AFRICANEWSQUICK

Plus qu'une Agence de communication, un journal en ligne

CIV/Gestion des villages, crises foncières: Les chefs de terre de Sikensi appellent à revenir aux valeurs traditionnelles

IMG 20250404 WA0041
8 / 100

La question de gestion des villages et surtout des crises foncières, dont font face les villages ivoiriens en général, ont été au cœur de l’atelier de l’Union des chefs de terre Abidji de Sikensi, ce vendredi 4 avril 2025. Cet atelier, qui a eu lieu à la grande salle de réunion du Conseil régional du Bélier, a vu la participation d’une trentaine de chef de terre. Parrainé par le Président Raymond Konan Kouakou, celui-ci avait à ses côtés la Vice-présidente Sonnementoh Louisette Anoh Victoire, du Directeur général de l’administration, Touré Aboulaye, par ailleurs chef du village Nakara, du Directeur de cabinet N’dri Aristide, du Conseiller technique, Dr Ignace Kouassi et de nanan N’guessan Bernard, président de la chefferie traditionnelle de la commune de Toumodi.

Les civilités faites entre le conseiller technique, Dr Ignace Kouassi et nanan Niangoran JB, suivi de la présentation des différentes délégations, il est revenu au Patron du Bélier d’ouvrir les travaux. Le faisant, il a salué cette initiative louable qui vient mettre en lumière le rôle et la responsabilité des chefs de terre dans la bonne conduite de nos village, notamment dans la gestion des terres « De nos jours, avec ce qui se passe, on a tendance plutôt d’oublier le cheminement qu’on doit suivre pour pouvoir faire asseoir un chef. Les chefs de terre, on dit chef de terre. Chef de terre, ça veut dire c’est à lui qu’appartient cette portion de terre, où le chef doit pouvoir s’asseoir, c’est-à-dire s’adosser à lui, pour pouvoir exercer cette mission-là. Donc, on a tendance plutôt à oublier les chefs de terre. Mais si vous venez ce matin, penser ensemble, je pense que ça nous permet quand même de voir vraiment l’horizon avec assurance. Donc, ce que vous avez pris comme décision, c’est pour mettre sur pied l’association des chefs de terre, ce n’est pas une mauvaise chose… », a-t-il fait savoir les encourageant à tenir bon face aux difficultés qu’ils rencontreront dans la mise en œuvre de cette organisation « Vous faites ça pour que vraiment il y ait une bonne assise des chefs de terre. Je ne comprends pas pourquoi on vous interdirait de vous organiser. Donc, tout à l’heure, j’ai dit que c’est Dieu qui donne tout et c’est Dieu qui vous guidera à tout moment, à réussir cette position.»

Danièle Adahi Bikpo, Présidente de la Fondation Adahi Bikpo Raymond, initiatrice de cette organisation des chefs de terre de Sikensi, après avoir traduit toute sa gratitude au Président Raymond Konan Kouakou, pour avoir accepté de parrainer cet atelier, a levé un coin de voile sur les difficultés rencontrées « Nous sommes là pour suivre un atelier, pour travailler. C’est une journée de travail aussi, une journée productive sur un thème, la fonction de chef de terre face aux défis du monde moderne.

Le monde moderne que nous accueillons aujourd’hui, nous savons l’utiliser mais pas forcément. Nous perdons nos racines, nous perdons beaucoup de choses et ça met à mal vos autorités dans vos villages, vos autorités dans le monde, dans la société Abidji. Et aujourd’hui, vous vous êtes levés pour prendre les choses en main et pouvoir guider les jeunes que nous sommes, les femmes et les mères que nous sommes… », a-t-elle relevé avant d’insister sur son rôle d’accompagnement « Ils sont devant et moi je les accompagne grâce aux études que nous avons fait, aux connaissances que nous avons apprises à l’école et grâce à l’expérience que nous avons pu avoir aussi à l’école. Ce sont eux qui sont les garants de nos us et coutumes. Nous, avec les actions modernes, on les accompagne pour que ce qu’ils font puisse être visible et puisse persévérer. Je vous remercie pour votre persévérance. Nous venons de loin et si nous sommes venus jusqu’à Toumodi aujourd’hui, c’est notre soif de connaissance, notre soif de richesse intérieure qui nous emmène jusqu’à Toumodi. Nous allons travailler ensemble avec eux, nous allons apprendre beaucoup, nous allons repartir encore grandis sur nos terres. »

A sa suite, nanan Kodjo Mockey, secrétaire général du Roi de Tiapoum a dans une communication fait connaître le rôle du chef de terre « Donc le chef de terre c’est le conservateur du droit coutumier. C’est le garant foncier. C’est l’intermédiaire entre nos hommes politiques la communauté villageoise. Chez nous, comme je l’ai dit tantôt c’est le chef de lignage. C’est le sacrificateur. Il est celui qui désigne le chef du village… »

Comme lui, Monsieur Touré Aboulaye, chef de Nakara, partageant son expérience tout en attirant l’attention des uns des autres sur le danger qui guette la Côte d’Ivoire et ses populations « Vous avez évoqué un sujet qui est clair et précis. Notre gros problème en Côte d’Ivoire, notre grande menace sur ce pays, c’est la question du foncier. Or, la question du foncier ne pourra avoir de solution que si nous respectons nos valeurs traditionnelles… », a-t-il donné comme solution avant de s’appesantir sur la question foncière une fois de plus « Nous avons abandonné la question de ce que les terres soient des terres personnelles. Ça, c’est le fait qu’on soit rentrés maintenant à chercher de l’argent dedans. Par principe, les terres traditionnelles sont des terres collectives. Et c’est la raison pour laquelle vous êtes chef des terres et que vous avez de la force. Mais tant que les terres deviennent des terres individuelles, des terres de famille, votre force en tant que chef des terres, vous avez perdu une grande partie de votre force. On vous utilise simplement pour aller faire des apparats pendant des cérémonies. Mais pas pour laisser votre autorité spirituelle sur les terres. L’homme a un rapport sacré avec la terre. On nait de la terre, on retourne à cette terre. L’âme de tout peuple, c’est sa terre. Le premier principe est que dans tous nos villages, nous allions à, véritablement, à nos traditions. La source de la protection de nos terres, ce sont nos traditions. Tant que nous n’allons pas arriver à ça, on va faire beaucoup de débats, on va faire impliquer les politiques et tout ce qu’on veut, ça sera difficile… », a-t-il prévu

Face à toutes ces préoccupations soulevées, les chefs de terre se sont donnés pour mission d’aller en visite de travail au Ghana afin de s’imprégner du mode de gestion des terres par les gardiens des us et coutumes. Aussi, en termes de recommandations, ils ont exigé la mise en œuvre effective du décret portant composition des membres des comités de gestion villageoise en incluant le chef de terre dans ledit comité ; créer une certaine harmonie entre les chefs de terre et les chefs de village ; avoir une gestion harmonieuse et collective des questions foncières.

Ange Nicaelle LYRANE


En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture