« Les militants du RHDP prouvent que, soit, ils sont au-dessus des lois, soit, il n’y a plus de COVID-19 » (Pulchérie GBALET, Aci)
« Les militants du RHDP prouvent que, soit, ils sont au-dessus des lois, soit, il n’y a plus de COVID-19 » (Pulchérie GBALET, Aci)
Mardi 28 juillet, la présidente de l’Ong ACI, Pulchérie GBALET, était face à la presse. Ci-dessous la déclaration liminaire.
CONFERENCE DE PRESSE DE ALTERNATIVE CITOYENNE IVOIRIENNE (ACI) SUR LE 3ème MANDAT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET LA LEVEE TACITE DES MESURES BARRIERES PAR LE RHDP
Chers membres de ACI,
Chers amis de la presse,
Mesdames et messieurs,
Merci d’avoir répondu massivement à notre appel. Nous vous avons convoqué ce jour pour aborder devant vous et avec tous les ivoiriens, les questions brûlantes de l’actualité de notre pays.
D’abord le vide institutionnel à la tête de l’état, ensuite la gestion de la COVID, l’éventualité d’un 3ème mandat du Président de la République, et enfin notre position sur toutes ces questions.
A PROPOS DU VIDE CONSTITUTIONNEL A LA TETE DE L’ETAT
Nous constatons que le Vice-président a démissionné depuis le 14 juillet 2020. Le Président de l’Assemblée Nationale est absent officiellement en mission. Le Président du Sénat est sorti du pays et c’est une semaine après que nous avons été informés qu’il serait atteint de la COVID19. Ensuite depuis le décès du Président du Conseil économique, social et environnemental le 07 décembre 2019, il n’a pas encore été remplacé. Enfin, après le récent décès du Premier Ministre le 08 juillet dernier, il n’a même pas d’intérimaire. Ce vide institutionnel nous inquiète. Aujourd’hui le pouvoir Exécutif se résume à la seule personne du Président de la République. Cela est inquiétant, d’autant que cette situation est anticonstitutionnelle, parce que la constitution a prévu tous ces postes pour leur complémentarité et pour qu’en cas de vacance ou d’indisponibilité, le pays soit bien gouverné. Cette situation fragilise le pouvoir qui se résume à une seule personne. Nous appelons donc le Président de la République à mettre rapidement fin à cette situation d’incertitude institutionnelle.
II- LA QUESTION DU 3EME MANDAT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Les juristes et les constitutionalistes particulièrement, tel que le Professeur Martin Bléou ont largement développé la question sous l’angle juridique et les conclusions sont claires et évidentes quant à la limitation des mandats à deux mandats consécutifs.
Nous en tant que société que société civile, nous appréhendons cette question sous l’angle moral. Voyez-vous, depuis l’élaboration de la constitution de 2016, les experts n’ont cesse de rassurer les ivoiriens qu’il ne pourrait avoir un 3ème mandat. Le Président de la République lui-même, dans plusieurs de ses sorties l’a affirmé. Même si celles-ci peuvent être considérées comme des sorties politiques, quand le 05 mars 2020, Président de la République convoque les deux (2) chambres parlementaires et annonce officiellement devant toute la communauté nationale et internationale qu’il ne va pas briguer un 3ème mandat, c’est lourd de sens. Et nous pensons que le Président doit respecter cette parole.
Outre le droit, il y a donc l’éthique. Comment après cela, le Chef de l’Etat peut-il permettre aux cadres du RHDP et instrumentaliser certains Chefs traditionnels pour réclamer qu’il fasse un 3ème mandat ? C’est franchement honteux d’assister à ce ballet de fils indignes et irresponsables du pays qui osent cautionner publiquement la violation de la constitution. Le RHDP nous a habitué aux violations constitutionnelles donc à l’incivisme et aux passages en force, mais cette énième violation pourrait faire le lit d’une crise préélectorale.
C’est l’occasion d’interpeller les Rois et Chefs traditionnels sur leur démission. Ils ont failli en ne s’impliquant pas dans la réconciliation qui n’est pas effective dans ce pays, mais pire, contrairement à l’éthique et au texte qui les régit, ils ont pris partie dans un débat politique. Voici ce que stipule l’article 6 de la loi portant statut des Rois et Chefs traditionnels : » Les Rois et Chefs traditionnels sont soumis aux obligations de neutralité, d’impartialité et de réserve. Ils doivent s’abstenir d’afficher leur appartenance politique ». Fin de citation.
Pour ne citer que celui-là, si le Chef suprême du Loh Djiboua a de l’argent pour payer la caution du Président de la République qui n’en a pas besoin, nous aimerions lui rappeler que plusieurs de ses fils sont au nombre des prisonniers politiques et militaires. Nous aimerions lui rappeler que plusieurs dans le Loh Djiboua ont besoin de masques pour se protéger de la COVID19, car ils nous ont adressé des demandes d’aide. Nous aimerions lui dire que des nouveaux majeurs du Loh Djiboua ont bénéficié d’appui financiers extérieurs pour se faire enrôler, tandis que d’autres n’ont pas pu par manque de moyens financiers. Nous aimerions lui rappeler que les prix des denrées de première nécessité ont encore flambés et que les populations du Loh Djiboua ont besoin d’appui. C’est inqualifiable de voir des Chefs traditionnels se comporter de la sorte. On devrait les destituer, mais comme nous sommes dans un pays où on ne respecte aucun principe, ce genre de Chefs sont encore à leur poste. La chambre des Rois et Chefs traditionnels inutile et budgétivore, devrait être dissoute.
