons vous dire trop de détails sur nos projets sur la question mais vous verrez les résultats. Nos portes vous sont ouvertes… passez quand vous voulez… »
Pour ce qui concerne le trafic et la consommation des stupéfiants, il était bon qu’on en parle avec les forces de l’ordre : la police du 43ème Arrondissement.
Antoine Edo
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