Monsieur le Président de la République, mettez donc fin à ce folklore de très mauvais goût. Cela ne grandit pas la Côte d’Ivoire et cela ne grandit pas l’Afrique. Respectez s’il vous plait 4votre parole de passer la main à la jeune génération. Votre premier mandat a commencé par la violence, faites-en sorte que le dernier se termine dans la paix et la dignité.
III- A PROPOS DE L’INCIVISME DES MILITANTS DU RHDP DANS LA GESTION DE LA COVID
Depuis l’avènement de la COVID 19 le 11 mars 2020, le Gouvernement a pris des mesures à partir du 16 mars 2020, et ces mesures ont évolué avec le temps.
Ainsi, depuis le mois de mai 2020, le Conseil National de Sécurité (CNS) a limité les rassemblements à 50 personnes dans le Grand Abidjan et 200 personnes à l’intérieur du pays.
Force est de constater que les militants du RHDP ne sont pas concernés par ces mesures, car tant dans la distribution des appuis liés à la COVID que dans les manifestations pour demander un 3ème mandat, en passant par l’accueil à l’aéroport de feu Amadou Gon Coulibaly et l’organisation de ses obsèques, ces mesures ont été violées.
De quel droit pensent-ils être au-dessus de la loi et des mesures qui s’imposent à tous ? Comment peuvent-ils contribuer à propager la COVID avec la caution du Gouvernement ?
Nous allons citer quelques exemples :
- l’accueil du Premier Ministre Feu Amadou Gon Coulibaly à l’aéroport le 02 juillet 2020
- Environ 10 000 militants du RHDP ont rendu hommage Premier Ministre le 15 juillet 2020 au palais des sports ;
- la marche du RHDP à Daloa le samedi 25 juillet pour réclamer un 3ème mandat,
- le dimanche 26 juillet au palais de la culture une cérémonie d’hommage de plus de 1000 personnes en hommage à feu Gon Coulibaly ;
- Hier lundi 27 juillet, dans la commune de Port Bouët, des milliers de militants du RHDP réclamaient le 3ème mandat du Président au mépris de toutes les mesures barrières. Et les manifestations se poursuivent.
Par ces comportements, les militants du RHDP prouvent que soit ils sont au-dessus des mesures applicables à tous, soit il n’y a plus de COVID19 en Côte d’Ivoire. Malheureusement, les chiffres officiels qu’on nous annonce tous les jours à la RTI, prouvent que la COVID existe bel et bien. Le plus grave dans tout cela, c’est la complicité de la police, du Gouvernement et du Procureur de la République. Où sont-ils face à ces graves violations. Doit-on comprendre que leurs missions de répression ne concernent que ceux qui ne sont pas RHDP ? La lutte contre la COVID est ainsi dévoyée et tous les ivoiriens sont mis en danger.
Puisque que ces milliers de personnes n’ont pas été réprimées, nous tirons la conclusion selon laquelle c’est une autorisation tacite à tenir des manifestations pacifiques. Nous invitons donc les ivoiriens à ne pas avoir peur et à se joindre massivement à nous le 14 août 2020 à la place de la République.
Peuple de Côte d’Ivoire, nous sommes donc libres de manifester. Nous encore, c’est pour réclamer les conditions pour la paix, pour des élections apaisées. Nous rappelons donc nos 4 revendications.
IV- À PROPOS DU SIT-IN DU 14 AOÛT
Pour rappel ACI demande au plus tard le 06 août 2020, lors du traditionnel discours du Chef de l’Etat dans le cadre de la commémoration de l’indépendance : - Une ordonnance pour reprogrammer la révision de la liste électorale qui a exclu des millions d’ivoiriens ;
- Une grâce présidentielle pour tous les leaders politiques qui ont été condamnés par contumace, les prisonniers politiques et militaires, et les exilés politiques ;
- Réformer la CEI avant toute élection et
- Prendre une ordonnance pour dissoudre le conseil constitutionnel et « élire » de nouveaux membres.
En plus de ces 4 revendications, Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI), condamne avec fermeté l’éventualité d’un 3ème mandat du Chef de l’Etat qui ne respecte ni la constitution ni l’éthique par rapport à sa parole donnée. Le refus de ce 3ème mandat constitue la cinquième revendication.
V- NOTRE POSITION
Eu égard à tout ce qui a été évoqué ci-dessus, Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI), par cette déclaration demande :
- au Chef de l’Etat de se ressaisir et de ne pas se laisser entraîner dans cette énième erreur du RHDP en n’acceptant pas ce 3ème mandat, au nom de la paix ;
- au gouvernement de lever la mesure qui impose les rassemblements de 50 personnes au maximum puisqu’elle n’est plus nécessaire, afin de permettre aux promoteurs de spectacles, aux artistes, aux bars, boîtes de nuit, à tous les lieux culturels et cultuels d’ouvrir pour reprendre leurs activités car plusieurs milliers de familles vivent des revenus de ces activités ;
- à la communauté internationale d’intervenir pendant qu’il est encore temps ;
Pour terminer, nous lançons un appel au peuple ivoirien pour participer massivement au SIT-IN du 14 août 2020 à la place de la République, afin de réclamer les conditions pour des élections apaisées.
Fiers Ivoiriens, le pays nous appelle !
Je vous remercie.
Fait à Abidjan, le 28 Juillet 2020
Pour ACI,
La Présidente, Pulchérie GBALET.
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de africanewsquick.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur AFRICANEWSQUICK
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.